le Lundi 28 avril 2025
le Vendredi 22 Décembre 2006 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Un gouvernement sur le banc d’essai

Un gouvernement sur le banc d’essai
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Pour les TNO, le principal dossier de litige avec le gouvernement fédéral est la question du partage des revenus provenant des ressources et son corollaire, la dévolution de pouvoirs similaires aux provinces. Cela fait des années (décennies ?) que le gouvernement territorial tente désespérément de conclure des ententes sur ces questions avec le fédéral, qui repousse sans cesse l’échéance. Sans de telles ententes les redevances perçues sur les ressources extraites dans le Nord aboutissent toutes dans les coffres d’Ottawa, et le gouvernement territorial doit vivre aux crochets du fédéral.

À ce chapitre, on croyait bien que le nouveau gouvernement conservateur serait plus réceptif que les libéraux. Dans son discours de victoire, Stephen Harper n’avait-il pas déclaré qu’il souhaitait que les territoires soient « les premiers bénéficiaires de leurs ressources » ? Ce petit bout de phrase avait suffit à requinquer le premier ministre des TNO, Joe Handley, qui en une soirée est passé du rouge au bleu et claironnait dès le lendemain de l’élection que « nous pourrions bien arriver plus rapidement à une meilleure entente ».

Même le nouveau député de Western Arctic, Dennis Bevington, pourtant à l’opposé des conservateurs sur le spectre politique, croyait à la sincérité de l’équipe Harper. « Le Parti conservateur est beaucoup moins centralisateur que les libéraux. Je pense que ces gens de l’Alberta comprennent la volonté d’autonomie des régions et que les décisions prises à Ottawa ne font pas nécessairement l’affaire partout au Canada », déclarait le néo-démocrate le soir de son triomphe. Mais les choses, finalement, ne se sont pas exactement passées comme ça.

Ce n’est qu’en juin que le gouvernement fédéral a finalement nommé un négociateur, Harvey André. Mais il est encore difficile de savoir si des négociations ont vraiment lieu. Les réponses du premier ministre Handley à ce sujet sont évasives.

« Je pense que nous sommes plus près d’un règlement que nous ne l’avons jamais été », affirmait-il en novembre avant d’ajouter « nous sommes impatients de retourner à la table de négociations », laissant ainsi entendre que les négociations traînent toujours. Dans cette même entrevue, le premier ministre ténois affirmait qu’il ne voyait plus la mise en chantier comme le délais ultime pour conclure une entente.

Majorettes du gazoduc

S’il y a un dossier nordique qui semble tenir à cœur au nouveau gouvernement, c’est bien celui du gazoduc du Mackenzie.

« Nous devenons impatients », affirmait le premier ministre canadien lors de son passage dans la capitale des Territoires du Nord-Ouest. Selon l’expression de Stephen Harper la réalisation du mégaprojet gazier est essentielle au développement du territoire et a le pouvoir de faire des TNO « ce que certains appellent la prochaine Alberta ». Jim Prentice, le ministre des Affaires indiennes et du Nord – qui selon une rumeur pourrait devenir bientôt ministre de l’Environnement – a également, à maintes reprises, signifié son parti pris favorable au gazoduc. Lors de son premier passage à Yellowknife en tant que ministre des Affaires indiennes, Prentice avait déclenché une onde de choc en déclarant qu’il ne comptait pas attendre l’accord des Premières nations du Deh Cho pour autoriser la mise en chantier du pipeline.

Le député de Western Arctic, Dennis Bevington, qui se dit ouvert « en principes » au projet mais qui agit davantage comme s’il y était opposé, a beaucoup critiqué la position du gouvernement fédéral dans le dossier du gazoduc. Dans un mémoire présenté à la Commission d’examen conjoint sur le Projet gazier du Mackenzie, il écrit que le gouvernement se comporte « en majorette » du développement gazier.

Des coupes remarquées

Mais ce qui a surtout attiré l’attention des Ténois sur le gouvernement conservateur, c’est le plan de restructuration budgétaire annoncé à la fin septembre. Ce plan qui visait, selon l’expression du président du Conseil du trésor, John Baird, à « couper dans le gras » se sont traduits par des coupes importantes dans certains services, notamment en alphabétisation.

Ces coupes ont affecté tant les organismes du secteur social que le gouvernement territorial. Certains programmes d’alphabétisation dispensés par le collège Aurora sont menacés de disparition et le Conseil d’alphabétisation des TNO risque de fermer ses portes.

Un fonds de 50 millions de dollars qui était destinés aux négociations sur la dévolution a aussi été sabré par l’austère initiative de John Baird et du ministre des Finances, Jim Flaherty – tous deux des ex-ministres ontariens de l’époque du gouvernement Harris. Les coupes ont touché de les Ténois au pointles convaincre de descendre dans la rue, une rareté. Deux manifestations, dirigées par le chef de la Nation dénée, Bill Erasmus, ont eu lieu au centre-ville de Yellowknife. Particulièrement mécontent du gouvernement conservateur, Erasmus avait déclaré lors d’une rencontre avec le député Bevington que, si le fédéral ne changeait pas d’attitude, les Dénés devraient alors considérer la possibilité de « faire imprimer nos propres passeports ».