Arsenic : pas de risque lors d’activités récréatives
« Le risque total de développer un cancer en raison de l’exposition à l’arsenic est très bas : il est similaire à une procédure médicale comme d’avoir des rayons X chez le dentiste chaque année ou un CT Scan. » – Harriet Phillips
La mine d'or Giant a relâché dans l'environnement des milliers de tonnes de poussières de trioxyde de diarsenic et contaminé une importante superficie. (Crédit: Marie-Soleil Desautels)
Bonne nouvelle : randonner, camper, se baigner, cueillir des baies, pêcher ou vivre dans un chalet dans un rayon de quelque 25 km autour de Yellowknife, où il n’y a pas d’indications contraires, n’augmente pas le risque d’exposition à l’arsenic.
Le GTNO, en partenariat avec le bureau régional des TNO de Relations Couronne-Autochtones et Affaires du Nord Canada, a annoncé lors d’une séance d’information publique la semaine dernière les résultats d’une évaluation des risques pour la santé humaine à la contamination à l’arsenic résiduel dans les zones récréatives et traditionnelles de Yellowknife, de Ndilǫ et de Dettah.
Rappelons que les mines d’or Giant et Con ont relâché dans l’environnement des milliers de tonnes de poussières de trioxyde de diarsenic, un sous-produit toxique du grillage du minerai d’arsénopyrite pour extraire l’or. « On voit encore les impacts de la distribution de cette poussière dans l’environnement dans un rayon de 25 km autour de Yellowknife », affirme le conseiller principal au ministère de l’Environnement et des Ressources naturelles du GTNO, Alex Lynch. Une exposition prolongée à l’arsenic peut notamment entrainer une augmentation du risque de développer des cancers.
En janvier 2018, Ottawa a publié un rapport sur l’Évaluation des risques pour la santé humaine et l’environnement de la mine Giant. « L’étude ne s’est pas penchée sur les risques associés à la pratique d’activités récréatives ou traditionnelles à l’intérieur des 25 km et hors des zones identifiées problématiques, dit Alex Lynch. Elle n’évaluait pas non plus les risques pour les individus qui vivent dans des campements ou chalets près de lacs dans cette zone. Cette étude-ci ajoute une pièce au puzzle. » Le rapport de 2018 avait conclu qu’il « y a un risque, classé comme faible à très faible ».
Les chercheurs se sont donc penchés sur la concentration d’arsenic dans la nourriture, dans le sol et dans l’eau, énumère la chef de division de l’évaluation des risques de la firme de consultation CanNorth, Harriet Phillips, en prélevant de nouveaux échantillons. Ils ont utilisé les résultats d’un sondage sur la diète des individus, réalisé en 2017, pour évaluer le risque associé à la consommation de nourriture traditionnelle.Ils ont aussi analysé les risques associés à des activités comme le camping, la randonnée, la course, la cueillette de baies ou de champignons.
Il est déconseillé de boire, de se baigner ou de pêcher dans plusieurs lacs autour de Yellowknife à cause de la concentration élevée en arsenic qu'on y retrouve.
(Crédit: Marie-Soleil Desautels)
« On a additionné le risque d’exposition du rapport de 2018 au risque d’exposition lors d’activités récréatives ou traditionnelles, détaille Harriet Phillips. Le risque total de développer un cancer en raison de l’exposition à l’arsenic est très bas : il est similaire à une procédure médicale comme d’avoir des rayons X chez le dentiste chaque année ou un CT Scan. »
Selon Harriet Phillips, il n’y a pas de problèmes à consommer des baies cueillies à l’intérieur des 25 kilomètres, tant que ce n’est pas dans une zone près des anciennes mines et d’un lac contaminé. Quant aux champignons, ceux cueillis à plus de 10 km de la mine Giant peuvent être mangés sans danger, mais ceux de la famille des tricholomataceae, qui démontrent une capacité supérieure à emmagasiner l’arsenic, devraient être consommés que si cueillis à plus de 25 kilomètres de la mine, rappelle-t-elle.
Le GTNO publie une carte sur internet, mise à jour chaque été, où sont indiqués les niveaux d’arsenic avec des codes de couleur dans les lacs autour de Yellowknife. Il n’y a aucun problème à boire de l’eau d’un lac qui contient moins de 0,010 milligramme par litre, soit la norme de Santé Canada, identifié en vert sur la carte. « Si une personne devait boire pour une courte période de l’eau d’un lac qui contient jusqu’à 5 fois la norme de Santé Canada, soit les lacs identifiés en jaune sur la carte, ça n’aura pas d’impact sur sa santé. C’est la dose qui fait le poison », dit le conseiller principal en santé environnementale au ministère de la Santé et des Services sociaux du GTNO, Allan Torng.
Ceux qui ont un campement ou un chalet près d’un lac identifié en vert peuvent donc continuer à y puiser leur eau et à dormir tranquilles. Il est déconseillé de boire, de se baigner et de pêcher dans des lacs identifiés en orange, rouge ou mauve sur la carte, de même que de ramasser des baies ou des champignons proches de ceux-ci, rappelle le conseiller Allan Torng.
Évidemment, l’eau doit être traitée ou bouillie avant d’être consommée, car si le taux d’arsenic n’est pas problématique, des bactéries, virus ou protozoaires pourraient vous rendre malade.
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