Pénurie d'infirmières: «Nous devons nous améliorer»
La ministre de la Santé et des Services sociaux des TNO, Julie Green, a présenté ses excuses, ce mercredi 1er décembre, aux familles affectées par la fermeture temporaire de l’unité d’obstétrique de l’hôpital territorial Stanton.
Thomas Ethier – IJL – Territoires
En évoquant un « changement de culture » à mettre en place, Mme Green a assuré, le 1er décembre lors d’une conférence de presse, que des mesures seront apportées, à court et à long terme, pour contrer la pénurie de main-d’œuvre dans le système de santé ténois.
À l’approche des fêtes, quelque 90 femmes du territoire devront voyager à Edmonton avant ou pendant leur 37e semaine de grossesse et y passer entre trois et cinq semaines. L’interruption quasi complète des services d’obstétrique de l’hôpital Stanton devrait se prolonger jusqu’au 21 février. « Le personnel de l’hôpital a fait des efforts extraordinaires pour prendre les devants et assurer les quarts de travail lorsque possible. Malgré ces efforts, nous n’avons pas été en mesure de couvrir le quart de nos besoins pour décembre », a indiqué la ministre.
La directrice générale de l’Administration des services de santé et des services sociaux du territoire (ASTNO) Kim Riles s’est dite « optimiste » quant à la réouverture à plein rendement de l’unité d’obstétrique à la date prévue. « Les prévisions entourant notre nombre d’employés à partir de 2022 sont favorables. Je demeure optimiste et je crois que nous pourrons reprendre les services comme prévu, a-t-elle déclaré. Des postes seront toujours vacants, mais la combinaison de personnel occasionnel et de nouvelles embauches vont nous assurer de nous trouver en meilleure position. »
Un changement de culture
Mme Green a d’emblée convenu que cette situation est causée en partie par des enjeux qui ont affecté le moral des infirmières et provoqué plusieurs départs. « Il est aussi, sinon plus important de retenir nos bons employés que d’attirer de nouveaux talents. Un bon moral est la clé de la rétention de la main-d’œuvre, a-t-elle affirmé. Nous sommes bien conscients que des enjeux se sont imposés sur ce plan à l’hôpital Stanton, et que ces enjeux doivent être réglés de manière concrète et significative. »
Trois membres du personnel infirmier ont confié récemment au média Cabin Radio, entre autres, ne pas toujours être capables d’offrir le ratio 1:1 à leurs patients. L’un d’entre eux a affirmé s’être déjà occupé de quatre femmes en travail en même temps. Tous se plaignent du manque d’écoute des patrons.
« En tant que ministre, je sais que nous devons nous améliorer, et nous devons le faire rapidement. Un changement de culture prend du temps, a-t-elle souligné, spécialement lorsqu’on parle d’opérations d’envergure et aux multiples facettes, comme notre système de santé ».
Une équipe composée de dirigeants du ministère et de l’ASTNO serait présentement à l’œuvre pour étudier les enjeux qui affectent présentement le moral personnel, incluant le nombre d’employés par quart, les horaires de travail et la charge de travail. « Le but est de trouver le chemin le plus rapide vers une reprise de services, en nous concentrant vers la durabilité des services, avec des solutions durables », a expliqué la ministre, en soulignant l’importance d’assurer le bienêtre des employés
« Nous allons également travailler avec le ministère des Finances pour discuter des options disponibles afin de nous assurer que nos employés actuels restent avec nous, et que nous demeurerons compétitifs sur le plan national au moment de recruter », a-t-elle ajouté.
La ministre a également souligné la création d’un nouveau programme de formation spéciale, qui vise à accroitre le bassin de personnel compétent aux Territoires du Nord-Ouest. Elle a annoncé que ce programme sera initié dans le cadre d’un projet pilote qui sera mis en place dans les unités d’obstétriques du territoire.
Défis de recrutement
La pénurie de personnel infirmier qui sévit à travers le pays expliquerait également en grande partie la situation actuelle, selon la ministre Green. Depuis juin, les efforts de recrutement de l’ASTNO n’auraient permis de recueillir que sept candidatures, pour une seule embauche. Le recours à une firme externe de recrutement, en octobre, aurait permis de recruter trois nouvelles infirmières.
Le GTNO aurait également formulé une demande aux provinces et aux autres territoires pour obtenir de l’aide au recrutement, une démarche qui n’aurait pour l’instant donné aucun résultat. « La demande est également très élevée ailleurs au pays », a indiqué la ministre. Selon Mme Kim Riles, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada prévoit une pénurie de 60 000 infirmiers d’ici 2022 au pays.
Mme Green a souligné que l’enjeu de pénurie de main-d’œuvre qui sévit à l’unité d’obstétrique de l’hôpital Stanton, bien « qu’extraordinaire », est généralisé à l’ensemble du territoire. « L’emploi à travers le système de santé est variable et dépend souvent de quelques employés dévoués, qui travaillent sans relâche, et qui accumulent ultimement un nombre d’heures insoutenable », a-t-elle indiqué.
Selon Mme Riles, 22 pour cent des postes d’infirmières à l’hôpital Stanton sont actuellement vacants. Le territoire aurait subi une chute précipitée du nombre de candidatures et d’embauches dans le secteur des soins de santé. La disponibilité des employés contractuels, qui contribuent normalement à pourvoir les postes vacants, aurait également diminué considérablement.
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