La position des Premières nations du Deh Cho quant à la conclusion d’une entente de revendications territoriales avec le gouvernement fédéral a pris un tournant inattendu la semaine dernière.
Réunis en assemblée spéciale, le 30 novembre, les Deh Cho ont adopté une résolution qui ouvre la porte à la sélection de terres, une option qui, jusque là, avait toujours été catégoriquement rejetée par la nation du sud-ouest des TNO.
Le grand chef des Deh Cho, Herb Norwegian, soutient que la résolution ne signifie pas nécessairement que les siens ont l’intention de procéder à la sélection de terres, mais qu’ils sont prêts à évaluer cette possibilité. « Nous maintenons que nous sommes les propriétaires du territoire dans son ensemble. Ça n’a pas changé », indique Norwegian dans un point de presse.
Le grand chef se dit toutefois prêt à considérer une offre de sélection de terres jugée raisonnable par les Deh Cho. « Si c’est une bonne sélection, on pourrait aller dans cette voie-là », dit-il
« Ce qui est différent aujourd’hui c’est que nous avons une résolution qui dit que nous pouvons explorer l’option de la sélection de terres. Avant, on ne pouvait pas », précise le négociateur des Deh Cho, George Erasmus..
Quelle que soit l’option retenue, un point central commande la position des Deh Cho : l’intégrité du territoire doit être préservée. « Il faut garder le territoire le plus intact possible. On ne peut pas revenir sur ce principe. Mais nous pouvons regarder les différentes façons d’atteindre cet objectif. Nous sommes très flexibles à ce niveau », affirme Herb Norwegian.
Mais pour Norwegian, la façon la plus simple d’atteindre cet objectif demeure la mise en application du Plan d’aménagement du territoire Deh Cho, un document adopté en mai 2006 par les Premières nations et élaboré au terme de quelques années de consultation avec les usagers du territoire et d’études de savoir traditionnel. En vertu de ce plan, les Deh Cho seraient gestionnaires ou co-gestionnaires de l’ensemble des terres qu’ils revendiquent et un peu plus de 50 % de leur territoire serait des terres protégées. « Le plan de gestion a été approuvé par les communautés et nous voudrions qu’il soit approuvé par le gouvernement du Canada et le gouvernement des TNO. Mais on dirait que ça se dirige vers une impasse », note le grand chef Norwegian
Plus que les Tlicho
Si le gouvernement du Canada veut retrouver la confiance des Deh Cho, il devrait présenter une offre plus généreuse que celle présentée avant la fin mai, indique le négociateur, George Erasmus. À ce moment, le fédéral offrait aux Deh Cho 39 000 km 2 de terres en possession foncière – soit à peu près 20 % du territoire revendiqué – et 104 millions de dollars sur 15 ans. Cette offre a rapidement été rejetée. En conférence de presse, Herb Norwegian n’a d’ailleurs pas hésité à la qualifier de « scabreuse ».
S’il ne veut pas chiffrer précisément le seuil minimal acceptable pour les Deh Cho, Erasmus est quand même prêt à dire que l’offre devra être supérieure aux 60 000 km2 obtenus par les Tlicho. « Comment pourraient-ils nous offrir moins que les Tlicho quand notre population est plus grande – et la même chose s’applique pour l’argent », affirme le négociateur.