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Photo du rédacteurNelly Guidici

Le prêtre Rivoire, accusé de pédocriminalité, meurt sans avoir fait face à la justice canadienne


Johannes Rivoire, prêtre oblat sous le coup d’un mandat d’arrestation émis le 23 février 2022 par la Gendarmerie royale du Canada, est décédé en France en avril dernier.


En septembre 2022, une délégation inuite menée par Aluki Kotierk, présidente de Nunavut Tungaviit Inc. l’avait rencontré, ainsi que Vincent Gruber, Missionnaires OMI de la province de France à Lyon, afin de convaincre le prêtre de rentrer au Canada.


Ayant la double nationalité, le ministère de la Justice avait refusé l’extradition de M. Rivoire, avançant que « conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses ressortissants ».


À la suite de l’annonce de son décès, Inuit Tapiriit Kanatami (ITK) a fait part de son immense déception quant à l’issue de cette affaire qui est emblématique de « l’échec systémique des États-nations et des institutions religieuses ».


Le prêtre Oblat J. Rivoire est décédé des suites d’un cancer en avril 2024 en France, à l’âge de 92 ans. Malgré un mandat d’arrestation émis le 23 février 2022 par la Cour de justice du Nunavut, il n’a jamais fait face à la justice canadienne. (Capture d’écran : https://www.mesopinions. com/petition/justice/france-livrer-pretre-pedocriminel-johannes-rivoire/198448)


Selon ITK, des années de retards inexpliqués et de manquements à l’obligation de mener une enquête approfondie, d’extrader et de poursuivre M. Rivoire en temps opportun ont permis à l’agresseur de s’enfuir dans son pays d’origine, la France, en 1993, et d’échapper à la justice jusqu’à sa mort.


Pour Charlie Angus, député de la région Timmins-Baie James (Ontario) à la Chambre des Communes, il y a une complicité claire entre les États et les institutions religieuses. Johannes Rivoire a peut-être échappé à la justice, mais « la lutte pour qu’il réponde de ses actes a mis en lumière la complicité des gouvernements du Canada et de la France pour protéger les intérêts de l’ordre des Oblats et de l’Église catholique ». 


« La ligne de démarcation qui a caché et protégé ces auteurs de la justice est toujours en place en 2024, » a-t-il déclaré dans un courriel adressé à L’Aquilon le 20 mai 2024.

Cependant, cette affaire emblématique marque un tournant selon le député. Même si la justice n’a pas été rendue dans cette affaire, les peuples inuits et autochtones ainsi que leurs alliés ne sont plus intimidés et réduits au silence d’après lui.


En 2022, lors d’une visite au Vatican, Natan Obed, président de l’ITK, a demandé au pape François d’intervenir dans cette affaire et de s’entretenir personnellement avec M. Rivoire pour l’obliger à revenir au Canada. 


Par ailleurs, les ordres oblats du Canada et de France ont collectivement fait appel aux dirigeants de Rome pour qu’ils entament une procédure de destitution à l’encontre de M. Rivoire, mais le Vatican s’est prononcé contre sa destitution à la fin du mois de février 2024. 

Dans une déclaration commune du 18 mars 2024, le père Ken Thorson des OMI Lacombe Canada et le père Renaud Saliba, de la province de France, avaient fait part de leur déception.


Une pétition française pour demander l’extradition

Dès janvier 2023, une pétition numérique demandait expressément que « la France livre le prêtre pédocriminel Johannes Rivoire à la justice canadienne » afin qu’un procès se tienne au Canada. Au moment de son décès, la pétition avait récolté 29 201 signatures.


Initiée par Arnaud Gallais, fondateur du mouvement BeBrave France qui regroupe des survivantes et survivants pour mettre fin aux violences sexuelles contre les enfants, cette pétition est destinée à l’actuel président de la République, Emmanuel Macron.

M. Gallais exigeait alors que la France livre Johannes Rivoire à la justice canadienne.


« Un procès doit se tenir au Canada. Il est fondamental qu’il puisse avoir lieu dans la langue des victimes (que comprend et parle J. Rivoire) afin qu’elles puissent s’exprimer, » soutient-il.

Une enquête indépendante mandatée par les Oblats

Face aux nombreuses zones d’ombre de cette affaire, les Oblats du Canada et de la France ont mandaté, au printemps 2023, l’honorable André Denis, juge retraité de la Cour supérieure du Québec, afin qu’il fasse la lumière sur ce qui s’est passé. Son mandat d’enquête porte sur la vérité, mais aussi sur la réconciliation entre l’institution religieuse et les victimes inuites et leurs familles. 

Le rapport de cette enquête, qui a nécessité un an de travail, a été rendu public le 15 mars 2024.


Les faits saillants et les conclusions du rapport seront abordés dans un article à paraitre le 31 mai 2024 dans L’Aquilon.


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