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le Vendredi 19 mai 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Souveraineté du Canada dans l’Arctique L’ambassadeur états-unien maintient sa position

Souveraineté du Canada dans l’Arctique L’ambassadeur états-unien maintient sa position
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Les États-Unis ne reconnaissent pas la souveraineté canadienne dans les eaux qui entourent les îles arctiques, a réitéré mardi l’ambassadeur états-unien au Canada, David Wilkins, en visite au centre de commandement des Forces canadiennes dans le Nord, à Yellowknife.

Talonné de questions par les journalistes, c’est du bout des lèvres que le diplomate a abordé l’épineux dossier. « Tout ce que je peux faire, c’est de rappeler la position du gouvernement américain et vous la connaissez », a-t-il dit.

La position du gouvernement états-unien est que les eaux arctiques sont internationales et que les bateaux flanqués du pavillon étoilé n’ont pas besoin de demander de permission au Canada pour les emprunter. « C’est la position des États-Unis et de plusieurs autres pays », a rapellé l’ambassadeur.

Le Canada affirme pour sa part que les eaux arctiques, et plus particulièrement le Passage du Nord-ouest, sont des eaux intérieures. Pour défendre cette position on site souvent en argument l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut qui désigne le Passage du Nord-Ouest comme faisant parti du territoire inuit, et le territoire inuit comme faisant parti du Dominion canadien.

Même si le gouvernement Harper respectait sa promesse électorale de militariser l’Arctique et de procurer à l’armée canadienne des brise-glaces pour patrouiller le Passage du nord-ouest, Washington continuerait de nier la souveraineté canadienne, a laissé entendre Wilkins. « Nous respectons les actions du premier ministre [Harper], mais notre position est ferme. Nous nous sommes entendus sur notre mésentente.C’est bien comme ça. »

L’ambassadeur a loué la collaboration entre les deux pays dans le cadre du NORAD, l’Accord sur la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord dont plusieurs des bases stratégiques sont situés dans l’Arctique canadien. « Le NORAD est un excellent exemple de l’esprit de collaboration qui anime nos deux nations », a-t-il commenté. L’Accord conclu en 1958 a été renouvelé le 12 mai dernier.

Ours polaires

Jusqu’à maintenant, les États-Unis n’ont pas l’intention de désigner l’ours polaire comme une espèce menacée, a annoncé l’ambassadeur.

« Dans l’immédiat les ours polaires ne font pas partie des espèces que nous réglementons », a-t-il indiqué.

Selon la CBC, l’Agence américaine de la faune et des pêches a récemment entamé une révision du statut de l’ours polaire afin de déterminer si le prince de la banquise doit être ajouté à la liste du Endangerd Species Act états-unien. Cette révision ferait suite à la réception de pétitions provenant de certains groupes de conservation dont Greenpeace et à la désignation récente de l’ours blanc comme espèce menacée par l’Union mondiale pour la nature. Une éventuelle modification à la loi pourrait empêcher les chasseurs états-uniens de prendre part à des chasses sportives à l’ours polaire, privant ainsi le Canada et les communautés inuit d’importants revenus.

Cette semaine, l’expert en ours polaires du gouvernement du Nunavut, Mitch Taylor, a envoyé un document à l’agence américaine dans lequel il recommande de ne pas ajouter l’ours polaire à la liste des espèces menacées. Selon ce document, les populations canadiennes d’ours polaires ne sont pas en déclin. Dans la péninsule de Boothia, sur l’île de Baffin, on a même observé l’an dernier une augmentation de plus de 600 bêtes par rapport au dernier recensement.

Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, Joe Handley, prenait également part à la conférence de presse. Il a, à son tour, plaidé contre l’interdiction de la chasse à l’ours polaire. « Nous allons continuer de faire du démarchage auprès du gouvernement américain pour nous assurer que notre industrie de la chasse ne soit pas mise à mal par une décision inconsidérée », a-t-il dit.

D’après lui, le discours des groupes de conservation ne concorde pas avec les observations des experts qui oeuvrent dans le Nord. « Nous avons les meilleurs biologistes au monde », a insisté le premier ministre.

Passeport

Faites-vous à l’idée, il faudra bientôt montrer patte blanche pour traverser la frontière canado-américaine, a réitéré David Wilkins.

« La loi est votée », a-t-il dit faisant référence à la récente décision d’exiger, dès le 1er février 2008, un document d’information pour traverser du côté sud du 47e parallèle. Mais ce document officiel ne devra pas forcément être un passeport, a précisé l’ambassadeur.

« Nous travaillons présentement à l’élaboration d’une carte d’identification qui comprendrait toutes les informations qu’on retrouve dans un passeport, mais qui serait plus facile à obtenir », a-t-il dit.

Il a aussi indiqué que les nouvelles mesures de contrôle de l’immigration annoncées le 15 mai par le président Bush concernaient d’abord la frontière mexicaine. « Je tiens à préciser que le plan stratégique que [le président Bush] a proposé vise spécifiquement notre frontière du Sud. Il n’y a pas de changement avec notre frontière du Nord. »

Dans son discours du 15 mai, le président américain a, entre autres, annoncé qu’il posterait 6000 soldats de la Garde nationale à la frontière mexicaine.

Le pétrole et Kyoto

L’ambassadeur a brièvement abordé la question des changements climatiques. D’après lui, même s’ils n’ont pas ratifié le protocole de Kyoto, les États-Unis font des efforts pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, notamment en investissant dans la recherche et la technologie.

« Nous avons réduit notre augmentation » d’émissions de gaz à effet de serre, a-t-il souligné.

David Wilkins a enfin laisser entendre que l’industrie pétrolière et gazière du Canada, et notamment des Territoires du Nord-Ouest, peuvent s’attendre à faire de bonnes affaires avec les États-Unis. « Comme vous le savez, nous souhaitons réduire notre dépendance envers le pétrole et le gaz étranger », a-t-il dit.

« Je vous suggèrerais que, alors que le Canada développe davantage ses réserves pétrolières, notre intérêt pourrait augmenter au profit du Canada ».