« Le Canada a donné plus qu’assez aux grandes entreprises, il est temps de prendre soin des citoyens canadiens. »
« Plus, pour les citoyens » c’est le credo de Jack Layton pour cette campagne, mais aussi celui de Dennis Bevington, candidat aux TNO pour le Nouveau Parti Démocratique, NPD.
Dans une entrevue, à la fin décembre, Bevington, natif et résident de Fort Smith, a déclaré vouloir redonner le Nord à ses citoyens.
À cette fin, il entend exploiter les ressources renouvelables du Nord et rendre ce dernier plus attrayant. Il veut encourager les travailleurs de tous les domaines à faire du Nord leur résidence permanente.
« Ça coûte trop cher vivre ici », lance Bevington, « j’ai vu beaucoup trop de pauvreté en me promenant à travers les différentes communautés, il faut rendre le Nord abordable ».
Selon Bevington, la solution première est de se détourner des énergies fossiles rares et dispendieuses et d’opter pour des énergies renouvelables. Il faut aussi rendre les communautés plus indépendantes. Par exemple, aller de l’avant avec la construction de micro-centrales hydrauliques dans certaines municipalités nordiques. En plus d’encourager l’utilisation de poêles à bois, il compte aussi sur une réduction des taxes foncières.
Bevington entend trouver l’argent pour de tels projets dans une exploitation écologique des ressources nordiques.
Il s’est prononcé en faveur du controversé projet du gazier du Mackenzie.
« Il faut être réaliste, » a-t-il dit, « le Canada a besoin de gaz naturel et du revenu monétaire de ce projet, mais pas à n’importe quel prix ».
Selon Bevington, il faut régulariser l’industrie dès le départ. Les grandes compagnies, telles qu’Imperial oil, devront se soumettre à des règles plus sévères. Pas question d’avoir des routes privées et encore moins de faire des coupes de 8 mètres de larges. Bevington suggère des coupes à la main pour un pipeline qui ne transporterait pas plus de 1.2 milliard de pieds carrés de gaz naturel par jour. C’est plus long et plus coûteux, mais à long terme ça vaut son pesant d’or.
« Nous avons des richesses naturelles en abondance », a dit Bevington, « exploitons-les intelligemment »
Sa priorité demeure l’environnement, après tout il est président de Stand Alone Energy Systems Ltd., une compagnie qui étudie et développe des systèmes d’exploitation d’énergies renouvelables. Cependant, la protection de l’environnement ne se fera jamais au détriment du progrès et de l’économie. Il en est à sa troisième élection et son désir de changer les choses ne fait que grandir.
D’abord, il s’est lancé en politique en 2000 propulsé par sa frustration envers un gouvernement qui, à son avis, n’accomplissait rien. Il a perdu, mais ses idées et son charisme ont accroché plusieurs et lors de sa deuxième élection ses partisans l’ont encouragé à revenir à l’assaut. Ont suivi des élections aux résultats très serrés. À peine 50 votes le séparaient de la gagnante, la libéral Ethel Blondin-Andrew. Cette fois, Bevington entend l’emporter.
Son support, il va le chercher une personne à la fois. Et si quelques-uns le voient comme un candidat NPD, la plupart des citoyens de fort Smith le voient comme l’excellent maire qu’il fut pour la ville pendant neuf ans. Il n’est pas rare d’entendre les membres de la communauté exprimer leur appui à Bevington, non pas pour le parti qu’il représente mais pour l’homme qu’il est.
Néanmoins, Bevington est en parfait accord avec les idées de son parti. Son amitié avec Layton remonte aux années 90 lorsque lui et Layton travaillaient ensemble à la Fédération Canadienne des Municipalités (FCM), ou ils siégeaient au conseil sur le Fonds Vert.
Quant aux accusations des libéraux, Bevington n’en croit pas ses oreilles. La députée libéral Madame Ethel Blondin-Andrew a déclaré dans ce même journal que le déclenchement hâtif des élections avait nui aux négociations, qui étaient sur le point d’aboutir entre Ottawa et les autochtones. Ces propos ont d’ailleurs été appuyés par d’autres candidats libéraux, mais ils n’ont fait que sourire Bevington.
« Ça fait 13 ans que les libéraux disent qu’ils vont faire quelque chose et ça fait 13 ans qu’ils font rien, » a-t-il lancé d’un air découragé.
Selon lui les quelques pas vers l’avant au sommet des autochtones sont attribuables aux fonds débloqués par le NPD lors du budget de mai. Il a dénoncé de vive voix la manière de faire du gouvernement libéral.
D’abord il s’en est pris à la gestion du budget du programme de « la Stratégie pour le Nord ». Quarante millions de dollars par territoire qui devaient être investis dans des idées constructives, mais qui selon Bevington ont été redistribués lâchement entre les communautés sans aucune idée concrète.
Bevington a aussi cru bon de commenter le scandale de l’heure.
« Le pire dans le scandale des commandites, ce ne sont pas les milliards perdus, » a dit Bevington, « c’est l’imbécillité du cabinet libéral qui a cru que des pancartes et des gilets à l’effigie du Canada suffiraient à unifier notre pays ».
Pour Bevington, un vote libéral c’est un vote pour le lobbying, la stagnation, et le manque cruel de considération envers les vrais enjeux de notre pays. Et, « malgré ce que les libéraux disent, un vote pour le NPD, c’est loin d être un vote conservateur. ».