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Denis Lord

Tenir la route

L’Institut de recherche Aurora participe à un projet quinquennal pour améliorer la fiabilité et la sécurité du transport dans le Nord en regard du pergélisol et des changements climatiques.


Denis Lord

IJL –Réseau.Presse – L’Aquilon


Bénéficiant d’une subvention de 3,5 M$ provenant du Fonds national des corridors commerciaux de Transports Canada, le projet porte sur les routes Inuvik-Tutktoyatktuk, de Yellowknife et Dempster (partie ténoise uniquement). Le financement a été accordé à BGC Engineering, une firme internationale de consultants dans le domaine des sciences naturelles, qui œuvre notamment à la mine Faro et sur différents projets au Chili et aux États-Unis. Pour le projet aux TNO, BGC Engineering collabore aussi avec la Commission géologique des Territoires du Nord-Ouest et l’Université de Colombie-Britannique.


« C’est un projet de recherche, nous ne savons pas à 100 % si ça va fonctionner, concède Lukas Arenson, l’ingénieur géotechnique principal de BGC Engineering. L’idée ultime est d’aider les planificateurs comme le ministère des Infrastructures à identifier où sont les gros risques. […] Ils ne sont pas actuellement dotés d’un outil qui leur permette d’identifier les sections qui sont les plus à risque – route, remblai, talus, pont, etc. – dans l’optique de la dégradation ou de la fonte du pergélisol. »


L’outil (un système de gestion des données), poursuit M. Arenson, qui enseigne à la Polytechnique de Montréal et à l’Université du Manitoba, permettra au gestionnaire du réseau routier de mieux prioriser les sections du réseau routier où investir.



Jennifer Humphries, de l’Institut de recherche Aurora, travaille dans le

Beaufort-Delta depuis plus de six ans. (Courtoisie)


Le pergélisol

L’élément clé de la recherche est le pergélisol, cette partie du sol qui reste gelée au moins deux années consécutives, mais qui, avec le réchauffement climatique, a de plus en plus tendance à fondre et donc à mettre en péril les infrastructures comme les routes et les édifices.

« La Dempster et la route Inuvik-Tuktoyaktuk [RIT] sont construites sur du pergélisol, rappelle Jennifer Humphries, de l’Institut de recherche Aurora. Dans l’Arctique de l’Ouest et le Beaufort-Delta, les conditions du pergélisol et de la glace de sol diffèrent en épaisseur, en température […] et dans les matériaux. Sur le littoral de Tuktoyaktuk par exemple, le pergélisol sous-marin peut avoir plus de 700 mètres d’épaisseur. »

« Les paysages ont chacun leur propre personnalité en regard du pergélisol, leur propre histoire et leur propre complexité. Dresser un portrait global de tout ça est difficile », poursuit Mme Humprhries, qui fait de la recherche dans le Beaufort-Delta depuis plus de six ans. « Quand tu introduis en plus les changements climatiques et les autres conséquences, ça produit des réactions en chaine et des changements qui s’appliquent autant aux conditions de base qu’aux évènements isolés », ajoute-t-elle.


La route de Yellowknife


La nature du sol sous la route de Yellowknife diffère de celle dans le Beaufort-Delta, explique Steve Kokelj, un expert du pergélisol de la Commission géologique des TNO. « Ici, précise-t-il, le pergélisol se trouve en petites poches et il est plus chaud. Il y a des endroits où c’est du roc, du sable, il n’y a pas de pergélisol, la route est bonne et, tout d’un coup, tu tombes sur une place avec des sédiments qui sont des restes d’un lac géant qui regroupait jadis le Grand lac de l’Ours, le grand lac des Esclaves et le lac Athabasca. » Sur la Dempster, remarque M. Kokelj, il peut y avoir des glissements de terrain, ce qui n’arrivera pas sur la route de Yellowknife.


Le pergésisol est la fondation du paysage dans Beaufort-Delta, rappelle Mme Humphries. (Courtoisie)


La télésurveillance

Le projet quinquennal bénéficiera, rappelle Jennifer Humphries, des substantiels investissements dans les équipements de télésurveillance (caméras, instruments de mesure de température, etc.) installés sur la RIT durant la précédente décennie et des données récoltées au fil du temps.

« C’est ce qui permet de faire ce projet », note la chercheuse, qui souligne l’importance d’investir dans le développement des compétences nordiques en sciences.

« L’idée, dit-elle, est d’incorporer différents scénarios de changements climatiques et toutes ces merveilleuses données que nous avons sur les conditions de base du pergélisol et sur la route, sur la température du sol, et avoir une meilleure idée des risques et de la résilience aux changements climatiques. »

« C’est un défi, mais c’est excitant », commente Steve Kokelj.

Partenariat

Dans ce projet, note M. Arenson, de BGC, l’Université de Colombie-Britannique apporte son expertise dans le domaine des transports. « Ils nous permettent de bénéficier de la science la plus récente en termes d’ingénierie de transport », dit-il. Le système de gestion de données créée par les partenaires utilisera également celles recueillies par l’Université de l’Alberta, qui a aussi reçu du financement du Fonds national des corridors commerciaux pour cartographier le pergélisol et la glace de sol le long de la route de la vallée du Mackenzie et sur la route Inuvik-Tuktoyaktuk.

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