Wilbrod et Berthe Bouchard ont déménagé en 1964 à Hay River, lui est arrivé le 12 janvier, et sa femme et ses enfants ont quitté l’Alberta dans le courant de l’année. Venu pour installer un moulin à bois, wilbrod a d’abord commencé à travailler dans les mines de plomb de Pine Point car le projet de moulin n’a pas vu le jour. Par la suite, les Bouchard épaulaient les Canadiens français qui venaient aux territoires couper les lignes de bois des exploitations minières, ils les aidaient pour l’anglais et les procédures.

Mme Bouchard me confie « Ça fait un bout qu’on est ici, et Wilbrod a fait toutes sortes de jobs. Depuis 2 ans et demi, il a trouvé un passe-temps, maintenant, il est là-bas au moins 5 heures par jour. » Là-bas c’est l’atelier de M. Bouchard.

« Un jour, ma sœur m’a ramené une sculpture du BC, en se disant que j’aimerais peut-être ça faire des choses avec des cornes. Comme de raison, j’ai distribué ou vendu plus de 3000 articles depuis ce temps-là » explique l’artisan. Il se procure les panaches grâce à des amis chasseurs qui les lui donnent, ou il en achète aussi parfois, les transactions se montent à 150$ la paire environ.

Des épinglettes aux aimants pour les frigos, en passant par les sculptures, ses créations portent une délicatesse à l’état brut. Wilbrod explique : « J’aime représenter des animaux, je ne suis pas bien bon pour les personnes, et ce que j aime le plus, c’est faire des ours blancs, les poissons et des fleurs. Ce qui fonctionne bien ce sont les Inukshuks ».

La méthode est simple, les panaches sont séchés, découpés à la scie à ruban, poncés, et collés avec de la colle blanche. « J’aime mélanger la provenance des bois, le panache de chevreuil n’a pas la même couleur que celui du caribou, et ça m’aide à apporter des nuances » conclut-il.

Wilbrod est fier d’avoir du « matériel » qui est exporté ailleurs au Canada et dans d’autres pays. Une dame vient en prendre régulièrement pour les vendre dans les villes. Il expose ses créations dans les aéroports, les boutiques de souvenirs de Yellowknife ou Fort Providence, ainsi qu’ailleurs. À Hay River, vous les verrez à la pharmacie et à la boutique de l’hôtel le Ptarmigan.

« L’automne passé, je ne fournissais pas, depuis décembre j’ai rempli quelques boîtes, je me suis fais un peu de stock » avoue M. Bouchard. Eh oui, l’homme qui approche les 80 printemps se prépare pour les jeux olympiques de 2010, mais tout comme mon grand-père qui me le dit à chaque année, Wilbrod ajoute avec humour qu’il ne sait pas s’il passera l’hiver…