Pour l’auteur et environnementaliste bien connu Jamie Bastedo il est impératif que le fleuve Mackenzie soit reconnu comme une voie d’eau patrimoniale canadienne avant qu’on autorise la construction du gazoduc.
Devant la Commission d’examen conjoint de passage à Yellowknife, l’auteur de On Thin Ice a présenté une série de photos à couper le souffle prises lors d’un voyage le long de la portion ténoise du Sentier transcanadien, dont la plus grande partie est en fait le fleuve Mackenzie.
Après avoir présenté de nombreux sites qui témoignent de la valeur patrimoniale du fleuve – dont une pagaie de canot utilisée dans une course de canot tenue 17 ans plus tôt pour commémorer les 200 ans de l’expédition de William Mackenzie que l’auteur avait apportée avec lui – Jamie Bastedo a résumé son propos : « ce genre de trésor n’a pas de prix », a-t-il simplement dit.
Il a suggéré que le statut patrimonial du fleuve soit reconnu avant la mise en chantier du projet. Des démarches en ce sens sont déjà entamées, a-t-il indiqué. Jusqu’à présent, les TNO comptent trois rivières patrimoniales : la Nahanni, la Thelon et la Arctic Red. Jamie Bastedo s’est aussi dit solidaire de la proposition du groupe Ecology North de rendre le pipeline « neutre en carbone », c’est-à-dire forcer les promoteurs à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’autant de tonnes que ce que la construction du gaz engendrera.
« J’ai changé d’idée »
Sylvie Francoeur, une résidente de Yellowknife mère d’un enfant en bas âge, a expliqué comment son opinion sur le projet de gazoduc avait changé depuis un an et demi.
Celle qui travaille pour un organisme qui fait la promotion du développement économique aux Territoires du Nord-Ouest a raconté qu’elle était d’abord favorable au projet. « Je croyais que ça aurait un impact et des bénéfices énormes pour les TNO, de plus les Autochtones semblaient en faveur, alors c’est pour ça que j’appuyais le projet », a-t-elle témoigné. Mais après s’être renseigné davantage, elle a changé son fusil d’épaule.
« Une des choses qui m’a le plus surprise et qui a contribué à mon changement d’opinion, c’est le fait qu’une organisation de jeunes Autochtones étaient contre le projet. Je me suis dit que s’il y a bien un groupe dans le Nord qui devrait être en faveur ce devrait être eux, puisque ce sont eux qui vont en bénéficier le plus grandement, et ils sont contres. Alors je me suis dit : il y a quelque chose qui cloche », a expliqué Francoeur. Aujourd’hui elle se prononce « contre le projet tel qu’il est présentement développé ».
Elle s’est dit en faveur du développement économique, mais pas à tout prix. « Pour moi le développement économique doit être durable et holistique. »
Celle qui a grandi à Fort McMurray, la ville des sables bitumineux albertains, a raconté le choc qu’elle a éprouvé, la première fois qu’elle a mis les pieds à Yellowknife. « C’était la première fois que je voyais de la neige blanche. À Fort McMurray, toute la neige est jaune. »
Est-ce que ça vaut la peine de présenter ?
Un commentaire qui est revenu de façon récurrente à cette séance d’audiences tenue à Yellowknife, est que certains présentateurs doutent de l’impact de leur prestation devant la Commission d’examen conjoint. Plusieurs signalent que la décision du gouvernement semble déjà prise. Anke Tuininga fait partie de ces personnes qui craignent de parler pour rien. « Le 18 août, j’ai entendu Stephen Harper et Joe Handley parler. J’ai eu l’impression que le pipeline est un fait accompli », a-t-elle dit, faisant référence à la déclaration du premier ministre canadien à l’effet qu’il compte « faire tout ce qui est légalement possible pour s’assurer que le pipeline aille de l’avant ».
