le Mercredi 20 août 2025
le Vendredi 4 novembre 2005 0:00 Francophonie

Crépuscule sur Somba’Ke

Crépuscule sur Somba’Ke
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Mon adaptation au Grand nord canadien et à Somba’Ke (Yellowknife) se poursuit à doses homéopathiques et les chocs culturels se succèdent. Il y a tout d’abord mon milieu de travail. Le fait de travailler dans une école anglaise est déjà un dépaysement majeur en soi. Mais ce qui m’a le plus secoué fut l’interprétation de l’hymne national. Je savais déjà qu’il était chanté chaque matin dans une des 11 langues officielles des Territoires du Nord-Ouest. C’est plutôt la version country de l’ Ô Canada qui m’a le plus troublé. J’ai toujours cru qu’un hymne national était un élément sacré d’un pays au même titre que son drapeau et ses institutions politiques. J’imagine l’incident diplomatique si l’on chantait La Marseillaise sur l’air de la chanson de Soldat Louis Du rhum, des femmes, de la bière nom de Dieu ou le Star Spangled Banner sur un rythme cajun ! J’avais toujours cru que les Canadiens anglais n’entendaient pas à rire au sujet des symboles canadiens. Car, au Québec, il est courant d’apercevoir sur un billet de cinq dollars, Wilfrid Laurier avec des dents de vampires ou avec une moustache. Bravo les Ténois, une autre croyance à foutre au panier.

Depuis le retour à l’heure normale, mon quotidien a une ambiance un peu tristounette. La pénombre montre maintenant le bout de son nez avant l’heure du souper et cette atmosphère d’Halloween me rend morose. Je n’ai pas l’habitude d’avoir un automne aussi court. Il me semble qu’il y a huit semaines, j’étais encore en bermuda à combattre un humide 30° C sur une terrasse de la rue Saint-Denis. Ainsi, mon acclimatation à la vie de Yellowknife s’est heurtée à quelques désagréments dus à mon humeur maussade. Je commence à trouver certains désagréments à Yellowknife. Il y a entre autres la suractivité des glandes salivaires de certains individus. Je n’apprécie pas tellement de zigzaguer entre les crachats sur le trottoir. L’entrée du « Centre Square Mall » sur la rue Franklin est un immense crachoir, déjà dégueulassée par les amoncellements de mégots de cigarette. Est-ce dû à un arrière-goût néo-colonial canadien ou à une surconsommation de Listerine, qui provoque un afflux de sécrétion buccale ?

Il y a un truc qui me tape systématiquement sur les nerfs depuis mon arrivée. C’est lorsque j’arrive à une intersection et qu’une automobile, qui n’a pas à faire un arrêt car il n’y a pas de panneau d’arrêt, s’arrête et me fait signe de traverser. Chaque fois je suis hésitant, car je regarde l’état de la chaussée qui est glacée et les voitures qui s’approchent du coin de la rue. Je comprends que le conducteur de la voiture immobile est courtois, mais je suis peu convaincu que ceux qui arrivent derrière lui le sont autant. Devant le danger, je reste sagement sur le trottoir. Le Courtois devient discourtois et m’engueule à tour de bras !

Devant ce flot d’idées noires de circonstance, je vais terminer par un coup de coeur. Mon coup de coeur de Yellowknife, c’est les distributeurs de sacs à crotte de chien que l’on retrouve sur le sentier pédestre du lac Frame. Voilà une belle initiative qui serait exportable. Je verrais bien de ces petits distributeurs dans le 16e arrondissement à Paris.