Une nouvelle flotte pour assurer la souveraineté du Canada en Arctique?
Chantier Davie Canada Inc. et le gouvernement fédéral ont annoncé, le 26 mars 2024, la signature d’un premier contrat dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale (SNCN) pour la conception de la nouvelle flotte de six brise-glaces.
La Garde côtière canadienne sera équipée d’une nouvelle génération de navires « parmi les plus avancés, les plus durables et les mieux adaptés aux environnements les plus difficiles du monde » selon Jean-Yves Duclos, ministre canadien des Services publics et Approvisionnement.
L’échéancier de construction n’a pas encore été dévoilé, mais ce contrat prévoit la construction de six brise-glaces de programmes, un brise-glace polaire et deux grands traversiers.
Marcel Poulin, directeur des affaires externes et de la participation industrielle à Chantier Davie Canada Inc, précise cependant que la première phase du contrat concerne l’étape initiale de la conception de la flotte des six brise-glaces de programme.
« Les navires que nous sommes appelés à construire constitueront la prochaine génération de brise-glaces spécialisés pour le Canada. Ce ne sont pas des actifs superflus, ce sont des actifs indispensables et urgents, tant pour le Canada que pour ses alliés. Dans le cadre de la SNCN, Davie livrera la plus grande flotte de brise-glaces du monde occidental pour répondre aux priorités commerciales, environnementales et géopolitiques du Canada, » a-t-il indiqué dans un courriel adressé à Médias ténois.
Le navire de la Garde côtière canadienne Amundsen a été mis en service en 1979. (Photo : Nelly Guidici)
Les futurs brise-glaces seront notamment dotés d’une motorisation hybride adaptée aux conditions météorologiques les plus rudes du monde. La liste finale des technologies sélectionnées par le Canada sera définie lors de la phase ultérieure de conception détaillée, indique M. Poulin.
La flotte actuelle de brise-glaces canadiens est vieillissante. Les navires de la Garde côtière canadienne les plus anciens sont le Pierre Radisson qui a été mis en service en 1978, l’Amundsen date de 1979 et le Des Groseilliers a été mis en service en 1982. La plupart des bâtiments de la garde-côtière qui peuvent naviguer au moins pendant l’été dans l’Arctique sont quand même assez vieux, rappelle Frédéric Lasserre, professeur au département de géographie de l’Université Laval et directeur du Centre québécois d’Études géopolitiques.
Pour M. Lasserre, la signature de ce contrat est un effet d’annonce qui ne change en rien la position du Canada en Arctique.
« Je pense que c’est juste un effet d’annonce pour souligner que, grâce à ces contrats (le Canada) va pouvoir assurer la pérennité de la présence de brise-glaces dans l’Arctique et que le drapeau continuera [de flotter]. Je ne pense pas que ça traduise un changement dans la stratégie de présence de la garde-côtière » pense-t-il.
M. Lasserre s’attend à ce qu’il y ait une mise en service progressive des nouveaux navires, car il ne pense pas que six navires seront opérationnels d’ici 2027. Il y a quinze ans, le retrait imminent du NGCC Louis S. St-Laurent qui navigue depuis 1969 avait été annoncé. Aujourd’hui le plus gros brise-glace de la Garde côtière canadienne est toujours en service. Il devait être remplacé par le Diefenbaker, qui n’a finalement jamais été construit.
Un peu sceptique à la suite de l’annonce du 26 mars 2024, M. Lasserre qui se remémore les « nombreux rebondissements dans la saga de la construction des brise-glaces » indique qu’il y croira lorsque les chantiers auront commencé.
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