Refuge temporaire: le public invité à discuter
Les résidents de Yellowknife sont invités ce mercredi 29 septembre à 19 h 30, à participer aux discussions entourant la mise sur pied d’un centre de jour temporaire pour sans-abris dans le centre-ville de Yellowknife. Cette assemblée publique virtuelle est présentée par la ministre de la Santé et des Services sociaux, Julie Green. – Cliquez ici pour obtenir les détails.
Le conseil municipal de Yellowknife passera au vote le lundi 4 octobre prochain, afin de déterminer si un permis d’exploitation sera accordé au GTNO pour la mise sur pied d’un centre de jour temporaire dans l’immeuble récemment occupé par Aurora Village, à l’angle de l’avenue Franklin et de la 48e Rue.
On y accueillerait des sans-abris de la municipalité durant la saison froide, puisque le centre de jour permanent est contraint de fonctionner à capacité réduite, conformément aux règles sanitaires en place.
Division à Yellowknife
La question a généré plusieurs échanges acrimonieux au cours des derniers jours, opposant les résidents et l’association qui militent pour cette solution, aux résidents et propriétaires d’entreprises qui s’opposent à une soudaine affluence de personnes sans-abris dans leur secteur. Les enjeux de sécurité figurent parmi les points soulevés par les réfractaires, dont certains craignent également les impacts sur leur entreprise.
Selon les règles en place, si le conseil municipal votait en faveur de l’implantation d’un centre de jour temporaire à l’adresse retenue, un seul résident de Yellowknife aurait le pouvoir de faire appel de cette décision, et ainsi retarder le processus de plusieurs mois. À l’approche de la saison froide, un tel délai n’est pas envisageable.
Dans une lettre ouverte partagée en septembre, la ministre Julie Green a imploré les résidents de soutenir le projet. L’an passé, le ministère des Affaires communautaires et municipales (MACA) avait dû déclarer l’État d’urgence pour convertir le site choisi, un centre jeunesse, en refuge temporaire.
« Nous ne désirons pas répéter les mesures drastiques, mais nécessaires que le gouvernement a dû prendre l’hiver dernier. En tant que citoyens concernés, nous pouvons militer collectivement pour créer un acte de réconciliation réellement bon et significatif », explique la ministre Green.
La Chambre de commerce de Yellowknife a rétorqué à ces propos par une missive dans laquelle elle exprime la « déception et la frustration » que cette lettre de la ministre aurait généré auprès de ses membres. « Votre langage indique clairement que vous avez l’intention de vilipender toute opposition à votre décision. Les propriétaires d’entreprises ont des objections valides à votre décision et méritent d’être entendus. C’est pourquoi le processus d’appel existe », peut-on y lire.
Débats et dérapage
Plusieurs intervenants se sont prononcé lundi dernier, 27 septembre, dans le cadre d’une rencontre du conseil municipal où ont été présentés les détails du projet, et les mesures que compte prendre le gouvernement pour assurer le bon voisinage avec les usagers du centre.
Michael Fatt, coordonnateur de projet pour l’organisme Common Ground, a fait valoir qu’une grande proportion des personnes sans-abris à Yellowknife sont des autochtones aux prises avec le trauma intergénérationnel causé par les pensionnats autochtones. M. Fatt a lui-même été sans-abris durant de nombreuses années. Il est survivant des pensionnats autochtones.
« Je suis ici pour faire appel à votre cœur. On parle ici de gens qui n’ont aucune sécurité. Nous devons ouvrir des portes pour leur permettre un certain confort. Sinon, ils endurent leur vie. Devant des portes closes, ils sont pris dans la rue, et ils abandonnent », a-t-il notamment souligné, en insistant sur l’importance des ressources pour les personnes sans-abris.
En réponse à cette intervention, le conseiller Niels Konge a semé la controverse en comparant le sort des victimes des pensionnats autochtones à celui des propriétaires d’entreprise affectés par la pandémie. « [les petites entreprises de Yellowknife] doivent fermer leurs portes à cause de forces qui les dépassent largement, comme ce fût le cas lors de la rafle des années 60. Le gouvernement a choisi d’enlever les enfants autochtones, et ces petites entreprises sont fermées par le gouvernement. (…) Ces propriétaires et les personnes sans abris se battent présentement pour les mêmes choses. »
La Mairesse de Yellowknife, Rebecca Alty, a pris la parole après l’intervention de M. Konge. « La rafle des années 60 et ce que vivent les entreprises à l’heure actuelle ne sont pas du tout la même chose. », a-t-elle souligné.
M. Konge a présenté ses excuses au cours de la rencontre. « Je n’avais pas l’intention d’offenser qui que ce soit, et je vous présente mes sincères excuses pour cette horrible comparaison. »
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