Vague de suicides aux TNO : le coroner sonne l’alerte
* Attention: ce texte aborde le thème du suicide
Le Coroner en chef des TNO, Garth Eggenberger, a divulgué le 3 octobre un rapport préliminaire faisant état de 18 cas de suicides rapportés entre janvier et septembre 2022 à travers le territoire. Il s’agit du pire bilan annuel des 20 dernières années, selon les données affichées sur le site du gouvernement. À environ trois mois du Nouvel An, ce bilan pourrait encore s'alourdir.
Il est inhabituel que le coroner en chef des TNO publie ce type de rapport préliminaire avant le dépôt de son rapport annuel. « Le Coroner en chef des TNO publie ces statistiques avant le rapport annuel de 2021 en raison du nombre accru de suicides survenus jusqu’à présent au cours de l’année civile 2022 », lit-on dans un communiqué de presse.
Dans les trois derniers mois seulement, le hameau de Tuktoyaktuk, dans la région de Beaufort-Delta, a été frappé par quatre suicides, parmi une population d’environ 1000 habitants. (Crédit photo : Thomas Ethier)
Pour comparaison, selon un rapport compilant les données de 2011 à 2020, les plus hauts taux de suicide de cette décennie ont été enregistrés en 2014 et en 2018, chacune de ces années ayant été marquée par 13 cas.
29 suicides en moins de deux ans
Le rapport préliminaire englobe les données de 2021 et des trois premiers trimestres de 2022. Quelque 29 suicides au total ont été enregistrés durant ces 21 mois.
De ces victimes, 22 sont des hommes, sept sont des femmes.
Nombre de suicide en 2021 et durant les neuf premiers mois de 2022 aux Territoires du Nord-Ouest. (Capture d’écran – Rapport du coroner)
Le phénomène affecte particulièrement les hommes dans la vingtaine. Sur les 29 cas rapportés, on compte 13 hommes de 20 à 29 ans. La tranche d’âge des 30 à 39 ans compte six victimes.
La région la plus affectée est le Delta-Beaufort, où l’on a enregistré sept décès par suicides depuis janvier 2022 – on ne comptait qu’un seul cas en 2021. La Slave Nord compte jusqu’à maintenant six décès en 2022, et le même nombre en 2021.
Taux de suicide par régions. (Capture d’écran – Rapport du coroner)
Crise à Tuktoyaktuk
Ce rapport préliminaire a été dévoilé quelques jours après que le maire de Tuktoyaktuk, Erwin Elias, ait lancé une alerte aux autorités de santé publique. Au cours des trois derniers mois seulement, quatre des quelque 1000 résidents du hameau de la région de Beaufort-Delta se sont enlevé la vie.
Des intervenants du ministère de la Santé et des Services sociaux ont été envoyés sur place pour offrir un appui à la population en deuil et pour y élaborer un plan d’intervention. Une centaine de personnes ont pris part en septembre à une vigie organisée dans les rues du hameau, suivie les jours suivants par une série d’activités vouées à rassembler les résidents.
Selon la ministre de la Santé et des Services sociaux, Julie Green, des ressources ont été déployées dans les régions les plus durement touchées. « Ces chiffres sont alarmants. L’impact du suicide dans les petites collectivités est dévastateur, déclare-t-elle dans un communiqué de presse émis le 4 octobre. Notre gouvernement travaille directement avec les collectivités touchées afin de fournir un soutien aux résidents pendant leur deuil ».
Cette dernière souligne qu’un éventail de ressources ont été mises à la disposition des résidents au cours des dernières années. « Le fait que de nombreux résidents faisant face à des problèmes de santé mentale ne font pas appel aux services d’aide me préoccupe grandement. Des programmes sont offerts pour les aider, peu importe la complexité de leur situation. Le gouvernement territorial offre plus de services de soutien en santé mentale que jamais auparavant », affirme-t-elle.
Sans fournir de détails sur les causes de cette vague de suicides, la ministre évoque entre autres les « changements » des dernières années, incluant la pandémie, mais également le stigma des pensionnats pour autochtones, qui affecte une importante proportion des résidents des TNO.
« Les pensionnats sont peut-être l’exemple le plus flagrant des traumatismes que le colonialisme a créés. Je suis sensible à ces douleurs intergénérationnelles qui ont des répercussions sur la santé mentale, et je m’engage personnellement à travailler avec les collectivités et les gouvernements autochtones pour aider tout le monde à regagner santé et bienêtre », déclare-t-elle.
Si vous pensez qu’un de vos proches risque de se suicider :
Veuillez appeler la Ligne d’aide des TNO au 1-800-661-0844. Ce service est gratuit, confidentiel et disponible jour et nuit.
Vous pouvez également joindre Jeunesse, J’écoute par téléphone au 1‑800-668-6868, par clavardage en direct, au www.jeunessejecoute.ca, ou par messagerie texte, au 686868.
Vous pouvez par ailleurs vous adresser au programme de counseling de votre collectivité – cliquer Cliquez-ici pour joindre le conseiller communautaire de votre région.
Comments