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Comment éviter de construire des logements dans des zones à risque ?

Photo du rédacteur: Nelly GuidiciNelly Guidici


Une étude de l’Institut climatique du Canada révèle que selon les règles de construction actuelles, jusqu’à 540 000 nouvelles habitations pourraient être construites dans des zones vulnérables aux inondations, et 220 000 dans des secteurs à haut risque de feux de forêt d’ici 2030. Le Nord n’est pas épargné dans ce constat, car c’est au Yukon que la facture serait particulièrement élevée en cas d’inondation.



Pour Ryan Ness, directeur de l’adaptation à l’Institut climatique du Canada, le logement le plus abordable est celui qui n’a pas à être reconstruit après une catastrophe.


Selon le rapport Des risques à nos portes publié le 6 février 2025, les propriétaires, les assureurs et les gouvernements pourraient être forcés de débourser plus de trois-milliards de dollars par an à l’échelle du Canada pour aider la reconstruction et offrir de l’aide aux sinistrés. 


Les risques face aux inondations

D’après cette étude qui a nécessité un an de travail et de recherche, d’ici 2030 jusqu’à 540 000 nouvelles habitations pourraient être construites dans des zones à risque d’inondation, et être source de plus de 2 milliards de dollars de dommages additionnels chaque année uniquement en dégâts d’eau. Le Yukon, au même titre que le Manitoba, la Colombie-Britannique et l’Alberta subiront des dommages beaucoup plus importants par nouveau ménage que dans le reste du pays. En effet, les nouvelles constructions s’établiront probablement dans les zones présentant un risque important d’inondation, explique l’étude. 


Au Yukon, dans le cas d’un scénario pessimiste, la perte annuelle moyenne pour les nouveaux logements s’élèverait à 1200 $ par nouveau logement contre seulement 70 $ dans les TNO et 65 $ au Nunavut. 


Ryan Ness est directeur de l’adaptation à l’Institut climatique du Canada et chercheur principal de cette étude. Selon lui, les plans communautaires et de zonage, principalement à Whitehorse, montrent que, d’ici 2030, une portion de nouvelles habitations seront construites dans des zones à risque.


« Ceci montre qu’il y a peut-être un enjeu qui doit être analysé plus profondément par les gouvernements », explique M. Ness lors d’une entrevue.



Feux de forêt : le risque élevé dans l’Ouest canadien


C’est en Colombie-Britannique et en Alberta que le risque de dommages aux habitations causés par des feux de forêt est le plus élevé. Cependant, le Yukon et les TNO sont de loin les deux territoires ou les pertes annuelles moyennes par habitation sont les plus élevées. Elles s’élèvent à 1100 $ au Yukon et 530 $ dans les TNO contre 200 $ en Colombie-Britannique. 


Le rapport tire la sonnette d’alarme sur les conséquences d’un statuquo en termes d’aménagement du territoire. Si les pratiques de planification actuelles restent en l’état, « les constructions de nouvelle habitation, sans considération pour les risques d’inondation et de feux de forêt dont le nombre et l’intensité vont augmenter à cause des changements climatiques, se solderont par un nombre croissant de logements situés dans des zones à risque ».


Les inondations et les feux de forêt représentent la plus grande menace climatique pour le parc de logements du Canada, et, pourtant, « on continue de construire de nouvelles habitations dans les zones à haut risque », peut-on lire dans le rapport. 



Revoir l’utilisation du territoire


Des politiques d’utilisation du territoire laxistes favorisent la construction risquée d’après M. Ness. Dans les TNO et au Yukon, les gouvernements territoriaux laissent l’entière responsabilité de limiter la construction d’habitations en zone inondable et à risque de feux aux municipalités. Il n’y a pas non plus de zones dans lesquelles les politiques et règlements exigent des mesures de protection.  


En revanche, au Nunavut, le gouvernement approuve les plans locaux qui déterminent ou les nouvelles constructions s’érigeront. Même s’il n’est pas question de normes de construction, ce gouvernement impose des marges de recul par rapport aux cours d’eau principalement pour des raisons environnementales, et non pour atténuer les éventuels risques d’inondation. 


La pénurie de logements dans le Nord, en particulier au Nunavut, ne date pas d’hier. En 2022, l’Institut révélait dans le rapport Faire Face aux couts des changements climatiques pour les infrastructures du Nord que les couts gonflés de la construction et du transport, la courte saison de construction et la forte croissance de la population ont exacerbé la pénurie de logements. 


Face à ce manque criant, M. Ness pense qu’il faut toutefois que les gouvernements territoriaux collectent régulièrement les données sur les zones constructibles à risque afin que ces informations de première main soient accessibles aux municipalités à qui incombe la responsabilité de délimiter ces zones.


« L’une de nos plus importantes recommandations concerne les gouvernements provinciaux et territoriaux afin qu’ils utilisent leur pouvoir d’aménagement des territoires pour créer des politiques et des règlementations. Les municipalités font face à des défis, car elles ne peuvent pas toujours analyser le risque [faute d’accéder aux informations nécessaires] et elles ne peuvent pas toujours dire non aux investisseurs immobiliers ».


Enfin, plusieurs recommandations à l’intention des gouvernements territoriaux ont été incluses dans l’étude afin de favoriser les constructions de logements dans les zones à faible risque. Par exemple, la création d’un registre public régulièrement mis à jour ainsi que la diffusion de cartes des zones vulnérables devrait permettre, aux municipalités, mais aussi aux propriétaires, locataires et promoteurs, d’accéder à ces informations, lors des transactions immobilières, afin de prendre des décisions éclairées.

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