Plan d’action climatique du GTNO : Ecology North appelle à des engagements clairs
L’organisation environnementale reproche au gouvernement une stratégie jugée floue et insuffisamment ambitieuse, et réclame une réduction des émissions de 50 % d’ici 2030.
Cristiano Pereira
Le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a publié il y a quelques semaines le ébauche de Plan d’action sur le changement climatique des TNO pour 2025-2029 qui vise à présenter son approche face aux défis pressants du changement climatique. S’inscrivant dans le cadre stratégique des TNO pour 2030, ce plan vise à favoriser la transition vers une économie moins carbonée, à améliorer la compréhension des impacts climatiques et à renforcer la résilience par des mesures d’adaptation.
Dawn Tremblay, directrice générale d’Ecology North, demande une action climatique plus audacieuse (Photo Cristiano Pereira)
La population et plusieurs organismes ont été invités à lire le document disponible en ligne. Le document ([link: https://www.gov.nt.ca/ecc/sites/ecc/files/resources/2025-2029_draft_climate_change_action_plan_-_for_public_engagement.pdf], un PDF composé de 44 pages – dont seulement quatre sont en français – commence pour souligner les impacts climatiques significatifs déjà observés dans le territoire, tel que de graves incendies de forêt, des inondations et des perturbations des chaines d’approvisionnement en raison de faibles niveaux d’eau. Ces défis sont exacerbés par le dégel du pergélisol, le raccourcissement des saisons de routes hivernales et la diminution de la capacité hydroélectrique.
Le GTNO propose 34 actions prioritaires et 120 mesures d’appui, allant de l’augmentation de l’utilisation des énergies renouvelables aux programmes de surveillance communautaire. Parmi les exemples, on note le renforcement des stratégies de prévention des incendies de forêt, l’amélioration de la sécurité alimentaire et le développement d’infrastructures adaptées au climat. Cependant, de nombreuses actions manquent de financement, mettant en lumière la nécessité de partenariats et du soutien fédéral.
Bien que l’envergure du plan soit louable, son langage technique et sa structure complexe peuvent constituer un frein à sa compréhension par le grand public.
L’organisation environnementale Ecology North a exprimé des inquiétudes concernant le document. L’organisme écologique a critiqué l’ambition et la mise en œuvre du plan, appelant à des actions concrètes.
Dawn Tremblay, directrice générale d’Ecology North, a souligné la nécessité d’un leadeurship plus décisif. « La première chose spécifique que nous aimerions voir, c’est une réduction des émissions de 50 % d’ici 2030 », a-t-elle déclaré à Médias ténois, mettant en avant la priorité de l’organisation pour une action climatique plus audacieuse. Mme Tremblay a exprimé sa frustration face à la forte dépendance du projet à des études et planifications supplémentaires.
« Une analyse rapide de leur projet montre que 54 % des actions consistent à étudier ou à planifier davantage. Donc, dans ces 54 %, on trouve des actions pour planifier, stratégiquement guider, établir des protocoles, évaluer, étudier, suivre, surveiller et rapporter », a-t-elle expliqué.
Autrement dit, selon l’organisation, le gouvernement n’agit pas : il se contente de planifier de planifier.
La semaine dernière, Ecology North a également publié une réponse écrite critiquant le manque de clarté et d’efficacité du plan, notant que l’approche actuelle du gouvernement risque de ne pas apporter un changement systémique significatif. L’organisation a exhorté le GTNO à présenter une feuille de route claire au lieu d’actions « pour développer plus d’actions ».
Selon Mme Tremblay, le vocabulaire complexe utilisé dans le plan représente une barrière pour le public. « Le langage est très technique, ce qui le rend difficile à comprendre, même pour des lecteurs éduqués », a-t-elle noté. Elle a suggéré l’utilisation de verbes orientés vers l’action et l’inclusion de résumés en langage clair. Elle a cité la stratégie climatique du Yukon comme modèle de communication claire, en insistant sur son accessibilité et son design : « C’est facile à lire. C’est facile d’accès. C’est simple et direct. Et cela permet aussi aux individus d’accéder à des informations sur les progrès du gouvernement et sur les actions individuelles possibles ».
Les commentaires d’Ecology North ont également mis en avant l’importance du leadeurship autochtone dans la mise en œuvre du plan d’action. La directrice générale de l’organisme écologique a insisté sur le fait que « le financement des programmes de gardiens autochtones pour soutenir toutes leurs actions de surveillance » devrait être une priorité. L’organisation a exhorté le GTNO à promouvoir les pratiques de collecte de savoirs autochtones, non seulement comme des outils, mais comme un moyen de favoriser des relations éthiques et réciproques avec la terre.
Ecology North essaie d’adopter une approche proactive pour favoriser le dialogue public autour de l’action climatique. L’organisation a récemment organisé des évènements dans des écoles de Yellowknife réunissant des jeunes, des ainés et des experts pour discuter du projet et élaborer des retours. Mme Tremblay a décrit l’accueil positif de ces initiatives : « Il y a eu un évènement climat très réussi réunissant jeunes et ainés », a-t-elle affirmé, ajoutant que l’organisation continue de créer des plateformes pour le dialogue public.
Ecology North critique particulièrement l’objectif actuel de réduction des émissions du plan. Ses recommandations appellent le GTNO à adopter un objectif de réduction de 50 % d’ici 2030. Mme Tremblay a expliqué : « D’après le projet de plan d’action, il ne semble pas assez ambitieux. Nous aimerions voir un leadeurship plus fort et un objectif plus ambitieux. » Elle a également demandé des résultats concrets et des échéances pour toutes les actions, afin que le public puisse suivre et responsabiliser le GTNO.
L’organisation a proposé d’élargir la définition de la santé pour inclure les perspectives autochtones et de promouvoir la souveraineté alimentaire plutôt que la simple sécurité alimentaire. Ecology North a également insisté sur l’importance d’intégrer l’éducation climatique dans les écoles, en recommandant de fournir aux enseignants les ressources nécessaires pour inclure ces sujets dans leur programme.
Malgré ses critiques, l’organisation voit un potentiel de collaboration. Mme Tremblay a noté qu’Ecology North est prête à contribuer à l’éducation publique et à s’associer au GTNO pour des initiatives significatives. Cependant, elle a réitéré l’urgence d’une action plus décisive.
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