Le 9 novembre, les leaders de la Chambre des représentants des États-Unis ont décidé de retirer un article de leur budget qui aurait permis d’ouvrir l’Arctic National Wildlife Refuge (ANWR) au développement pétrolier.
Situé sur la frontière entre l’Alaska et le Yukon, l’ANWR abrite l’ère de mise bas de la horde de caribous Porcupine et est un site sacré pour la nation Gwich’in dont le territoire ancestral s’étant de l’Alaska aux TNO.
Le gouvernement des TNO a applaudi la décision de la Chambre à majorité républicaine. « Cette nouvelle est bienvenue pour tous les Canadiens », a affirmée le premier ministre, Joe Handley.
Il s’agit d’une des rares sorties du gouvernement contre le forage dans l’ANWR. Alors que le gouvernement fédéral ainsi que celui du Yukon affichent depuis un moment déjà leur opposition au forage de la plaine arctique, le GTNO demeurait jusqu’à présent plutôt discret sur la question. Dans les nombreuses rencontres qui ont eu lieu entre les membres du cabinet des TNO et les élus de l’Alaska, jamais la question de l’ANWR n’a été abordée.
On se souviendra toutefois que, en avril dernier, Handley avait co-signé avec les autres premiers ministres du Nord un mémoire sur la souveraineté et la sécurité dans l’Arctique canadien dans lequel on affirmait que l’ouverture de l’ANWR au développement pétrolier représentait « un risque pour la sécurité environnementale et culturelle de la région ».
Historique
Depuis plusieurs années l’ANWR alimente le débat aux États-Unis.
Désigné aire protégée depuis 1959, le refuge a rapidement attiré l’attention de l’industrie énergétique quand on y a trouvé du pétrole en 1967. Avec des réserves estimées entre 12 et 30 milliards de barils, le potentiel pétrolier de l’ANWR est le plus important aux États-Unis.
En 1971, l’Alaska Native Claim Settlement Act a donné aux Gwich’in de l’Alaska, opposés au développement pétrolier, un pouvoir de gestion sur le refuge. Mais ce pouvoir ne s’étend pas au sous-sol.
Sous la pression d’écologistes et d’activistes autochtones, le refuge a été élargi en 1980 pour lui donner sa taille actuelle de 9, 2 millions d’acres. La loi de 1980 désignait la presque totalité du refuge comme réserve écologique, mais cette appellation ne concernait pas la zone côtière où l’on retrouve le pétrole. Par contre, on indiquait que le développement pétrolier était interdit dans l’ensemble de l’ANWR.
En 1996, le Congrès a tenté de faire modifier cette disposition. Le Reconciliation Bill avait d’ailleurs été adopté par la majorité des représentants. Le président d’alors, le démocrate Bill Clinton, avait cependant utilisé son droit de veto et la Loi n’avait finalement pas abouti.
Avec l’arrivée au pouvoir de George W. Bush, le débat sur l’ouverture de l’ANWR a repris de plus belle. Le président a désigné le pétrole du refuge comme étant la clef de sa politique énergétique.
Au printemps dernier le Sénat américain a voté en faveur de l’ouverture de l’ANWR au développement pétrolier. Cela avait déclenché des vagues d’indignation chez les écologistes du Canada et des États-Unis. Une importante manifestation avait, notamment, eu lieu à Whitehorse au Yukon.