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Commission de vérité et réconciliation : un récit de transcendance

La Commission de vérité et réconciliation du Canada a été une expérience qui a transformé la vie de Marie Wilson. North of Nowhere en est le récit littéraire.


« C’est un livre qui demande beaucoup du lecteur, précise Marie Wilson, ancienne commissaire et journaliste, citoyenne de Yellowknife. Mais j’espère que les gens vont vraiment se donner le temps et la réflexion nécessaires pour saisir ce que j’offre […] la profondeur des survivants et le meilleur de ma vie intérieure, de ma réflexion personnelle. »

La Commission

La Commission de vérité et de réconciliation a été créée pour faire la lumière sur ce qui s’est passé dans les pensionnats indiens, notamment l’extinction des cultures autochtones, les violences corporelles et les mauvais traitements qu’ont subis les pensionnaires. Elle avait également pour objectif de sensibiliser et éduquer le public canadien sur le système des pensionnats et ses répercussions. Les travaux de la Commission se sont déroulés de 2009 à 2015 à travers le pays; les témoignages de près de 7000 anciens pensionnaires ont été recueillis.

Quelque 94 appels à l’action ont été adoptés, préconisant des mesures dans le domaine de l’enfance, de l’éducation, de la justice, etc.


North of Nowhere témoigne à la fois de cette commission et de la vie de Mme Wilson, elle-même épouse d’un survivant des pensionnats, l’ancien premier ministre des Territoires du Nord-Ouest Stephen Kakfwi. 



Sorti en juin 2024, le livre de Marie Wilson, North of nowhere – Song of a truth and reconciliation commissioner, est publié aux éditions House of Anansi Press, à Toronto, pour un total de 344 pages. (Courtoise Marie Wilson)


Une expérience complexe

On peut difficilement rester indemne, inaltéré, après avoir écouté, reçu, durant des années, les témoignages de personnes qui ont été brisés par les pensionnats et ont tenté de se reconstruire.

« C’était un travail épuisant, spirituellement et émotionnellement », écrit Mme Wilson dans son livre. « Ça a été une expérience transformatrice qui m’a imprégné et qui continue, par-delà la Commission, à moduler la façon dont je perçois le monde et moi-même. »

En entrevue, en français, Mme Wilson précise que participer à la Commission est une expérience tellement complexe qu’elle suscite simultanément du courage et du découragement, du désespoir et de l’inspiration. 


Elle place d’un côté de la balance « la méchanceté, et même le mépris » avec lequel on a traité des enfants, de l’autre, la manière dont ceux-ci ont réussi à « vivre des vies d’adulte, accomplir plein de choses, avoir des familles, parfois avec des défis, mais aussi avec des succès inattendus ».

L’auteure admire la façon dont certains survivants et leur famille ont pu trouver « à l’intérieur d’eux-mêmes le pardon » et acceptent de partager avec les Allochtones « un terrain qui leur a été volé ». « C’est d’une largeur d’esprit incroyable », considère-t-elle. 



Marie Wilson (à droite) avec son époux, ancien député et premier ministre des TNO, qui a également témoigné des abus qu’il a subis au pensionnat Grollier Hall à Inuvik. (Courtoise Marie Wilson)


Lecture en duo

Le 30 mai dans le cadre du festival littéraire Northwords, Marie Wilson et son époux Stephen Kakfwi lisaient des extraits de leur livre respectif à la bibliothèque Centennial de Hay River.

Caitlin Press a publié en mars 2023 les mémoires du politicien ténois, Stone face. M. Kakfwi a lu un passage où il narre sa rencontre avec sa future femme et la visite de celle-ci dans sa communauté de Fort Good Hope.

L’ancien député et premier ministre a également témoigné des abus qu’il a subis au pensionnat Grollier Hall à Inuvik.

« Écrire a été ma thérapie pour ces abus », révèle-t-il. Il lui a fallu longtemps avant de se confier sur cette période de sa vie. « Je ne voulais pas en parler parce que j’étais une personne publique et je n’avais déjà pas beaucoup de vie privée », dit-il. Il s’est finalement décidé à parler publiquement de ces violences, étant malade chaque fois qu’il s’ouvrait sur ceux-ci, mais déterminé à passer à travers. 


Grandin, l’exception

Parmi toutes ces écoles religieuses où la malveillance était la pierre d’assise, une seule exception, semble-t-il, le collège Grandin, à Fort Smith. M. Kakfwi l’a fréquenté, se trouvant ainsi, souligne Marie Wilson, comme quelques autres Autochtones, à avoir vécu le pire et le meilleur en termes de pensionnat. 


On devait y former les futurs leadeurs de l’Église catholique, écrit l’auteure dans North of Nowhere;

“aucun prêtre ou religieuse n’est jamais sorti du Collège Grandin, mais Grandin est devenu un pensionnat avec une réputation de leadeurship d’où sont issus plusieurs chefs, quelques premiers ministres, plusieurs professeurs et membre de l’Assemblée législative […]. Cela a valu au Père Pochat [Jean Pochat-Cotilloux, le directeur] l’Ordre du Canada; il a été nommé par ses anciens étudiants. […] Il est le seul père qui les a traités comme un père.”

Marie Wilson assure que Grandin est le seul pensionnat indien dont elle ait entendu dire qu’on y traitait dignement les élèves autochtones. 

« C’est vraiment exceptionnel, souligne-t-elle. Ce n’est pas “Y en avaient des bons et y en avaient des pires”. Il y en avait plein, plein, plein où il y avait plein de problèmes, et il y avait cette exception. »


Tenir parole

Pour l’ancienne directrice de CBC North, la réconciliation s’accomplit trop lentement. Elle souhaite que ce thème fasse partie de la plateforme électorale de chaque parti lors de la prochaine campagne électorale fédérale.

Quant aux engagements de l’État et des églises, selon sa perception, certains ont respecté en partie ou en totalité, d’autres non.

« Je ne suis pas en mesure de dire exactement qui a fait quoi parce qu’on n’a pas le mécanisme pour surveiller tout ça, avance Marie Wilson. Les églises protestantes étaient beaucoup plus prêtes à faire tout ce qu’elles avaient à faire, payer tout ce qu’elles avaient à payer et livrer leurs archives. Du côté des églises et des entités catholiques, certaines ont beaucoup participé, les Jésuites par exemple […] d’autres pas du tout. »

Le 30 avril dernier, la loi portant sur un Conseil national de réconciliation est entrée en vigueur le 30 avril dernier. Ce Conseil doit évaluer les efforts envers la réconciliation et la mise en œuvre des appels à l’action.


En français

North of Nowhere sera disponible en version anglaise en librairie à partir du 11 juin. Selon une porte-parole de la maison d’édition Anansi, les droits pour une édition en français sont toujours disponibles.


Les propos de Mme Wilson ont été légèrement modifiés à des fins de clarté et de concision.

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