Au rythme où vont les choses, il n’y aura plus de glaces polaires estivale en 2040, avance une étude canado-américaine publiée cette semaine.
C’est un nouveau modèle climatique – encore un ! – développé par des chercheurs du National Center for Atmospheric Research, basé au Colorado, qui permet cette inquiétante prédiction. Selon ce modèle le retrait des glaces arctiques, retrait qu’on observe déjà depuis une vingtaine d’années, s’accélèrera abruptement vers 2025.
« Nous sommes déjà témoins de perte majeures dans le couvert glaciaire, mais notre recherche suggère que les pertes qui auront lieu au courant des les prochaines décennies pourraient être bien plus dramatiques que tout ce que nous avons pu voir à ce jour. Ce sont des changements étonnements rapides », affirme le professeur Marika Holland, l’auteur principal de cette étude.
C’est une sorte de cercle vicieux qui est la cause de cette accélération subite pressentie de la fonte des glaces. La banquise, de par sa couleur blanche, réfléchit en grande partie les rayons de soleil qui la frappe. La couleur foncée de l’océan, à l’inverse, absorbe les rayons du soleil. Donc, plus la banquise fond, plus la chaleur est absorbée et plus la chaleur est absorbée, plus la banquise fond.
« C’est un cycle qui aura des implications majeures pour toute la région arctique », commente le professeur Holland.
Entre autres conséquences, la disparition du couvert glaciaire estival aura des impacts désastreux pour certaines espèces qui vivent sur la banquise comme les ours polaires. Dans l’Arctic Climate Impact Assesment, le document portant sur les changements climatiques dans l’Arctique le plus couramment cité, on indique que les ours polaires ont « très peu de chance de survivre en tant qu’espèce », advenant un retrait total du couvert glaciaire estival. Quand l’Arctic Climate Impact Assesment a été publié, en 2004, l’opinion la plus répandue au sein de la communauté scientifique était que le retrait des glaces estivales se produirait probablement vers l’an 2100.
La fonte des glaces arctiques augmentera aussi le trafic maritime dans la région polaire, notamment avec l’ouverture du Passage du Nord-Ouest.
Le retrait total des glaces polaires peut être retardé si les êtres humains sont prêts à modifier leurs comportements, démontre également l’étude du National Center for Atmospheric Research.
En effet, la prédiction de 2040 suppose que la progression des émissions de gaz à effets de serre se poursuive au même rythme qu’aujourd’hui. Si, cependant, les émissions de ces gaz venaient à diminuer, l’océan Arctique pourrait conserver son manteau de glace plus longtemps.
Quinze autres scénarios ont été testés avec chacun des taux de gaz à effets de serre différents. Ces scénarios démontrent qu’une réduction sensible des émissions de gaz pourrait ralentir significativement le retrait glaciaire. « La société humaine peut toujours minimiser son impact sur les glaces arctiques », affirme Holland.
Par contre, dans aucun des 15 scénarios étudiés, la fonte des glaces arctiques n’a été entièrement freinée, indiquant là que le phénomène est peut-être inexorable.
