le Jeudi 24 avril 2025
le Vendredi 7 avril 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Discours du Trône L’absence du Nord est remarquée

Discours du Trône L’absence du Nord est remarquée
00:00 00:00

Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, est déçu que le développement du Nord n’ait pas été mis de l’avant dans le discours du Trône qui a été prononcé mardi, à la chambre des Communes.

« J’aurais apprécié que le premier ministre [Stephen Harper] profite du discours pour annoncer l’élaboration d’une stratégie de développement régionale pour le Nord », indique celui qui entame sa tout première session parlementaire.

Le discours, somme toute succinct, qu’a lu la gouverneure générale n’a pas du tout mentionné le Nord, déplore le député néo-démocrate. Même le renforcement de la présence militaire canadienne dans l’Arctique, un des chevaux de bataille de Stephen Harper durant la campagne électorale, n’a pas été évoqué. À cet égard, ce premier discours du Trône du gouvernement conservateur détonne avec ceux de Paul Martin qui faisaient toujours une place aux territoires.

Bevington note également que le discours « n’a fait que très peu mention des Autochtones ». « Je trouve cela inacceptable », s’indigne-t-il.

Le seul passage du discours qui mentionne les Autochtones se résume à une courte phrase qui laisse amplement de place à l’interprétation : « [le gouvernement] cherchera à améliorer les possibilités pour tous les Canadiens, notamment les Autochtones et les nouveaux immigrants. » Dans tous les cas, il n’a pas été annoncé que le gouvernement allait respecter les accords de Kelowna. Ces accords, conclus par les libéraux quelques jours avant le déclenchement des élections, présentent une série de mesure qui visent à améliorer le sort des Premières Nations, notamment un plan de compensations pour les survivants des pensionnats indiens.

Par contre, Bevington se dit « enchanté et surpris » par l’annonce qui a été faite à propos de la petite enfance. C’est la phrase « en collaboration avec les provinces et les territoires, les employeurs et les organismes communautaires sans but lucratif, [le gouvernement] encouragera l’établissement de nouvelles places en garderie » qui retient l’attention du député de Western Arctic. D’après lui cette formulation « laisse la porte ouverte à une approche plus globale pour répondre aux besoins de la petite enfance » que le seul paiement direct aux parents préconisé par les conservateurs.

La stratégie de Harper en matière de garderies – stratégie qu’il a d’ailleurs réitérée dans le discours du Trône – consiste à verser aux jeunes familles des allocations annuelles de 1200 $ afin qu’elles choisissent le service de garde qui leur convient le mieux. Pour Bevington « c’est tout simplement insuffisant ». Il espère que ce petit bout de phrase annonce une volonté de reprendre les négociations avec les territoires et les provinces pour le financement de services de garde publiques.

« Entendons-nous. Nous [les membres du Nouveau parti démocratique] ne sommes pas contre le fait de donner de l’argent aux familles. Mais ce que nous souhaitons c’est d’abord de créer un programme de garde qui soit étendu et bon pour tous les Canadiens », dit-il.

TPS et « colonialisme »

Celui qui se dit « amusé » par tout le protocole qui entoure la lecture du discours du Trône refuse de voir dans la réduction de 1 % de la TPS un geste positif pour le Nord. Même s’il admet que cette mesure fera forcément diminuer le prix des biens de consommation qui sont particulièrement élevés dans les communautés éloignées, Bevington considère que « ce sont essentiellement les gens les plus fortunés qui en bénéficieront ».

« Les biens de consommation les plus importants pour les personnes les plus pauvres ne sont pas touchés par la taxe sur les produits et services », note le député qui cite la nourriture en exemple. Son parti préconise plutôt des réductions d’impôts spécifiques pour les personnes à faible revenus, précise-t-il.

Le discours du Trône faisait également la part belle au Québec en lui promettant un fédéralisme plus flexible et une représentation directe à l’UNESCO. Bevington estime que les TNO méritent, eux aussi, qu’on redéfinisse leur place au sein de la fédération canadienne. « En ce moment nous n’avons même pas accès aux bénéfices de base du fédéralisme », constate-t-il.

Par cette remarque, le représentant des TNO sur la colline parlementaire fait référence au fait qu’Ottawa n’a toujours pas conclu avec le gouvernement territorial une entente sur la dévolution, qui donnerait aux Territoires des pouvoirs similaires à ceux des provinces et la possibilité de retirer des revenus des ressources naturelles extraites à l’intérieur de ses frontières. Selon Bevington la situation constitutionelle des TNO frôle « le colonialisme ».

« En matière de fédéralisme nous sommes tellement en queue de peloton », soupire Bevington. « Ce gouvernement semble plus ouvert à introduire dans le discours intergouvernemental une approche plus régionaliste et j’espère qu’il y a une place pour les Territoires du Nord-Ouest là-dedans. »