Quand j’étais à Yellowknife, il ne se passait pas un budget sans que je ne sois aux premières loges. Non pas que la lecture et l’adoption du budget soit un événement palpitant, mais on ne peut se cacher l’énorme impact que cela peut avoir sur les Nord, son économie et sa société. À vrai dire, c’est toujours un événement platte avec sa profusion de chiffres et de projections financières de toutes sortes.
Dans l’ensemble, les différents gouvernements ont présenté des budgets conservateurs qui dénotent surtout l’énorme dépendance du gouvernement territorial face à la subvention d’Ottawa et à ses paiements de transfert, ce qui représente 70 % de ses revenus : 763 millions de dollars pour la subvention et 93 millions de dollars en paiements de transfert.
Avec un taux perçu de redevance le plus généreux au pays (généreux envers les compagnies, il faut préciser), le fédéral récolterait près de 244 millions de dollars des activités d’extraction des ressources. En lorgnant vers cette maigre pitance, le gouvernement territorial ne peut cacher son jeu. Il devra y avoir un important rajustement de ce taux de taxation pour que les territoires puissent réinvestir dans leur société, dans l’éducation, dans la santé.
Mais c’est là que le problème surgit.
Les gouvernements fédéraux qui se succèdent sont trop copains avec les grands financiers de Calgary et Toronto. Ils ont tout intérêt, alors que les campagnes électorales se tiennent à un rythme quasi-annuel et que les fonds des partis doivent être comblés rapidement, à ne pas irriter les riches de ce monde.
Un transfert du pouvoir de taxation? Je ne crois pas que c’est pour bientôt dans un tel contexte politique où le désir de gouverner le pays prend préséance sur l’avenir financier d’une petite société perdue dans le Grand Nord.