C’est par voie de communiqué que l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) a annoncé qu’elle rejetait la dernière offre patronale visant à mettre un terme à la grève de la mine Ekati, qui dure depuis le 7 avril dernier.
Selon le syndicat représentant quelque 400 travailleurs, l’offre de BHP Billiton serait « illégale ». L’AFPC a d’ailleurs décidé de déposer une plainte pour pratique déloyale en vertu du Code canadien du travail.
« BHP a essayé d’enlever, dans sa dernière offre, des articles sur lesquels nous nous étions déjà entendus et qui avaient été signés. En plus, la compagnie a demandé un processus de ratification qui interfère avec les pratiques d’un syndicat. Il s’agit d’une violation du Code du travail », a fait savoir le vice-président pour la région du Nord de l’AFPC, Jean-François Des Lauriers.
Le syndicat plaide aussi que l’offre de BHP Billiton aurait mené à des congédiements injustes et à des mesures disciplinaires contre les grévistes. Le syndicat aurait aussi été obligé de retirer ses plaintes au Conseil canadien des relations industrielles, alors que la compagnie n’aurait pas été obligée d’en faire autant.
L’offre de convention collective, qui aurait duré un an, mentionnait des augmentations de salaires sur deux ans. « Comment quelqu’un pourrait penser qu’un contrat d’un an mènerait des augmentations sur deux ans ? », s’est demandé le président du Syndicat des travailleurs du Nord, Todd Parsons.
Selon ce dernier, BHP Billiton induit le public et les travailleurs en erreur lorsqu’elle parle d’augmentations salariales de 4 %. « Seulement 1,5 % est garanti. Seulement les travailleurs appréciés par la compagnie obtiendraient les 4 % et je parierais que les grévistes ne verraient jamais cette augmentation parce que ce serait aux gérants de décider ».
De son côté, la compagnie a qualifié son offre d’exceptionnelle. Elle se dit « préoccupée » pour ses employés, alors que le syndicat s’est retiré des négociations, « refusant de transmettre l’offre aux travailleurs et insistant plutôt sur son pouvoir d’imposer des sanctions et de prélever des amendes » aux employés ayant traversé les lignes de piquetage.
Selon Ekati, la partie patronale a insisté sur des mesures de protection des employés pour éviter que ceux qui ont traversé les lignes de piquetage se voient imposer des amendes ou des pénalités, ce que le syndicat aurait refusé.
Un appui du NPD
Pendant ce temps, la porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de Travail, Libby Davies, était à Yellowknife pour offrir son soutien aux travailleurs en grève.
La politicienne de Vancouver a longuement parlé de l’importance de faire adopter les projets de loi anti-briseurs de grève au cours des prochains mois. Deux projets de loi sur le sujet feront bientôt l’objet de débats, le premier déposé par le Bloc québécois, le second par le NPD. « Nous sommes très optimistes que, cette fois, il y aura un vote en deuxième lecture pour l’envoyer en comité », de mentionner celle qui dit appuyer le projet du Bloc québécois « en signe de bonne foi ».
D’ici à ce que les députés soient appelés à voter, Libby Davies s’attend à un fort lobby auprès de tous les députés pour qu’ils votent en faveur de cette loi, qui régirait les milieux de travail sous compétence fédérale.
Les projets de loi privés, comme ceux présentés par le Bloc et le NPD, sont habituellement des votes libres. Seuls les membres du Conseil des ministres doivent se soumettre à la solidarité ministérielle. « Ça crée une situation intéressante parce que la dernière fois, les Conservateurs étaient dans l’opposition et beaucoup de leurs députés ont voté en faveur du projet. Certains ministres libéraux avaient voté contre. Maintenant, ils pourront voter pour parce qu’ils sont dans l’opposition », explique Mme Davies.
Cette dernière signale que les caucus néo-démocrate et bloquiste voteront tous en faveur du projet de loi.