top of page
  • Instagram
  • Facebook
  • Twitter

East Island, comme avant Diavik?

Denis Lord

IJL — Réseau. Presse — L’Aquilon


Rio Tinto veut que la fermeture de sa mine Diavik soit la plus réussie de l’histoire des Territoires du Nord-Ouest. Enjeux et solutions.


La mine de diamants de la multinationale est située sur East Island, au milieu du lac de Gras, à environ 300 kilomètres au nord-est de Yellowknife. La fin de la production est prévue pour 2026 et trois ans plus tard, le lieu devrait plus ou moins ressembler à ce qu’il était avant la mise en chantier de Diavik.


La plus profonde fosse d'extraction de Diavik a 780 mètres. Photo: Denis Lord

C’est certainement un défi. L’ancien site de chasse des Inuits, des Dénés et des Métis ne paye pas de mine. Partout de la roche et de la gravelle, un environnement morne et inhospitalier. Par ailleurs, le matériel et les infrastructures dont il faudra disposer, industrielles, mais aussi humaines, car environ 500 employés travaillent et vivent ici, loin de tout, sont immenses. 


199 M$ ont été sécurisés pour la remise en état de Diavik, mais Rio Tinto dit ne pouvoir chiffrer le cout réel de l’opération. 


« Dès le départ, Diavik a intégré la planification de la fermeture dans tous les aspects des opérations, avec les couts intégrés dans l’ensemble de l’organisation, précise un porte-parole de la compagnie. Le résultat, c’est qu’il n’est pas possible de fournir un chiffre unique pour les couts de fermeture. » 

L’eau

Une partie des travaux d’assainissement doivent être approuvés par l’Office de la terre et des eaux de Wek’èezhìi.


L’industrie diamantifère n’emploie pas de produits chimiques pour séparer le diamant du minerai, en l’occurrence de la kimberlite. On se sert plutôt de la gravité et de l’eau, explique Gord Stephenson, gestionnaire des travaux de surface et de la fermeture de Diavik.



Dans l'usine de traitement de Diavik. Photo : Denis Lord

Beaucoup d’attention est justement mise sur l’eau dans le processus d’assainissement. Celle-ci est traitée et ensuite conservée dans des bassins de collecte, d’où elle sera éventuellement relâchée dans le lac de Gras, dont l’eau est toujours potable malgré la mise, assure M. Stephenson.


« L’eau [des bassins] n’est pas contaminée, mais on ne peut pas la relâcher directement dans le lac. […] Le plus gros obstacle est qu’il n’y a pas de critères de qualité stricts de la part du gouvernement et des régulateurs. Nous avons un lac immaculé, très propre. On ne sait pas quel effet l’eau de Diavik pourra avoir. Quel est le niveau d’éléments mesurables acceptables? On n’a pas de critères clairs. »

Le gestionnaire est convaincu que si le lac de Gras était moins pur, y relâcher l’eau des bassins ne causerait aucun problème.


Longueur d’onde

Pour le chef des opérations de Diavik, Matt Breen, le problème actuel est de réussir à réunir à une seule table le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest et Wek’èezhìi et de s’assurer que tous soient sur la même longueur d’onde. 


le chef des opérations de Diavik, Matt Breen. Photo: Denis Lord

« Parce que si nous avons des conversations séparées, nous aurons des conclusions séparées et nous aurons un plan de remise en état qui n’est pas adapté aux besoins de tout le monde, explique-t-il. […] Nous essayons de faire la remise en état la plus réussie dans l’histoire des Territoires du Nord-Ouest. Trouver le chemin de la réussite est quelque chose que peu de gens ont accompli avant nous. »

Consultation

Pour exploiter la mine du lac de Gras, Rio Tinto a pris des ententes socioéconomiques avec le gouvernement tlicho, les Dénés Yellowknives, l’Alliance métisse du North Slave, l’Association inuite Kitikmeot et la Première Nation Łutsël K’é.


Rio Tinto dit aussi faire appel à leurs savoirs traditionnels pour l’assainissement du site. Des ainés ont par exemple participé à redessiner les lignes du terrain, où une harde de caribous a été vue ce printemps, 


« Une preuve que ça fonctionne », assure Gord Stephenson.


Les utilisateurs du territoire ont aussi été consultés pour l’inondation des fosses d’extraction et pour la revégétalisation de l’ile.


Cette dernière reste une question ouverte avec les communautés, rapporte Gord Stephenson.


« L’idée de base est de ne pas revégétaliser, parce que nous voulons que le lieu ne soit ni attirant ni dissuasif pour les animaux […] parce que potentiellement, il y aura encore des zones dangereuses. Nous voulons leur permettre de travers le site en sécurité, mais nous ne voulons pas qu’ils s’y établissent. Idéalement, nous aurons la réponse pour la fin de 2025. »

Malgré tout, East Island dispose de parcelles d’essai de végétation, avec de l’épilobe, différentes herbes et plantes locales.


Le défi de la kimberlite

Le plus grand défi technique de la remise en état du site réside dans la manière de disposer de la kimberlite traitée. Certaines roches peuvent générer de l’acide. Si le pergélisol sur lequel elles sont déposées fond, la situation pourrait être problématique. Il faut de la stabilité. Le plan est donc d’ajouter une couche de granite. 67 % du travail dans le secteur North Country est effectué, mais la partie restante pose problème.   


John Bessara effectue à distance des opérations dans les galeries de la mine. Photo : Denis Lord


« Le sol est mou comme de la mayonnaise, on ne peut pas y apporter de l’équipement, dit le gestionnaire de la fermeture. […] La solution serait de venir cet hiver, mais il faut que le sol soit gelé plus profondément de ce qu’il est. Nous avons besoin de cinq mètres de sol gelé, c’est beaucoup. » Les matières dangereuses seront transportées dans le sud. Une partie des infrastructures, y compris les éoliennes seront enfouies sur place. Des discussions sont en cours avec le GTNO et les communautés pour décider de ce qui adviendra des panneaux solaires. 

Tirer profit

Rio Tinto possède des mines et industries sur chaque continent; certaines de celles-ci ont d’ailleurs fait l’objet d’enquêtes et de condamnations pour des infractions environnementales. Sa mine de diamants Argyle, en Australie, a fermé en 2020, pour des raisons socioéconomiques. 


« Nous travaillons étroitement avec nos pairs en Australie pour qu’ils nous transmettent les expériences [de remise en état] apprises à Argyle, commente Gord Stephenson. C’est surtout pour la planification, l’exécution et la démolition. Il y a des aspects qui sont un peu nouveaux pour nous. Il y a aussi des leçons apprises d’Argyle en ce qui a trait aux employés, » 644 des 800 employés actifs de Diavik participent à un programme de transition. 185 d’entre eux veulent être redéployés ailleurs chez Rio Tinto. On aide les autres à prendre leur retraite, à se lancer dans une nouvelle carrière ou encore à démarrer leur propre affaire. Rio Tinto planifie ne plus avoir de présence à l’année à East Island après 2030.


Comments


bottom of page