Cette semaine le Canadian Center for Policy Alternatives a produit un rapport déconcertant dans lequel le think tank de gauche nie carrément l’existence du déséquilibre fiscal entre les territoires, les provinces et Ottawa. Leur conclusion ressemble à une fable libérale : les provinces et les territoires n’ont qu’à augmenter leurs impôts, disent-ils.
Cette analyse, typique d’une certaine frange de la gauche canadienne qui jubile devant les augmentations de taxes et rêve d’un gouvernement central tout-puissant, n’a tout simplement pas de bon sens. Le déséquilibre fiscal n’est plus à démontrer. Ici, aux TNO, avec son micro-budget d’un milliard $ par an, le gouvernement territorial n’a même pas les moyens de pourvoir des services aussi essentiels que l’eau courante à l’école de Colville Lake. Pendant ce temps, le fédéral patauge dans les surplus qu’il a le culot d’investir dans des frivolités comme l’allégement de la dette publique ou les joujoux guerriers.
Qu’on règle cette aberration en donnant aux TNO de nouveaux pouvoirs de taxation sur les ressources naturelles pillées dans ses terres ou en renégociant une nouvelle formule de financement territorial ne change, au fond, pas grand-chose. L’important c’est que le gouvernement territorial, celui qui est responsable de la mise en oeuvre des programmes sociaux, ait les moyens de remplir ses obligations envers ses citoyens.
Depuis Paul Martin, les ministres des Finances canadiens, en bons frères économes, psalmodient tous cette homélie farfelue : « nous sommes le seul pays du G8 à générer des surplus budgétaires. Le monde entier nous envie. » Allons bon! Nous sommes le seul pays du G8 assez radin pour ne pas dépenser ses deniers publics, voilà tout.
Les fortunes qui croupissent dans les coffres fédéraux appartiennent aux Canadiens. Elles doivent leur être retournées sous forme de services et de programmes sociaux. Tant qu’il restera un enfant affamé, tant qu’il restera un sans-abri, tant qu’il n’y aura pas d’eau courante à l’école de Colville Lake, le gouvernement fédéral n’aura aucune excuse pour engranger des surplus.