Saint-Jean-Baptiste : préparez-vous à vous amuser !
Ce samedi 24 de juin, à Yellowknife, le folkloriste franco-albertain Roger Dallaire promet de la joie et de belles histoires. Rencontre avec le conteur.
Cristiano Pereira
C’est la plus grande fête francophone annuelle aux TNO : ce samedi 24 juin, les francophones et les francophiles célèbreront la Saint-Jean-Baptiste sur le site de Folk On The Rocks. Entre 15 h et minuit, il y aura des concerts et des activités pour les familles et pour les enfants. L’entrée est gratuite.
L’après-midi, les enfants pourront s’amuser dans un château gonflable et à des ateliers de maquillage. À 16 h, les plus jeunes auront également le droit au premier des deux spectacles de Roger Dallaire. À 19 h 30, Andrea Bettger Band montera sur scène pour distribuer de la musique bluegrass et plus encore. DJ Charlebois clôturera la soirée avec un set dansant à partir de 22 h, mais avant lui, à 20 h 30, les yeux et les oreilles seront tournés vers Roger Dallaire.
Le conteur et folkloriste franco-albertain promet de la joie et de belles histoires. Avant de prendre l’avion avec son accordéon, il s’est entretenu avec Médias ténois depuis sa ferme à Saint-Vincent, une petite communauté rurale et francophone située deux heures au nord-est d’Edmonton.
Médias ténois : À quoi peut s’attendre le public en assistant à votre spectacle?
Roger Dallaire : Mes spectacles sont toujours adaptés au public. Si le public est réceptif pour écouter, je peux raconter des histoires et des légendes et il y aura toujours de la musique. Mais si je perçois que les gens sont là plus pour faire la fête, pour s’amuser entre eux; alors là, je vais faire pas mal que de la musique et si je vois que les gens veulent participer, je peux distribuer des cuillères en bois et les gens vont jouer de la musique avec moi, et je peux aussi animer la danse et encourager les gens à faire des danses traditionnelles. Je suis toujours dans la tradition canadienne-française, elle est inspirée de ma grand-mère et de mes ancêtres. Une bonne partie de mon répertoire est connue, mais j’ai aussi un grand répertoire de chansons traditionnelles qui sont beaucoup moins connues, que l’on chantait autrefois, mais qu’on a perdues il y a longtemps. C’est ça ce que j’aime faire : ramener ces histoires et ces chansons.
(Courtoisie Roger Dallaire)
Mt : Ce sera donc une fête et une célébration de l’héritage du passé?
RD : Pour moi, le passé je le vis au présent. Chez moi, on vit dans une ferme autosuffisante. Une ferme d’époque avec une maison de 1913. On chauffe au bois. On a un jardin et des animaux. On vit un peu la vie à l’ancienne. Et puis, ça me permet, dans mes contes, d’être beaucoup plus plausible. Les gens vont à la fin d’une histoire me dire « On dirait que c’est vrai » et la raison c’est parce que c’est loin de la vérité. J’en sais quelque chose, j’ai des chevaux, et je travaille à la ferme avec mes chevaux.
Alors tout ça, c’est les couleurs que j’amène sur scène, c’est la fierté de mes racines. Il y a bien des gens qui ne connaissent peut-être pas la profondeur de leurs racines, mais les miennes sont presque déterrées. Je les amène avec moi à mes racines.
Mt : Êtes-vous aussi agriculteur?
RD : Je ne gagne pas ma vie comme agriculteur parce que c’est à petite échelle, mais je fais ça parce que je m’intéresse à la ferme faite selon la tradition, c’est-à-dire on travaille avec nos mains. Ce n’est pas les tracteurs, c’est les chevaux, les travaux manuels. Et puis ça, ça me permet de mieux comprendre comment on faisait autrefois sur la ferme.
Mt : Que plantez-vous dans votre ferme en Alberta? Des patates?
RD : Non. Cette année, c’est du foin. Mais les années passées, c’était un blé ancestral, un blé patrimonial, le blé marquis. J’ai dû faire de la recherche dans les archives pour trouver l’histoire du blé marquis, un blé qui a été créé au Canada dans les années 1910 et ensuite un travail très difficile pour retrouver le grain de ce blé. Et ce blé, c’est pour faire de la farine et faire du pain au levain.
Mt : La vie rurale joue un rôle important dans votre musique et vos contes.
RD : Il y a un peu de tout, mais je pense que vous avez entièrement raison. Ça parle souvent de la ferme. Ça parle souvent de la tradition. Et il y a toujours de l’humour. Il y a aussi des contes traditionnels, des contes classiques, dont la chasse-galerie, le canot volant, tous ces contes anciens. Je les raconte, je les connais, mais ce que les gens aiment surtout, c’est quand je raconte des anecdotes de choses que j’ai vécues.
Et puis, quand je raconte ces choses-là, ça fait énormément rire les gens. J’ai beaucoup d’histoires farfelues de choses qui me sont arrivées. Et puis, les gens vont souvent dire « C’est pas vrai, c’est pas vrai. » Je dis bien sûr que c’est vrai. Parce que ce n’est pas croyable. Mais il m’est arrivé beaucoup de choses sur la ferme avec les chevaux et puis avec les amis qui viennent me voir. Après ça, dans mes aventures, dans mes voyages en Europe. Alors, toutes sortes d’histoires. Mais ça va dépendre du public.
(Courtoisie Roger Dallaire)
Mt : Ressentez-vous des différences dans le public francophone selon les régions?
RD : Oui, le public est différent. Quand je présente en France, c’est très difficile. Il faut vraiment nettoyer son français, c’est-à-dire parler de façon claire pour l’oreille française. Ils vont s’ajuster l’oreille pour comprendre. La richesse de ce que je dis est dans mon accent quand je parle comme le vieux français canadien qui est presque inexistant. Moi, je vais parler comme ma grand-mère. En France, les gens s’ajustent l’oreille et se mettent à écouter. Il y a de l’humour et de la richesse dans la parole, dans la façon de dire les choses. Alors, en France, l’écoute, c’est un défi… les aider à pouvoir écouter et comprendre l’accent, le patois.
Au Québec, avec Fred Pellerin, le conte est en vogue. Le conte est très, très populaire et quand je me présente au Québec chaque année, les gens ont un respect énorme pour le conte. En Alberta, il y a un public un peu plus difficile. Les gens veulent de la musique. Pour le conte, je dois travailler plus. Il faut vraiment travailler pour intéresser les gens.
À Yellowknife, on verra. Je pense que ça va être un public bilingue. C’est encore un autre défi de raconter [des histoires] en français et en anglais, mais, comme je viens d’Alberta, ce n’est pas nouveau pour moi. Si mon public était uniquement anglophone, je raconte toujours bilingue. Parce que je suis un compteur francophone et la richesse de mes histoires, c’est le français. Alors, les anglophones doivent entendre le français, ils ne peuvent facilement pas le comprendre tout le temps, mais l’entendre, ça fait partie de la richesse de la chose.
Mt : Êtes-vous déjà venu à Yellowknife?
RD : Il y a plusieurs années, je venais chaque année, c’était la prise de la Bastille au Frolic Bistro Bar et je venais avec mon accordéon le 14 juillet. Maintenant, je pense pas mal garantir qu’il y a une guitare à Yellowknife qui m’attend. Et ce que j’emmène avec moi, c’est mon accordéon à piton, l’harmonica, naturellement, et les cuillères de bois. On va s’amuser, on va se divertir. J’ai bien confiance!
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