le Jeudi 24 avril 2025
le Vendredi 14 octobre 2005 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Pas rentable le pipeline?

Pas rentable le pipeline?
00:00 00:00

Les négociations sur l’accès aux terres et sur le partage des revenus, gênent les promoteurs du Projet gazier du Mackenzie au point qu’ils ne sont plus aussi pressés qu’avant de le faire aboutir. La semaine dernière, c’est le président d’Imperial Oil, Tim Hearn, qui s’est plaint du rendement futur du méga-projet. « Dans les conditions actuelles, le projet n’est pas rentable et nous travaillons pour qu’il le devienne », a-t-il annoncé à la presse. Selon un Gordon Wong, un porte-parole d’Imperial, la situation n’a pas vraiment changé. « Nous avons indiqué nos préoccupations en septembre », rappelle-t-il. Selon lui, ce qu’il faut pour remettre le projet sur les rails, c’est « un cadre financier » avec le gouvernement fédéral. Malgré des rumeurs tenaces voulant que les promoteurs aient demandé deux milliards de dollars en subsides gouvernementaux, le porte-parole insiste : cela ne fait pas partie des discussions. « Il n’est pas question de demander des subventions », dit-il. Serait-ce alors le partage des revenus qui les tarabuste? « Il y a eu des articles dans les journaux qui indiquaient que nous n’étions pas satisfaits avec les royautés. Ce n’est pas le cas », répond Wong qui a refusé de préciser où les négociations achoppaient alors. On se souviendra qu’au printemps, devant les réclamations d’Impérial à l’effet qu’elle n’avait pas à assumer le coût des impacts sociaux du projet, le fédéral avait résolu de compenser lui-même les communautés affectées. Des sommes totalisant 500 millions de dollars avaient alors été dégagées pour accommoder les promoteurs. Au mot Face à ces déclarations, le Sierra Club du Canada, qui dirige la campagne Mackenzie Wild, farouchement opposée au pipeline, a décidé de prendre le président d’Impérial Oil au mot. Si ce projet n’est pas économique, affirme le directeur de la campagne anti-pipeline, Stephen Hazell, alors abandonnons le. « M. Hearn pourrait très bien être simplement en train de titiller les fédéraux pour augmenter les marges de profits, suppose Hazell. Malheureusement pour les Canadiens, les gouvernements du Canada et des TNO nous ont habitué à montrer qu’ils sont prêts à sauter dans chaque cerceau que les compagnies leur tendent. Nous pensons que ces dernières frasques sont un cerceau de trop. » Le Sierra Club trouve également suspect que les promoteurs doutent de la rentabilité d’un tel projet alors que le gaz naturel se vend à 14 $ le millier de mètres cube, un record pour cette ressource. Gordon Wong refuse cette analyse, trop simpliste pour lui. « Soyons clairs, dit-il. Le prix du gaz est cyclique. Il ne restera pas à 14 $ tout le temps. Quand on prépare un tel projet, il faut planifier à long terme. » Pendant ce temps à la Commission La Commision d’examen conjoint, l’organisme chargé d’évaluer la viablité environnementale et sociale du projet, a déclaré qu’elle était prête à passer aux choses sérieuses. « Nous avons déterminé que nous sommes en position d’entrer dans la phase d’audiences publiques de la révision », a annoncé la Commission dans un communiqué, le 7 octobre. La Commission n’attend plus que le signal des promoteurs pour entamer les audiences. Une réponse de la part de ces derniers est attendue en novembre. Après quoi, la Commission devra annoncer au moins 45 jours à l’avance la tenue des audiences. Gordon Wong indique que les promoteurs vont, comme prévu, attendre en novembre pour indiquer leur intention ou non d’entamer des audiences. Il ne peut pas se prononcer maintenant sur une éventuelle réponse. Une liste préliminaire des audiences a également été dévoilée. Selon cette liste, trente-huit audiences sont prévues, dans 25 municipalités et communautés différentes. C’est Inuvik qui en accueillera le plus, avec quatre audiences. Deux seulement sont prévues à Yellowknife, aucune à Fort Smith. Quatre se tiendront à l’extérieur des TNO : à Calgary, à Edmonton, à High Level et à Whitehorse. En juillet, la Commission avait jugé qu’elle disposait d’assez d’informations pour enclencher le prcessus, mais avait du même coup fait une série de demandes d’information supplémentaire aux compagnies. On a répondu à toutes ces demandes sauf une seule. Il s’agit d’une demande d’information concernant le recensement des populations autochtones. Annette Bourgeois, la directrice du Secrétariat du projet de gaz du Nord, un organisme qui administre la publication d’informations relatives au Projet gazier du Mackenzie, ajoute que dans l’éventualité ou des informations manqueraient toujours au moment des audiences, la Commission aurait le pouvoir de les remettre à plus tard.