Moins de places pour les nouveaux arrivants dans le Nord : une décision qui inquiète
La réduction des quotas suscite de vives préoccupations chez les acteurs communautaires et économiques.
Le Gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) a annoncé le report de la réouverture des candidatures au Programme des candidats des Territoires du Nord-Ouest (PCTNO). Initialement prévue pour le 16 janvier 2025, cette réouverture a été suspendue à la suite d’une décision du ministère fédéral Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) de réduire le quota de désignations alloué aux Territoires du Nord-Ouest. Ce quota, initialement fixé à 300 pour 2024, a été diminué de 50 %, passant à 150 pour l’année 2025.
Dans son communiqué du 15 janvier, le GTNO a expliqué que cette réduction avait été communiquée par IRCC à la dernière minute, bouleversant les préparatifs prévus. « Comme il ne savait pas avant aujourd’hui le quota attribué au territoire pour 2025, le GTNO a annoncé en début de semaine qu’il commencerait à accepter 100 nouvelles demandes en janvier 2025, avec la possibilité d’ajouter d’autres périodes de soumission de demandes plus tard dans l’année. Cette réduction change le contexte du programme actuel », précise le communiqué. Un délai supplémentaire sera donc nécessaire pour réévaluer les stratégies du programme afin qu’il réponde toujours aux besoins des résidents des TNO.
La réaction de la Fédération franco-ténoise (FFT) ne s’est pas fait attendre. Dans un communiqué publié le 20 janvier 2025, elle se dit « extrêmement préoccupée » face à cette décision d’IRCC, soulignant qu’elle va « à contrecourant de tous les efforts fournis par la communauté ténoise pour attirer et retenir les travailleurs qualifiés aux TNO ». La FFT déplore notamment que cette réduction envoie « un mauvais signal aux personnes nouvelles arrivantes installées dans la région et constitue une mise en péril aussi bien des intérêts que de la vitalité économique de notre communauté ».
La FFT rappelle qu’en juillet 2024 elle se réjouissait pourtant de voir le quota annuel atteint, et même dépassé pour la première fois depuis la création du programme. Aujourd’hui, elle déplore une décision qu’elle qualifie d’électoraliste, estimant qu’elle « préjudicie au dynamisme des communautés francophones en situation minoritaire, sans même tenir compte de leurs réalités respectives ».
François Afane, directeur général du CDÉTNO, partage les inquiétudes liées à cette réduction. Lors d’un échange avec Médias ténois, il a souligné que « malheureusement, ça va nous priver des bons talents dont on a besoin et qui ne pourront pas venir ». Selon lui, cette décision « envoie le message que le Canada est moins interactif et accueillant », ce qui pourrait dissuader des candidats potentiels de choisir la région comme destination.
Cependant, il nuance : « Les cibles francophones, elles, continuent d’augmenter. Dans le paysage global de la baisse de l’immigration au Canada, l’immigration francophone reste une priorité. Il faut qu’on en fasse la promotion pour l’immigration francophone, utilisons les programmes francophones pour servir des gens qui sont bilingues. »
M. Afane a déclaré que le CDÉTNO allait effectivement ajuster ses stratégies pour continuer à soutenir les employeurs des TNO dans le recrutement des travailleurs. L’objectif serait d’explorer comment mieux utiliser les programmes existants, en particulier ceux liés à l’immigration francophone, afin d’orienter les employeurs pour répondre à leurs besoins en main-d’œuvre. Par ailleurs, il a mentionné l’importance de mener des actions de lobbying en collaboration avec d’autres organisations, pour permettre aux TNO de se positionner face à ces décisions au niveau national.
Les TNO dépendent de l’immigration pour combler les lacunes en ressources humaines. Si la réduction des quotas se maintient, François Afane prévient que « à long terme, ça va avoir un impact négatif sur notre capacité à développer ». Il ajoute : « On ne peut pas trouver la main-d’œuvre pour remplir les postes et développer les projets. Les projets ne seront pas faits et ça aura un impact négatif sur la capacité de créer et de développer économiquement. »
Malgré ce contexte, les acteurs locaux restent engagés pour trouver des solutions. « On essaie de trouver du positif dans le négatif et de faire avec ce qu’on a pour trouver des solutions », conclut M. Afane.
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