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le Vendredi 26 mai 2006 0:00 Économie

Grève à Ekati Les négociations reprennent

Grève à Ekati Les négociations reprennent
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Après sept semaines de conflit de travail, les équipes de négociations de BHP Billiton et de l’Alliance de la Fonction publique du Canada (AFPC) se rencontreront, jeudi et vendredi, pour tenter d’en arriver à une entente pour les travailleurs de la mine de diamants Ekati.

Selon la partie patronale, c’est le syndicat qui aurait une contre-offre à proposer : « Je veux clarifier que le syndicat nous a approché en disant qu’elle avait une contre-offre. Ce n’est donc pas nécessairement une reprise des négociations, mais nous avons dit que si le syndicat était prêt à faire une offre raisonnable, avec l’intention de régler le conflit en prenant compte de nos relations avec les Autochtones et des ententes d’impacts socio-économiques, nous retournerions à la table », explique Deana Twissell, porte-parole de la compagnie minière.

De son côté, le vice-président régional pour le Nord de l’AFPC, Jean-François Des Lauriers, voit cette rencontre d’un bon œil. « C’est déjà un bon signe », mentionne-t-il, ajoutant que le syndicat a demandé l’aide d’un médiateur nommé par le ministre du Travail du Canada.

M. Des Lauriers rappelle qu’au cours de la dernière rencontre, ayant eu lieu les 5 et 6 avril, les négociations ont achoppé sur les salaires, les vacances, la sécurité d’emploi et l’ancienneté. « La réponse de l’employeur était loin d’être satisfaisante. En fait, il faisait marche arrière par rapport à ce qu’il nous proposait précédemment ». BHP Billiton, de son côté, nie avoir baissé son offre au syndicat. « Nous avons fait une offre très substantielle qui était la meilleure de cette catégorie », soutient Mme Twissell.

L’annonce de la rencontre venait quelques jours après la visite du président national de l’AFPC, John Gordon, à Yellowknife. Selon ce dernier, la compagnie utilise des briseurs de grève et des sous-tratants pour faire le travail des syndiqués. « C’est inacceptable. Si BHP Billiton souhaite demeurer au Canada et continuer d’y faire affaires, elle doit respecter les travailleurs canadiens », a-t-il martelé.

De son côté, BHP Billiton nie utiliser des briseurs de grève pour effectuer le travail des syndiqués. Selon Mme Twissell, Ekati compterait plutôt sur 40 % des syndiqués qui ont traversé les lignes de piquetage pour se présenter au travail. Cette dernière ne peut cependant pas prouver ces chiffres. « Nous continuons de donner toutes les informations à jour que nous avons. Nous disons la vérité durant les entrevues avec les médias et 40 % des employés ne soutiennent pas les moyens de pression. Je ne peux tout simplement pas donner une liste de noms, ça compromettrait la sécurité de ces employés », dit-elle.

M. Gordon ne nie pas que des travailleurs syndiqués aient pu traverser la ligne de piquetage. Ce dernier se refuse cependant à chiffrer le nombre de ces personnes. Quant à savoir si ceux-ci s’exposent à des pénalités de la part du syndicat, M. Gordon préfère attendre avant de se prononcer.

Le président national de l’AFPC préfère plutôt consacrer ses efforts à l’adoption d’une loi anti-briseurs de grève, du côté d’Ottawa. Selon ce dernier, le Bloc québécois a déposé un tel projet de loi le 4 mai dernier, alors que le Nouveau parti démocratique a fait de même le 17 mai. Rappelons qu’avant la dernière dissolution de la Chambre, un tel projet a été rejeté par une très mince majorité. Présentement, seuls le Québec et la Colombie-Britannique possèdent une telle législation.

Demande d’injonction

L’employeur et le syndicat se sont aussi retrouvés devant un juge, la semaine dernière, alors que BHP Billiton demandait une injonction visant à limiter les lignes de piquetage. La compagnie soutient que plusieurs de ses employés syndiqués sont victimes de harcèlement et d’intimidation alors qu’ils traversaient les lignes de piquetage pour se rendre à la mine. La Cour a décidé d’accorder plus de temps à la défense pour déposer ses documents. Ceci devait être fait avant le 23 mai dernier. Une date pour l’audience sera déterminée sous peu.

Selon John Gordon, il s’agit « d’accusations non fondées. C’est la compagnie qui nous harcèle sur les lignes de piquetage en y déployant une caméra. Jusqu’à maintenant, la police n’a rien identifié d’illégal », dit-il.

Décision du Conseil canadien des relations industrielles

Par ailleurs, le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a rendu une décision, le 23 mai dernier, concernant la demande de révocation d’accréditation syndicale déposée par un employé syndiqué de la mine. Le CCRI a maintenu l’AFPC comme agent négociateur représentant les employés syndiqués de la mine. « Cet argument n’est donc plus dans le portrait pour BHP Billiton », s’est réjoui M. Des Lauriers.