La traque aux nanoparticules
Alors que le fédéral annonce une nouvelle ronde de financement pour les projets de recherche et de surveillance de son Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord, un chercheur se penche sur l’impact des nanoparticules dans l’alimentation.
Denis Lord – Arctique
Plus petites que les microparticules – elles mesurent entre un nanomètre et 100 nanomètres –, les nanoparticules peuvent être d’origine naturelle ou anthropique et se composer de n’importe quelle matière. Leurs impacts sur l’alimentation sont moins étudiés et depuis moins longtemps que ceux des microparticules, selon le chercheur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS, France), Julien Gigault attaché au laboratoire Takuvik, un laboratoire international conjoint de l’Université Laval et du CNRS basé à Québec.
« Très peu de laboratoires les caractérisent, on est un des seuls au Canada, explique Julien Gigault. C’est très, très dur à caractériser. Ça demande beaucoup d’optimisation de méthodes, et de ressources humaines pour les quantifier et les identifier. »
Nano-Gate, Nanoplarctique…
Takuvik a pour vocation de travailler sur les grands changements qui affectent les écosystèmes arctiques. M. Gigault y mène de front plusieurs projets de recherche sur les nanoparticules en Arctique. Nano-Gate porte sur les impacts des nanoparticules d’origine humaine (nanoplastiques, dioxyde de titane, nanosuies) dans l’Océan Arctique. Nanoplarctique se penche plus précisément sur le nanoplastique en Arctique. Back on traces est associé à l’Institut nordique du Québec et utilise différentes stations du Centre d’études nordiques comme Umiujaq, au Nunavik, Pond Inlet, Cambridge Bay et Qikiqarjuaq au Nunavut. Back on traces cherche notamment à identifier les impacts des nanoparticules anthropiques sur l’alimentation traditionnelle.
Julien Gigault est chimiste, chercheur et professeur à l'Université Laval. (CNRS)
« Mais également les contaminants qui leur sont associés, précise Julien Gigault. Donc c’est tous les contaminants qui sont associés aux particules de suie, les particules d’oxydes métalliques qui sont produits par les communautés parce qu’ils brulent leurs déchets à ciel ouvert. C’est une source majeure de contaminants. »
M. Gigault et des collègues ont publié à l’Institut national de recherche scientifique un article démontrant que des feux d’incinération de décharge peuvent être une source importante des contaminants surpassant les apports globaux, provenant d’ailleurs.
L’Arctique est un milieu relativement fragile, souligne le chercheur « déjà soumis à des pressions anthropiques relativement importantes comme le réchauffement climatique, le trafic maritime, le géopolitique », avec, de surcroit, moins de moyens de traitement qu’au Sud.
Communication de la science
Back on traces ausculte les archives biologiques, les végétaux et les plumes d’oie jusqu’à la fin du XIXe siècle afin de vérifier si on peut retracer un peu depuis quand les contaminants se sont accumulés en Arctique.
Le projet de recherche comporte également des communications avec les communautés à l’aide de différents supports visuels comme l’animation et de la bande dessinée. « Ce sont des supports continus pour aller aider à communiquer au fur et à mesure les résultats, élabore le chercheur du CNRS. On veut vraiment créer une dynamique où toute la recherche est directement transmise et assimilée par les communautés. On veut faire le lien entre ce que je mesure et ce qu’eux [les populations locales] intègrent dans leur connaissance traditionnelle pour pouvoir se protéger. »
Mélanie Lemire, Pierre Legagneux et Philippe Archambault, de l’Université de Laval, ainsi que Catherine-Alexandra Gagnon, du cabinet-conseil Erebia, font aussi partie de Back on traces.
Programme de lutte
À compter de 2025-2026, près d’un million de dollars deviendront accessibles dans le cadre du Programme de lutte contre les contaminants dans le Nord pour des projets liés à la santé humaine, à la surveillance et à la recherche environnementales et communautaires, ainsi qu’à des initiatives connexes de sensibilisation du public.
Des habitants du Nord et des Autochtones membres de comités régionaux du Yukon, des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut, du Nunavik et du Nunatsiavut sont consultés lors des soumissions.
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