En sécurité, oui, mais avec des incertitudes
Rétrospective 2023
Cristiano Pereira | IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Les milliers de Ténoises et de Ténois évacués en Alberta savent qu’ils sont désormais en sécurité. Ils se sentent accueillis par leurs voisins du Sud. Mais certains vivent dans un climat d’incertitude troublant.
En reportage à Red Deer
Des milliers d’évacués ignorent ce qui va se passer dans un avenir proche et se demandent comment ils feront face à leurs dépenses dans les semaines à venir.
Parmi ces personnes, on retrouve Zack Nden, un Camerounais arrivé à Yellowknife en février dernier pour y travailler comme brasseur à la brasserie NWT Brewing Company.
Il a quitté Yellowknife en même temps que des milliers de personnes, en voiture, avec sa femme, leur fils de huit ans et un bébé de quinze mois. Ils sont maintenant logés à Red Deer, attendant que les nouvelles leur annoncent qu’ils peuvent retourner dans le Nord.
L’attente est angoissante et pleine d’incertitudes. Dans un échange avec Médias ténois, il confie ce qui le préoccupe.
« Cette situation me rend très inquiet. Quand je travaille, je sais que tous les quinze jours j’aurai un salaire qui me permettra de payer la maison et de prendre soin de ma famille. Maintenant, je vis dans la crainte et avec une boule dans le ventre. Tant que je n’ai pas de rentrée d’argent, est-ce que je dois continuer à payer le loyer ? »
Cette incertitude est, souligne Zack, « la chose la plus difficile de toutes ces journées [d’éloignement] ». Son patron lui a fait comprendre qu’il transférait son salaire le 25 aout, mais Zack demeure très inquiet de ce qui pourrait se passer par la suite, si la situation perdure. Dans un haussement d’épaules, il confie : « pour le futur, nous n’en avons aucune idée ».
La famille de Zack s’est inscrite au centre d’accueil des évacués de Red Deer après un long voyage depuis Yellowknife. Ils ont quitté la capitale ténoise en groupe, avec d’autres Camerounais.
« Nous avons vu que tout le village avait brulé. C’était vraiment chaotique, détaille Zack. Nous manquons de carburant, mais heureusement, nous avons trouvé quelqu’un qui avait des bidons d’essence dans son van et nous [lui] avons dit : « Pouvez-vous nous dépanner ? Nous avons des soucis et nous ne savons pas comment faire pour y arriver. » Et il nous a vendu un jerricane et demi d’essence pour 60 $, ce qui nous a permis d’atteindre High Level. »
Après avoir roulé pendant plus de douze heures consécutives, ils décident de s’arrêter pour la nuit sur une aire de repos avant le lac des Esclaves.
Les enfants ont beaucoup dormi pendant le voyage, mais pas leur mère. Zack explique : « Elle ne se sentait pas en sécurité parce qu’elle vient d’un pays où il y a de l’insécurité et pour elle, s’arrêter au milieu d’une route pendant la nuit, sans lumière, où tout était noir, elle disait qu’elle ne pouvait pas dormir. Je suis ici depuis six mois et je sais qu’il n’y a pas d’insécurité, mais elle est arrivée au Canada il y a seulement quelques jours ».
Zack était plus inquiet de ce qui l’attendait au bout du chemin. « Je n’avais aucune idée de l’accueil qui nous serait réservé, où nous allions dormir et comment nous allions manger ».
Ils ont finalement été accueillis au village de Red Deer – situé à une heure et demie au sud d’Edmonton – qui abrite un millier de ressortissants de Yellowknife. Les conditions y sont bonnes : Zack et sa famille sont logés dans une chambre d’hôtel et reçoivent des bons quotidiens pour tous leurs repas.
Aujourd’hui, son fils de huit ans « pense qu’il est en vacances » parce qu’il se retrouve soudainement dans une chambre d’hôtel. « Mais, ajoute le père de famille, il dit que son souci est de savoir quand il pourra commencer l’école parce qu’il sait que les enfants ailleurs au Canada commenceront bientôt ».
Des communautés accueillantes
À près de 500 kilomètres au nord-ouest de Red Deer se trouve Valleyview, une petite communauté albertaine d’environ 1 800 habitants. C’est l’une des communautés qui a ouvert ses bras aux personnes évacuées de Yellowknife et qui a mis en place un centre d’accueil pour fournir un hébergement, de la nourriture et d’autres formes d’aide aux personnes fuyant les incendies dans le Nord.
L’accueil, dont Médias ténois a bénéficié pendant deux jours, est réconfortant : nous sommes reçus dans un centre d’évacuation et, sans tarder, nous sommes dirigés vers une chambre d’hôtel avec des chèques-restaurant échangeables dans des établissements de restauration ou même au supermarché du village. Les personnes qui nous accueillent sont extrêmement aimables.
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