Crise du système de santé : épuisement professionnel omniprésent durant la pandémie
Selon les résultats d’un sondage, près de quatre employés sur cinq ont envisagé de quitter la profession durant la pandémie.
Thomas Ethier – IJL Réseau.presse – L’Aquilon
Selon les résultats d’un sondage proposé en novembre 2021 aux employés du système de santé des TNO, près de 94 % du personnel de soins de santé disent avoir été affligés par des symptomes d’épuisement professionnel dans les douze mois précédents leur participation à l’enquête. Les résultats, publiés le 17 aout, dressent un tableau préoccupant des conditions de travail durant la pandémie.
Le sondage financé par les gouvernements des TNO et du Nunavut a été créé par L’Association des infirmières et infirmiers autorisés des Territoires du Nord-Ouest. Quelque 519 répondants des TNO, incluant des infirmières autorisées, des infirmières-praticiennes, des infirmières auxiliaires autorisées, et des infirmières psychiatriques autorisées travaillant aux TNO, ont répondu au questionnaire.
L’étude a été réalisée à un moment où « de nombreuses infirmières avaient connu près de deux ans de pression constante au travail », mentionne-t-on dans un communiqué de presse. Une proportion de 89,9 % des répondants a indiqué avoir été priée d’effectuer des heures supplémentaires dans le poste qu’ils occupent actuellement.
La ministre de la Santé et des Services sociaux des TNO, Julie Green (à gauche), a fait l’annonce du 18 aout en compagnie de la ministre des Finances, Caroline Wawzonek (en haut à droite) et de la sous-ministre de la Santé et des Services sociaux, Jo-Anne Cecchetto. (Crédit photo : Capture d’écran – GTNO)
Conditions propices aux départs
On apprend notamment que 79 % des répondants ont envisagé de quitter la profession au cours des deux années précédant leur participation au sondage. Les Territoires du Nord-Ouest font présentement face à une importante pénurie de personnel de soin de santé qui force la réduction des services dans les centres de soins de santé et dans les hôpitaux.
« Nous reconnaissons que la pénurie de main-d’œuvre à travers le système atteint le moral des employés, ce que nous comprenons. Comme employeur, nous devons travailler à rétablir ce moral, retenir les employés dévoués qui travaillent présentement pour nous et trouver des manières de recruter », a déclaré la ministre de la Santé et des Services sociaux des TNO en conférence de presse, le 18 aout.
Cette dernière dévoilait de nouvelles mesures visant à pourvoir rapidement les postes vacants dans le système de santé, dans le but notamment d’éviter que la pénurie ne s’aggrave durant la période des fêtes de fin d’années, habituellement marquée par un nombre élevé de départs d’année en année. (Voir le texte en page 11)
Avant d’accéder au poste de ministre, Julie Green, députée de Yellowknife Centre, a plaidé ces dernières années en faveur de meilleures conditions pour le personnel de soins de santé des TNO. Questionnée à savoir si elle s’attendait à de tels résultats aux sondages, elle s’est limitée à témoigner d’« une crise qui sévissait avant 2020, mais qui a été exacerbée par la pandémie ». « Nous savons que ce n’est pas unique aux TNO, a-t-elle poursuivi. Nous avons entendu parler de réduction des services à travers le pays en raison d’une réduction des effectifs. »
Selon les résultats du sondage, 42 % des infirmières et des infirmiers interrogés aux TNO estiment qu’ils ne disposent pas des ressources dont ils ont besoin pour faire leur travail. On apprend également que 71 % d’entre eux ont déclaré avoir été victimes de violence au travail.
Par ailleurs, 55 % des répondants se sont déclarés satisfaits ou plutôt satisfaits de leurs conditions de travail actuelles, et 69 % ont estimé que leur rémunération était adéquate. Les répondants auraient affirmé dans le cadre de l’étude que le perfectionnement professionnel, le mode de vie nordique, le salaire et la possibilité de travailler dans des collectivités éloignées sont les principaux facteurs qui les ont attirés aux TNO.
« Les infirmières et infirmiers ont indiqué que des changements comme des incitatifs financiers annuels, une plus grande flexibilité dans leur horaire et l’accès à plus de possibilités de perfectionnement professionnel les feraient reconsidérer leur désir de partir », souligne-t-on dans le communiqué de presse.
Au point culminant de la pénurie de personnel, en décembre 2021, l’hôpital Stanton de Yellowknife a été contraint de fermer temporairement son service des naissances. Environ 90 femmes du territoire ont été contraintes, à l’approche des fêtes de fin d’année, d’aller donner naissance à Edmonton et d’y passer entre trois et cinq semaines.
La ministre avait alors présenté ses excuses en conférence de presse aux familles affectées par la fermeture temporaire de l’unité d’obstétrique de l’hôpital territorial Stanton. « En tant que ministre, je sais que nous devons nous améliorer, et nous devons le faire rapidement. Un changement de culture prend du temps, a-t-elle souligné, spécialement lorsqu’on parle d’opérations d’envergure et aux multiples facettes, comme notre système de santé. »
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