Non, ce n’est pas fini. Cette semaine encore, une série d’audiences techniques de la Commission d’examen conjoint pour le Projet gazier du Mackenzie ont rassemblé quelques dizaines de participants au Tree of Peace de Yellowknife. Au cœur de ces discussions : la surveillance environnementale du projet et les mesures d’atténuation des impacts.
Les promoteurs du projet ont présenté leurs dix ( !) plans de surveillance environnementale. D’abord basées sur l’observation sur le terrain, ces plans, estiment les promoteurs sont conformes aux normes et lois en vigueur au Canada et aux Territoires du Nord-Ouest.
« Nous prenons les engagements nécessaires pour nous conformer aux réglementations existantes, pour appliquer des pratiques industrielles acceptées et pour incorporer des mesures d’atténuation des impacts environnementaux », a assuré le Dr. Alan Kennedy qui s’exprimait au nom d’Imperial Oil et du groupe de promoteurs.
Mais tous ne le voient pas ainsi. Kevin O’Reilly de la coalition Alternatives North trouve les plans présentés par les promoteurs confus et ne saisit pas pourquoi il en faut autant, étant donné que plusieurs de ses plans semblent couvrir les mêmes questions. Embêté par toute cette paperasse, il s’est demandé comment « le gars qui chauffe le Cat dans le trajet du pipeline est supposé savoir lequel des plans il doit suivre pour faire ce qu’il est sensé faire » ?
Il s’agit pour l’instant d’ébauches, a répondu le Dr. Kennedy, et des plans plus précis seront développés en temps et lieu. Ils comprendront alors des méthodes d’application sur le terrain. Il est également prévu, a-t-il ajouté, que le groupe de promoteur embauche « des inspecteurs qui s’assureront que le bon plan est employé au bon moment ».
uelques jours plus tard, le même Kevin O’Reilly a fait une présentation sur le régime réglementaire qui est sensé établir les balises assurant l’innocuité du développement dans le Nord. Si ce régime a quelques failles, ce qui inquiète surtout O’Reilly c’est « qu’il n’y a pas de programme de surveillance » pour assurer que le régime est respecté. Une telle surveillance, a-t-il insisté, devrait être menée par une organisation indépendante.
Il s’est aussi inquiété de l’après-pipeline. En Alberta, a-t-il noté, « Il y a pour environ 10 milliards de dollars en dommages causés par des sites de production d’hydrocarbure non restaurés et tout juste 20 millions de dollars en dépôt de sécurité » pour remédier à ces dégâts. Un interrogatoire des promoteurs a permis d’établir que, à ce stade-ci, aucun plan détaillé n’a été élaboré pour la fermeture du projet gazier.
Et si ça tourne mal?
Pour les Deh Gah Got’ie, les Dénés de Fort Providence, le plus grand risque associé au projet est l’augmentation significative du trafic fluvial durant la période de construction du projet. Plus spécifiquement les Deh Gah Got’ie s’inquiètent que les promoteurs transportent des substances toxiques sur le fleuve Mackenzie.
Que fera le contracteur embauché par les promoteurs si un déversement se produit?, a demandé l’avocate des Premières nations Jennifer Klimek. Elle veut savoir comment les usagers du territoire, comment les pêcheurs, feront pour savoir si un endroit est contaminé
La réponse du Dr. Kennedy déconcerte de simplicité : « l’expérience en Alberta a démontré que lorsqu’il y a un déversement, dès qu’on s’en rend compte, on envoie quelqu’un sur le terrain et, à toutes les personnes qu’il rencontre, il leur dit. » Quod erat demonstrandum !
