Alors que la Fédération Franco-TéNOise (FFT) réclamait 8668,22 $ en arrérage de loyers de la part de l’Association franco-culturelle de Yellowknife (AFCY), c’est finalement un chèque de 5522,69 $, plus les taxes afférentes, qui lui a été envoyé. C’est que l’AFCY a procédé, au cours des dernières semaines, à une analyse détaillée des coûts d’exploitation de la Maison Laurent-Leroux, pour arriver à des conclusions bien différentes sur le partage de ces coûts entre les occupants de la maison. D’ores et déjà, la FFT a annoncé qu’elle maintenait sa position et que si les arrérages complets n’étaient pas payés au 31 mai, l’AFCY risquait de devoir déménager ses pénates.
Le 26 mai dernier, l’AFCY a donc remis un volumineux rapport à la FFT sur la comptabilité de cette dernière en regards au poste budgétaire sur la Maison Laurent-Leroux. « Rien dans les chiffres qui nous ont été transmis ne nous permet d’établir que les coûts d’exploitation seraient passés, entre 2004-2005 et 2006-2007, de 42 290,77$ à 62 457$ (une augmentation de 47,68%), montant qui justifierait, au prorata de l’espace occupé par notre association et sa radio (40,36%), le loyer de 25 208,64$ exigé pour l’année en cours », peut-on lire dans la lettre de présentation du rapport.
En fait, l’AFCY estime que, selon l’espace qu’elle occupe dans la Maison Laurent-Leroux, son loyer devrait être de 17 321,46$ pour l’année 2005-2006 et de 17 587,08$ pour 2006-2007, au lieu des 18 748, 56 $ pour 2005-2006 et 25 208,64 $ pour 2006-2007 que réclame la FFT.
Au chapitre des chiffres, les différences majeures entre les données de la FFT et celles de l’AFCY sont principalement au niveau de l’assurance et de l’espace occupé par la FFT dans la maison.
Pour ce qui est de l’assurance, l’AFCY dit posséder sa propre assurance, alors que la FFT dit couvrir tout l’immeuble ainsi que tous les biens qui y sont contenus, de même que dans le garage. Pour l’AFCY, comme elle possède déjà sa propre assurance, elle ne devrait pas avoir à payer une partie de la couverture de la FFT.
La part de la FFT
Quant à l’espace occupé par la FFT dans la maison Laurent-Leroux, l’AFCY ajoute une valeur de 11 350,87 dans la colonne des revenus de la FFT. Selon l’organisme culturel, les espaces occupés par la FFT ont une valeur qu’elle devrait payer si elle n’était pas propriétaire de la maison. Cette évaluation devient donc un revenu. Dans une lettre datée du 16 mai 2006 et adressée à la directrice générale de l’AFCY, Carmen Moral-Suarez, le directeur général de la FFT, Léo-Paul Provencher, souligne qu’il « ne connaît pas de propriétaires qui s’imputent un loyer comme à leurs locataires ». Ce dernier ajoute qu’en assumant les risques reliés à la propriété d’une maison, la FFT fait sa part à ce niveau.
Selon M. Provencher, l’analyse de l’AFCY renferme plusieurs éléments du principe commercial de la gestion d’un immeuble. « Je ne gère pas un immeuble commercial et je ne gère pas sous ces principes. Je vois les coûts d’exploitation et l’objectif est d’établir une mécanique de partage des coûts le plus équitable possible. C’est ce qu’on a fait ». M. Provencher ajoute que s’il avait fallu gérer l’immeuble selon les seuls principes commerciaux, il aurait fallu dégager une marge de rentabilité et des charges pour l’accueil des visiteurs de l’AFCY quand personne de cet organisme n’est présent au bureau. Un coût serait aussi associé aux espaces de rangement. En conséquence, «la facture serait beaucoup plus importante », de signaler celui qui rappelle que la FFT n’est présentement pas en négociations sur le sujet. Donc, les décisions antérieurement prises par le conseil d’administration de la FFT tiennent toujours.
De son côté, Mme Moral-Suarez dit attendre une réponse du conseil d’administration de la FFT. « J’ai un travail de gestionnaire à faire et je le fais avec méticulosité », de mentionner celle qui dit espérer ne pas avoir à en arriver à un déménagement. Pour ce qui est des autres questions, Mme Moral-Suarez répète que les réponses se trouvent dans le rapport qu’elle a remis à la FFT. Ce rapport est d’ailleurs disponible aux membres de l’AFCY pour consultation.
Pour ce qui est du président de l’AFCY, Martin Dubeau, il se montre un peu plus loquace sur la question. « Nous faisons tout ce qui est dans la mesure du possible pour régler cette question. Nous sommes effectivement locataire, mais en tant que membre de la FFT, nous demandons également des comptes, à savoir pourquoi on en arrive là ? » Selon lui, c’est par souci des membres de l’AFCY que l’organisme passe à travers toutes ces procédures. « Nous avons des comptes à rendre à nos membres et en tant qu’organisme membre de la FFT, nous lui demandons ce que nos membres veulent savoir », explique M. Dubeau qui considère avoir « assez perdu de temps ».
«Nous sommes tannés de nous faire rudoyer par la FFT. Personne, de notre côté, n’est en accord avec la manière avec laquelle la FFT conduit le dossier ».
À titre d’exemple, Martin Dubeau rappelle que la FFT a mis huit mois avant de donner une première réponse à l’AFCY quand l’organisme a demandé des explications, pour la première fois, sur la hausse du coût du loyer.
« Maintenant, on se fait menacer de se faire mettre à la porte, ça manque de sérieux », de renchérir M. Dubeau.