Une campagne pour aider une famille francophone à surmonter l’hiver à Yellowknife
Avec des factures qui s’accumulent et une voiture en panne, une famille lance un appel à l’aide sur GoFundMe.
Cristiano Pereira
IJL – Réseau.Presse – L’Aquilon
À Yellowknife, une famille francophone traverse des épreuves : Raphaël Simon, sa conjointe Erika et leurs deux enfants, Ludovick (12 ans) et Ivy (2 ans), se battent contre une situation économique compliquée, marquée par une arnaque professionnelle, des factures accumulées, et un hiver difficile.
Le 8 janvier, en désespoir de cause, Raphaël a lancé une campagne de financement participatif pour demander l’aide de la communauté. « Le fait de demander de l’aide, ça m’a fait mal. Parce que je n’ai pas envie, » avoue-t-il à Médias ténois. « On pense tous avoir fait les bons choix dans la vie et des fois, tu réalises que tu n’as pas le choix de demander de l’aide. »
La campagne GoFundMe (https://www.gofundme.com/f/9mhy3a-une-famille-en-difficulte?attribution_id=sl%3A57aa114b-a9ed-434c-8a1c-fd706ff82d21&utm_campaign=natman_sharesheet_dash&utm_medium=customer&utm_source=facebook) a un objectif de 8 000 $. À la fin de la journée du mardi 14 janvier, elle avait atteint 15 % de cet objectif, soit 1 185 $, grâce à 19 dons. Cette aide, bien que modeste pour l’instant, a déjà un impact.
L’histoire de la famille de Raphaël est marquée par un évènement qui a bouleversé leur stabilité. En mars 2023, il a été approché pour un emploi prometteur dans une plantation de cannabis en Colombie-Britannique. « Il m’a mis vraiment ça de beau, se souvient-il. Il m’a montré des photos de l’endroit où j’allais rester, de la job… » Confiant, il a mis tous ses espoirs dans cette opportunité. Mais après plusieurs mois d’attente et de communications fréquentes, il a découvert que l’offre d’emploi n’était qu’une illusion.
« J’aurais dû voir les red flags, mais j’avais tellement le bienêtre de tout le monde en tête. Tout semblait trop beau pour être vrai, » regrette-t-il. En octobre 2023, Raphaël réalise la supercherie : « Quand j’ai vu que les photos qu’il m’avait envoyées venaient d’Internet, j’ai compris. »
Cette arnaque n’a pas seulement couté du temps à Raphaël, elle a également empêché sa famille de bénéficier de revenus stables pendant plusieurs mois.
Raphaël et sa conjointe ont tout fait pour maintenir une façade d’optimisme pour leurs enfants, Ludovic, 12 ans, et leur fille de 2 ans et demi. Mais les sacrifices nécessaires pour joindre les deux bouts sont lourds. « Même mon beau-fils m’a demandé pourquoi je ne mangeais pas. Je lui ai répondu que je gardais ça pour ses lunchs. »
Il parle aussi des factures qui s’accumulent, le loyer en retard, et une voiture en panne nécessitant des réparations couteuses. « La dernière estimation qu’on a eue pour la voiture, c’était au-dessus de 3 000 $. On ne peut pas se permettre ça. »
Lancer une campagne de financement participatif n’a pas été une décision facile. Raphaël ressent un profond malaise face à cette démarche.
« Je me sens un imposteur. C’est comme si je n’avais pas le droit de demander de l’aide parce que je sais qu’il y a beaucoup de familles ici qui ont de la misère aussi. »
Malgré ce sentiment, il insiste sur l’importance de penser à sa famille. « Je n’ai pas eu le choix de le faire pour le bien de mes enfants et de ma femme. Mais ça fait mal. Ça fait mal à mon cœur de père. »
La communauté de Yellowknife a répondu à l’appel, certains offrant des dons, d’autres des messages de soutien. Une inconnue a même payé leur facture d’électricité de près de 1 000 $. « Je ne la connais pas, mais elle m’a envoyé un message, m’a demandé le montant et a réglé la facture. C’était incroyable. »
Cependant, cette visibilité a aussi suscité des réactions négatives. « Il y a des gens qui disent que tout le monde a de la misère, et je suis d’accord. Mais on est arrivé à un point où je n’avais plus d’autre solution. »
Malgré les épreuves, Raphaël commence à entrevoir un avenir plus stable. Il a récemment trouvé un poste comme apprenti mécanicien, ce qui pourrait changer la donne pour sa famille. « Si ça marche, je commence à travailler en février. »
Ce nouvel emploi lui redonne de l’espoir, mais il reste prudent. « Je ne suis pas assis dans mon coin à attendre que ça tombe du ciel. J’ai fait des démarches, des demandes. Mais pour l’instant, on essaie juste de passer cette pire phase. »
Raphaël termine avec une pensée pour les familles dans des situations similaires. « Ce n’est pas facile de demander de l’aide. Mais parfois, on n’a pas le choix. » Sa campagne de financement participatif reste ouverte, et chaque contribution, aussi petite soit-elle, peut faire une différence pour cette famille qui continue de se battre pour un avenir meilleur.
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