Un réseau pancanadien spécialisé en santé mentale pour les jeunes voit le jour
* Attention : ce texte aborde le thème du suicide
Le gouvernement du Canada a injecté 18 millions de dollars pour soutenir un éventail de projets sur l’intégration et l’uniformisation de services liés à la santé mentale et à l’utilisation de substances psychoactives chez les jeunes. Le but est de relier les services existants afin d’offrir un accès équitable aux services de santé à destination de tous les jeunes canadiens.
Marine Lobrieau IJL – Réseau. presse – L’Aquilon
Une enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes, menée en 2019 par Statistique Canada, révélait que « 1 jeune âgé de 15 à 17 ans sur 5 (17 %) a déclaré que sa santé mentale était « passable » ou « mauvaise » en 2019, ce qui est plus du double de la proportion parmi ceux âgés de 12 à 14 ans (7 %). » Par ailleurs, d’autres études ont démontré que 75 % des problèmes de santé mentale se manifestent avant l’âge de 25 ans.
Les Centres de Services Intégrés pour les Jeunes (SIJ) offrent des prestations de soins et de services à un public âgé de 12 à 25 ans. Ces établissements dispensent des soins en santé mentale, en santé sexuelle, mais aussi en guérison traditionnelle autochtone et pratiques culturelles. De tels organismes existent partout au Canada et ont pour vocation d’accompagner et de soutenir une bonne condition mentale chez les jeunes.
La ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé a annoncé l’octroi de 18 millions de dollars pour soutenir un réseau pancanadien spécialisé en santé mentale pour les jeunes. (Capture d’écran conférence de presse du 28 novembre 2022)
Un système de santé apprenant
L’élaboration d’un réseau pancanadien dans le domaine de la santé mentale des jeunes a pour objectif d’aider les réseaux existants des provinces et des territoires à mettre sur pied des systèmes de santé apprenants avec une coordination des actions. La finalité est de créer un réseau unifié d’influence qui regroupe des chercheurs, des fournisseurs de services, des responsables des politiques et des jeunes.
L’une des spécificités de cette initiative est de favoriser l’émergence d’un « système de santé apprenant » au sein duquel les acteurs agissent avec le même objectif et apprennent les uns des autres. Le système apprenant permet à moyen terme de croiser les savoirs dans une unité de travail collective capable de s’adapter et de répondre aux besoins en santé mentale.
La recherche devient donc l’allié du système de santé qui « apprend » des résultats de ses activités pour améliorer par la suite les services et soins à destination des personnes. « L’initiative RR-SIJ s’inspire du concept de “système de santé apprenant”, qui met à profit les données et l’expérience pour générer et mobiliser des connaissances en vue d’accroître l’efficacité des services destinés aux jeunes. Cette approche s’annonce très prometteuse pour l’amélioration de la qualité des services de santé mentale offerts à la jeunesse canadienne », a estimé Ian Boeckh, président de la Fondation Graham Boeckh.
Ce système est avant tout un laboratoire expérimental voué à mobiliser l’ensemble des acteurs pour assurer un accompagnement optimal des jeunes et de leur santé mentale. « En reliant nos 22 centres de SIJ à ceux des quatre coins du pays, nous contribuons fièrement à l’infrastructure de données commune du RR-SIJ, ce qui aidera les chercheurs et les responsables des politiques à prendre des décisions éclairées sur la façon d’assurer aux jeunes une transition réussie vers la vie adulte », a déclaré Michael A. Tibollo, Ministre associé délégué à la Santé mentale et à la Lutte contre les dépendances.
Des études ont démontré que 75 % des problèmes de santé mentale se manifestent avant l’âge de 25 ans. (Crédit photo : Kulli Kittus – Unsplash)
SIJ et crise de la santé mentale
« La pandémie a entraîné une hausse sans précédent des problèmes de santé mentale et d’utilisation de substances psychoactives chez les jeunes au pays, et le modèle de SIJ a fait ses preuves face à ce genre de crise », a déclaré Carolyn Bennett, ministre de la Santé mentale et des Dépendances et ministre associée de la Santé.
L’annonce intervient dans un contexte sanitaire particulier aux Territoires du Nord-Ouest. Le 13 octobre 2022, le Coroner s’empressait d’alerter la population et les autorités publiques au sujet d’une vague de suicide qui sévit actuellement sur le territoire.. Le rapport préliminaire comptabilisait 29 suicides en moins de deux ans, principalement dans la région du Delta-Beaufort, entérinant l’un des pires bilans annuels des deux dernières décennies. Parmi eux, des profils masculins dans la vingtaine dont 13 hommes âgés de 20 à 29 ans
En réponse à ce rapport, la ministre de la Santé et des Services sociaux des TNO, Julie Green a décrété mi-octobre une « crise de la santé mentale » à travers le territoire. La ministre souhaitait par ce positionnement politique accélérer le déploiement d’initiatives concertées dans les collectivités les plus touchées. Elle avait d’ailleurs évoqué dans son allocution le franchissement d’un « cap » dans le but de mobiliser les acteurs et de proposer des solutions à cette situation en passe de devenir endémique.
Soutenir la santé mentale et lutter contre l’utilisation de substances psychoactives s’avère « capitale ». La mise à disposition de services adaptés et d’une prise en charge uniformisée, disponible à tout moment partout au pays est un élément de réponse apporté par la création de ce réseau pancanadien. « Un quart des jeunes au Canada sont touchés par des problèmes de santé mentale ou d’utilisation de substances psychoactives, et nous sommes convaincus que ces jeunes devraient pouvoir facilement accéder à des services de soutien communautaires », ont affirmé le Dr Steve Mathias, directeur général, et la Dre Skye Barbic, scientifique en chef.
Si vous pensez qu’un de vos proches risque de se suicider ou avez besoin d’aide :
Veuillez appeler la Ligne d’aide des TNO au 1-800-661-0844. Ce service est gratuit, confidentiel et disponible jour et nuit.
Vous pouvez également joindre Jeunesse, J’écoute par téléphone au 1-800-668-6868, par clavardage en direct, au www.jeunessejecoute.ca, ou par messagerie texte, au 686868.
Vous pouvez par ailleurs vous adresser au programme de counseling de votre collectivité – Cliquez-ici pour joindre le conseiller communautaire de votre région.
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