Nouveau-brunswickoise d’origine anglophone, Jennifer Beaulieu qui réside à Hay River depuis 12 ans s’intéresse principalement aux gros titres et aux photos lorsqu’elle feuillette son hebdomadaire francophone.
Devant un exemplaire, Jennifer expose le fait qu’elle ne possède pas les capacités nécessaires de la langue française pour lire en profondeur le journal. « Je regarde essentiellement les photos, je les observe pour voir si je connais quelqu’un de la communauté, je comprends les titres avec leur sens imagé, mais la complexité du langage est trop élevée pour moi, ce qui ne me permet pas de profiter des détails des articles ».
Jennifer est la mère d’une fille de 10 ans qui étudie à l’École Boréale depuis son plus jeune âge. Elle est mariée à un Ténois d’origines cri et francophone. C’est pour faire revivre les différentes cultures de ses origines que la famille Beaulieu a décidé de faire un pas vers la francophonie. « On a inculqué à mon mari l’idée que sa culture ne devait pas être encouragée. Que pour lui l’important était d’être assimilé. Alors l’instauration d’une école regroupant une communauté différente, le support d’un journal sur l’ensemble du territoire, les services qui ne cessent de se développer paraissaient des outils intéressants pour notre évolution. J’aimerais que ma fille puisse avoir un emplois partout où elle le décide, peut être même en Europe, alors j’irais avec elle ».
Établie au TNO depuis 1989, l’infirmière diplômée de l’Université du New Brunswick est d’abord venue pour un contrat d’un an avec Médecins Sans Frontières pour intervenir dans les petites communautés au Nord du Grand lac des Esclaves. Accrochée au partage qu’elle réussissait à établir avec les patients, elle décida de visiter d’autres locations. Après Fort Résolution et Fort Smith, elle déménage à Hay River qu’elle considère comme chez elle maintenant.
« Au fil des années, j’ai découvert les bénéfices du rapport avec d’autres cultures, et de savoir se référer à la sienne aussi. C’est important de savoir qui tu es et d’où tu viens, d’en être fiers, mais d’apprécier les origines des autres aussi », rapporte Jennifer. « Être infirmière, c’est prodiguer des soins à une personne. C’est beaucoup de considération et de respect en même temps. Faire comprendre aux patients que s’ils sont malades, ils ont quand même leur dignité jusqu’au dernier de leur souffle ».
Ce sont tous ces échanges accumulés sur le terrain qui poussent Jennifer à souhaiter qu’un jour, elle parle le français couramment. Justifiant sa nature qui lui oblige d’être immergée complètement dans un projet pour le compléter, elle veut partir un été pour le Québec afin d’embrasser vraiment une langue et sa culture.
BV Jennifer a un but dans la vie, apprendre le français correctement