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Photo du rédacteurCristiano Pereira

Feux de forêt : entre incertitude et entraide

Rétrospective 2023

Cristiano Pereira | IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon


En des circonstances normales, les 715 kilomètres qui séparent Yellowknife de High Level devraient prendre environ huit heures à parcourir, mais la majorité des personnes évacuées ont mis beaucoup plus de temps, à cause de sections de la route momentanément coupées par la proximité des flammes, de la fumée épaisse, des bouchons, ou des longues files d’attente pour l’acquisition d’essence à Fort Providence.



« Camping gratuit pour tous les évacués » (Photo : Cristiano Pereira)

Les gens se reposent là où ils le peuvent. Les voitures et les caravanes occupent toutes les aires de repos de la seconde moitié de la route. À l’entrée de High Level, des flèches indiquent des campings spécialement préparés pour accueillir nos voisins du Nord.


C’est la première trace de l’opération que la ville de High Level a rapidement mise en place pour accueillir ceux, qui au nord, fatigués et effrayés, ont quitté leurs maisons pour fuir les flammes.


Keila Wardley, responsable du développement communautaire de la ville de High Level, a déclaré à Médias ténois que les gens ont commencé à arriver le jeudi matin à 9 h et qu’au moins 1 300 d’entre eux s’y étaient déjà inscrits.


« On sait très bien ce que ressentent les personnes évacuées, a-t-elle déclaré. En 2019, on a également connu un grand feu ici et on a été tous évacués vers d’autres lieux […] On essaye de faire de notre mieux pour que les gens se sentent en sécurité et confortables. »

Mme Wardley assure que les Ténois sont très reconnaissants et garantit qu’elle n’abandonnera pas ses voisins du Nord.


La générosité des Albertains du Nord s’est également manifestée à 500 mètres de l’Arena : ce jour-là, une pompe où les voitures plaquées TNO font la queue pour faire le plein de l’essence est offerte par la mairie de High Level.


Depuis jeudi matin, Marvin Marines fait le plein de centaines de voitures sans demander un centime. La plupart des gens, assure-t-il, arrivent ici avec un réservoir presque vide.


Christopher Schafer fait la queue pour prendre de l’essence, sa voiture étant remplie de bric-à-brac, de vêtements et de jerricanes.


Il avoue cependant ne pas avoir été trop bouleversé par les images de destruction qu’il a vues pendant le voyage parce qu’il a déjà travaillé dans les services de secours. « Je suis entrainé à faire face à ce genre de situation », a-t-il commenté, détendu.


Sa plus grande préoccupation était le bienêtre de ses amis qu’il a laissés derrière lui à Yellowknife et qui cherchaient encore un vol pour être évacués, eux ainsi que leurs chiens.

Il est maintenant en route pour Hope Lake, où il prévoit de camper et de travailler à distance. Malgré les circonstances, il est optimiste : « Compte tenu du peu de temps que les gens ont eu pour s’échapper, tout s’est bien passé et j’espère simplement que les vols d’évacuation se dérouleront bien ».


De retour au centre d’accueil des évacués, on rencontre Paul Mainville, un Québécois qui s’est installé à Yellowknife il y a quelques mois.


« Cela me réconcilie avec l’humain, de voir ce centre qui nous aide, nous donne de la bouffe et nous permet de prendre une douche. »


Le voyage l’a frappé. « Nous sommes passés par des zones de fumée intense, mais le plus marquant a été quand nous avons traversé la zone d’Entreprise avec la dévastation totale de la forêt à gauche et à droite sur 25 ou 30 kilomètres, et des bâtiments calcinés », décrit-il.


« Ce feu, poursuit Paul, c’est une bête, un monstre. »

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