Lorsque j’ai appris que je venais travailler à Yellowknife, j’ai reçu de mon réseau d’amis un nombre incalculable de conseils et de mises en garde. Tous les clichés y sont passés. De la consommation effrénée d’alcool frelaté à l’absorption de drogues, de colle et de gazoline par les Autochtones; ainsi que les dangers de la dépression nerveuse due au manque de lumière du jour en hiver. Comme si du jour au lendemain, j’allais me transformer de Dr. Jeckyll à Mr. Hyde. Il y a eu aussi les nombreux avertissements du danger que représente la rencontre d’un ours polaire. Or l’Ursus maritimus que les Inuit appellant affectueusement Nanook, ne vie pas près de la capitale des Territoires du nord-ouest. La seule chance d’apercevoir un ours blanc à Yellowknife, c’est sur les véhicules et les édifices du gouvernement territorial. À mon arrivée à Yellowknife, j’ai fait l’exploration de ma nouvelle ville, histoire d’avoir des points de repère pour les différents services et les commerces que j’utiliserai. Le meilleur outil pour découvrir une ville ce sont les « Pages jaunes ». Je pars à la recherche d’une cabine téléphonique. Après une quête longue et ardue, j’aperçois enfin une boîte téléphonique. À mon grand désarroi, la cabine est vide. Elle a subi les outrages du vandalisme et l’appareil téléphonique n’est plus là. Je me suis dit qu’il doit trôner, comme une tête d’orignal, sur un mur au-dessus d’un foyer. D’ailleurs, on m’a dit à mon arrivée que le plus dangereux prédateur du coin est le client du Gold Range. Il pratique une glorieuse activité dominicale qui remonte à l’époque de la Ruée vers l’or, et qui consiste à se taper sur la gueule à coup de “bock”, pour célébrer le Christ et le jour de fermeture hebdomadaire du Liquor store. Dans le guide de voyage Lonely planet, il y est écrit que le soir, la 50e rue entre Franklin et la 52e avenue est un endroit peu recommandable où les gens qui ont abusés de l’alcool se regroupent. Pour de nombreuses personnes les Territoires du Nord-Ouest sont une vaste étendue de neige avec des igloos et que la population des ours polaires est plus nombreuse que celle des humains. Qu’il n’y a que deux saisons au nord du 60e parallèle, soit l’hiver et le mois de juillet. Après vérification sur Internet, les Territoires du Nord-Ouest ne sont pas ensevelis sous des tonnes de neige. La moyenne annuelle des précipitations de neige est d’environ 300 mm, soit l’équivalent d’une tempête de neige à Montréal. Le 28 septembre dernier, lorsque j’ai écrit à mon réseau d’amis l’arrivée de la première neige, j’ai gardé pour moi cette information. À quoi bon briser les rêves d’aventure et les illusions ? Pourquoi briser un préjugé ? Ne préfère-t-on pas croire que les Suédoises sont les femmes les plus chaudes ? Lorsque l’on apprend que le Père Noël n’est qu’un vilain mensonge de nos parents, c’est un dur coup à prendre ! J’ai donc écrit aux amis qu’il y a eu une grosse tempête de neige en septembre, que les gens sont très robustes et courent nus dans la neige comme dans le film Atanarjuat et que les ours polaires boivent un “Coca” dans mon salon en regardant la télé !