Durant les vacances annuelles de L’Aquilon – vacances desquelles votre éditorialiste habituel n’est pas encore revenu – j’ai visité la charmante communauté de Fort Providence située à l’entrée du fleuve Mackenzie. Au magasin général de la place, je suis tombé sur une affiche qui invitait la population à une « assemblée publique » tenue par les promoteurs du Projet gazier du Mackenzie dans le cadre d’une étude portant sur le savoir traditionnel des habitants des communautés qui seront directement affectées par le mégaprojet. Piqué de curiosité, je me suis rendu à l’assemblée muni de mon magnétophone. De toute évidence, la tenue de cette réunion n’avait pas été ébruitée outre mesure. Moins de 15 personnes y ont assisté. Même le journaliste de l’hebdo du Deh Cho n’était pas là.
Après avoir enregistré plus de deux heures de dialogue, dont un passage très intéressant où un Aîné des KashoGot’ine expliquait que le savoir traditionnel se transmettait de génération en génération et qu’on ne pouvait pas l’acquérir en conversant quelques heures avec des Dénés, un représentant d’Imperial Oil est venu me voir et m’a demandé de fermer mon microphone. Même après lui avoir montré ma carte de presse, le représentant a maintenu son ordre et m’a intimé de ne pas écrire un seul mot sur cette réunion. L’assemblée publique allait demeurer privée.
L’attitude des promoteurs du gazoduc est pour le moins décevante. Il s’agit du plus important projet d’exploitation de ressources naturelles de l’histoire canadienne. S’il va de l’avant, il apportera à coup sûr son lot de conséquences – certaines positives et d’autres pas. Ce serait la moindre des choses de s’assurer que chacune des étapes qui mèneront à l’approbation ou au rejet du projet soient dûment documentées afin que l’ensemble de la population de la vallée du Mackenzie – sinon du Canada – puisse savoir de quoi il en retourne.
Mais plutôt que de jouer la carte de la franchise et de la transparence, Imperial Oil préfère tenir ses assemblées en catimini en se réservant le droit de déterminer seule l’information qui fera les manchettes. On a vu mieux.