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Denis Lord

Prix Sobey : l’esprit du caribou

Liant tradition et contemporanéité, l’œuvre immersive de Taqralik Partridge au Musée des Beaux-Arts d’Ottawa se veut un rappel de l’immensité passée des troupeaux de caribous.


Denis Lord – Arctique 


L’œuvre est exposée dans le cadre du Prix Sobey pour les arts 2024, un concours d’arts visuels contemporains dont la personne gagnante sera annoncée le 9 novembre prochain. D’ascendance écossaise et inuite, Taqralik Partridge représente la région circumpolaire, inexistante dans les éditions précédentes



Taqralik Partridge est écrivaine, artiste, commissaire et performeuse.

(Courtoisie, avec l'autorisation de l'artiste)



Amautiq


« On devait soumettre une œuvre déjà faite parce qu’il n’y avait pas beaucoup de temps, contextualise l’artiste, qui est aussi écrivaine, performeuse et commissaire d’exposition. Mais j’avais l’idée de faire quelque chose de nouveau. […] Il s’agit d’une œuvre immersive, une chambre avec quatre murs de vidéos. Le plancher est fait en miroirs. Dans le milieu de la chambre, il y a une parka en peau de caribou, en l’honneur d’un amautiq qu’on retrouve au Smithsonian, à Washington. C’est un amautiq des années 1880, de Kuujjuaq. […] Je le vois comme l’esprit du caribou. L’idée, c’est que le caribou court autour de nous. On l’entend, mais, aussi, il y a un aspect de “dreamlike”, de rêve. »

Par son œuvre, Mme Partridge dit vouloir partager le sentiment de la grandeur de ces animaux, de ces immenses troupeaux, comme elle l’a elle-même expérimenté dans sa jeunesse à Kuujjuaq, alors que les hardes de la rivière à la Feuille et celle de la rivière George comptaient quelques centaines de milliers de têtes.


« Maintenant, leur population est vraiment basse, déplore l’artiste. Il y a beaucoup de conversations autour du changement de climat, mais pas souvent à propos des caribous […] qui sont vraiment, vraiment importants pour les peuples nordiques […] au Canada, en Alaska, en Russie, puis aussi en Scandinavie. »


Une fusion

En conférence de presse, Taqralik Partridge a situé sa production visuelle dans le mouvement de l’art inuit contemporain.


« Historiquement, on a eu l’idée que l’art inuit appartenait à […] un genre de tradition. Ça veut dire que si ce n’est pas des histoires traditionnelles inuites, si ce n’est pas des animaux, de la nature, ce n’est pas vraiment de l’art inuit. […] Mais il y a chez les Inuits ce mouvement d’art contemporain qui bouge beaucoup. Il s’agit de jeunes qui travaillent avec leur art sur Instagram ou sur Facebook, ou partout sur Internet, mais aussi d’artistes plus âgés comme moi qui font des œuvres avec toutes sortes de matériaux qu’on ne considère pas comme traditionnels, comme de la pierre à savon ou des panaches. […] On utilise ce qu’on a autour de nous et pour moi, c’est aussi une approche très traditionnelle, parce que notre culture est basée sur l’idée d’être capable de s’adapter à l’environnement. »



Vue d’installation de Taqralik Partridge à l’exposition du Prix Sobey pour les arts, Musée des beaux-arts du Canada, Ottawa. (Photo : MBAC)


Chantiers

Taqralik Partridge travaille actuellement à l’écriture des poèmes qu’elle veut ensuite filmer et diffuser sur Internet. Parallèlement, elle prépare, avec quatre autres commissaires, une exposition d’art inuit contemporain à Ottawa.

Elle dit essayer de plus en plus d’incorporer sa part identitaire écossaise dans son œuvre.


« Ma mère était fièrement, fièrement écossaise, dit l’artiste. Alors je ne peux pas dire que je ne suis pas écossaise. »

L’exposition du Prix Sobey, qui compte cette année quatre artistes autochtones, se poursuit jusqu’au 6 avril 2025. Les autres participants sont Judy Chartrand (Pacifique), Rhayne Vermette (Prairies), June Clark (Ontario), Nico Williams ᐅᑌᒥᐣ (Québec) et Mathieu Léger (Atlantique).


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