Deux articles et des thèmes qui se rejoignent se retrouvent dans ce numéro. En page 1, il est question du départ de deux acteurs importants du milieu scolaire francophone, Gérard et Jacques. En page 12, Anik Valcourt évoque la carapace épaisse dont se dotent plusieurs résidents du Nord pour faire face aux présences éphémères de plusieurs francophones du Nord. Je cite un passage de la page 12 : « Les gens se fréquentent aussi sans vraiment se connaître parce qu’ils savent que les gens ne restent pas. »
Ce n’est pas la première fois que j’entends cette remarque. J’en suis même un exemple concret. C’est une ancienne collègue, partie déjà depuis quelques années, qui me faisait ce reproche. Mais ce n’est pas parce qu’on prend conscience d’un défaut qu’il est facile de s’en départir.
J’aimerais bien écrire que j’ai assez d’amis comme ça, mais ce serait un grossier mensonge. On n’a jamais assez d’amis. Non, en vérité c’est qu’en plus de ma timidité naturelle qui fait que je n’approche jamais les gens sauf dans le cadre de mon boulot, il y a toujours cette petite voix qui me dit que ça ne sert à rien d’approfondir une relation puisque ces gens rencontrés au hasard ne seront plus présents dans ma vie d’ici deux ou trois ans. Au diable l’Internet, les courriels et les messageries électroniques qui rendent si facile de garder contact avec ses amis lointains, ce qui était totalement inimaginable il y a à peine 10 ans.
Au crédit des gens du Nord, il faut souligner que ce n’est pas si facile de garder les nouveaux-venus à bonne distance car ils sont parfois coriaces et même sympas. Ça prend tout un arsenal de trucs et d’excuses valables pour les tenir éloignés. Moi, mon truc préféré, c’est de les mettre en contact avec d’autres nouveaux. « Tiens, laisse-moi te présenter à Chose, dont j’essaie de ne pas me souvenir du nom». Il y a aussi la famille. C’est un bon truc ça, la famille! : « Désolez, j’ai quelque chose de prévu avec mon (époux, épouse, enfant)*». Sans oublier l’intangible activité sociale incontournable : « Zut, j’ai déjà un engagement!»
Donc,les nouveaux, avant de nous gronder, songez à tout l’effort qui est investi et reconnaissez notre ingénuité à vous gardez éloignés.
* Cochez la bonne case. Les réponses multiples sont permises et encouragées.