Secrétariats aux langues : d’obscurs changements à l’horizon
Des transformations sont en cours dans les deux secrétariats aux langues du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest sans que le leadeurship n’ait été consulté, ce qui inquiète la directrice générale de la Fédération franco-ténoise (FFT), Audrey Fournier.
Denis Lord
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
Les secrétariats dont il est question sont le Secrétariat aux affaires francophones et le Secrétariat de l’éducation et des langues autochtones.
« Je pense que ça peut avoir un impact considérable sur la capacité du gouvernement à mettre en place les communications et les services en français. Ça peut impacter la façon dont ils collaborent avec la communauté francophone. Dans ce sens, s’ils veulent mettre en place des changements importants, nous devrions être consultés », affirme Mme Fournier.
Les manœuvres sont commencées
Le gouvernement n’a pas précisé dans quelle direction il se dirige et tant la ministre de l’Éducation, de la Culture et de la Formation, Caitlin Cleveland, que le ministère ont préféré ne pas accorder d’entrevue à l’Aquilon, jugeant toute communication prématurée.
Un porte-parole de l’exécutif a confirmé qu’il y a une révision des deux secrétariats, des actions et des approches planifiées, liées à « une question de personnel et de réorganisation basée sur le feedback et les meilleures pratiques ».
La réorganisation a été abordée à l’Assemblée législative les 4 et 5 juin par Mme Cleveland et son sous-ministre Jamie Fulford, mais de manière obscure. Cette réorganisation est liée à l’embauche d’un nouveau sous-ministre adjoint dont le mandat serait consacré aux langues et à la culture, particulièrement à la revitalisation des langues.
« Le candidat idéal parlerait une langue autochtone », a précisé Mme Cleveland à l’Assemblée.
Le statut de divisions?
« Une partie de ce que permet la révision de la structure est la consolidation d’un secteur comme celui des langues, a dit M. Fulford le 4 juin. […] Ça permet une économie d’échelle, comme de mettre ensemble [sic] et d’élever le profil des importantes parties du ECF. Nous sommes dans le processus d’évaluation de ce travail. Ce sera rendu public le mois prochain ou à peu près. »
Pour le député de Yellowknife Centre, Robert Hawkins, cet argent – un salaire évalué à environ 200 000 $ – aurait été mieux investi dans un centre régional pour revitaliser les langues autochtones.
Questionnée par la députée de Great Slave, Kate Reid, à savoir si les secrétariats allaient devenir des divisions du ministère, le sous-ministre Fulford a répondu « qu’ils allaient rester des secrétariats pour l’instant, mais qu’il pourrait y avoir des changements avec le temps ».
Les révisions se font dans la foulée de la nomination d’un nouveau directeur général, Antoine Gagnon, qui a remplacé Benoît Boutin le 3 juin dernier.
Selon Audrey Fournier, le secrétariat francophone n’a pas les mêmes structures, fonctionnements et objectifs que son pendant autochtone. (Courtoisie)
Plus inquiétant que prometteur
La directrice générale de la FFT considère que des changements structurels aux secrétariats peuvent comporter des bénéfices.
« À priori, c’est plus inquiétant que prometteur, nuance-t-elle toutefois. C’est sûr que j’ai plus de craintes que ça ait un impact négatif sur le fonctionnement que l’inverse. C’est [le Secrétariat aux affaires francophones] une machine très bien rodée. Ça livre la marchandise dans le cadre [qui lui est donné], sachant qu’il n’a pas de pouvoir sur les autres ministères. »
Selon Audrey Fournier, le secrétariat francophone n’a pas les mêmes structures, fonctionnements et objectifs que son pendant autochtone.
« Ils sont moins axés sur l’offre de services. Ils n’ont pas de traducteurs de façon permanente. […] C’est bien de comparer ce que les Autochtones et les francophones reçoivent en termes de services de communication, mais […] ce que les Autochtones ont besoin, ce n’est pas nécessairement ce que les francophones ont besoin. Une fusion peut potentiellement améliorer certaines choses, mais je vois un danger d’uniformiser des solutions qui pourraient ne pas être bonnes pour tout le monde. »
L’Aquilon a sollicité en vain les commentaires d’autres intervenants francophones et autochtones.
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