Combattre la pénurie de main-d’œuvre par l’immigration francophone : un appel à l’action
La conférence Tournée de liaison a créé un dialogue entre entrepreneurs et agents d’immigration pour rapprocher les deux parties et tenter d’en faire tomber les barrières.
Cristiano Pereira – IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Plusieurs entrepreneurs et employeurs de Yellowknife se sont réunis la semaine dernière à l’occasion de la conférence Tournée de liaison pour discuter de la manière dont l’immigration francophone peut contribuer à lutter contre la pénurie de main-d’œuvre dans la capitale ténoise. La rencontre Tournée de Liaison, organisée par le Conseil de développement économique des Territoires du Nord-Ouest (CDÉTNO), a également rassemblé des représentants d’autres organisations telles que Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) et le Réseau de développement économique et d’employabilité (RDÉE Canada).
Pendant toute une journée, les entrepreneurs ont pu s’informer sur les programmes qui appuient l’immigration francophone et repérer les services disponibles pour aider dans le recrutement de main-d’œuvre qualifiée au Canada et à l’étranger. Réunis à l’Hôtel Explorer, ils ont également discuté des plus-values de l’immigration francophone et des besoins du marché du travail dans le contexte de l’après-pandémie et à plus long terme.
Renforcer le dialogue
L’un des points majeurs abordés a été la nécessité d’un dialogue plus efficace entre les employeurs et le gouvernement afin de mieux répondre à leurs besoins en matière d’immigration. « Les employeurs ont l’impression que le gouvernement, que ce soit territorial ou fédéral, ne comprend pas leurs besoins, ne répond pas et n’est pas proactif », a noté le directeur du CDÉTNO, François Afane, en déclaration à Médias ténois. « Et en même temps aussi, le gouvernement fédéral, qui est une grosse machine, parfois n’a pas la compréhension des détails réels de ce que vivent les employeurs », a-t-il ajouté.
En gros, les employeurs ont exprimé le besoin d’une simplification de ces processus pour faciliter leur capacité à recruter des travailleurs étrangers qualifiés. M. Afane croit que la Tournée de Liaison peut contribuer à rapprocher les deux parties et à faire tomber les barrières. « L’idée de les amener ensemble, c’est pour qu’ils puissent échanger, c’est pour que l’une et l’autre partie comprennent exactement quelles sont les réalités que l’un et l’autre vivent, pour voir des points de rencontre, pour voir s’il y a des améliorations qui peuvent être faites », a-t-il expliqué.
Le directeur du CDÉTNO dit qu’il entend souvent le mécontentement des employeurs lié à la bureaucratie du système. « Il y a beaucoup de bureaucratie, les délais sont longs. Il y a différents programmes parfois qui ne sont pas très connus. Il y a beaucoup de questions que les employeurs ont, parce qu’ils n’ont pas de réponses. Est-ce que je peux faire ça ? Est-ce que je ne peux pas faire ça ? Quels sont les permis et les non-permis ? Quels sont les quotas ? ». Toutes ces incertitudes poussent souvent les employeurs à baisser les bras avant de recruter. « Ils se disent non, c’est trop compliqué, je ne me lance pas, même s’ils ont des besoins », note M. Afane. Il souligne qu’il est important que les organismes gouvernementaux jouent un rôle plus actif et simplifient ces processus de recrutement.
« On doit travailler ensemble pour trouver des solutions parce que nos communautés et nos employeurs ont besoin que les employés viennent. On ne peut pas juste croiser les bras. La pénurie de main-d’œuvre fait qu’on n’a pas le choix : on doit aller chercher la main-d’œuvre là où elle se trouve », ajoute M. Afane.
Le directeur du CDÉTNO salue, par ailleurs, les récentes mesures annoncées par le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, pour renforcer l’immigration francophone hors Québec. « Nous sommes optimistes », commente-t-il.
« Nous sommes porteurs du message que l’immigration francophone est un contributeur important et un facteur incontournable pour la réponse non seulement à la pénurie de main-d’œuvre, mais aussi à la vitalité même des communautés francophones hors Québec. Parce que, sans les immigrants francophones, les communautés francophones n’ont pas un taux de natalité assez élevé pour se maintenir et vont continuer de diminuer. On a besoin de l’immigration francophone », conclut-il.
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