La semaine dernière, le ministère de la Santé et des Services sociaux et le Réseau TNO santé en français ont accordé leurs violons en vue d’une amélioration de l’offre de soins en français aux Territoires du Nord-Ouest.
À l’occasion d’un forum sur la santé en français organisé par le Réseau TNO santé en français, un peu plus de 70 personnes de divers horizons ont pu discuter de cette question dans un esprit de concorde. « Une des phrases qui m’a le plus marqué durant ce forum, c’est un participant qui me l’a dite après l’événement : ‘deux monologues, ça ne fait pas toujours un dialogue !’ », raconte le coordonnateur de TNO Santé en français, Jean de Dieu Tuyishime. À l’occasion de ce forum tous les points de vues ont été entendus.
Tuyishime se dit particulièrement satisfait de la présence de plusieurs représentants du ministère et des administrations régionales de Santé. « Mon impression, c’est qu’il y a vraiment de l’ouverture. De voir la présence de ces gens du gouvernement et de voir qu’ils sont sensibilisés à la question de la culture et de la langue dans la santé, c’est très encourageant. »
Durant un échange entre les participants, Jill Christensen, une gestionnaire de la clinique communautaire Great Slave de Yellowknife, a ainsi noté que le fait d’« obtenir des services [de santé] dans votre langue est un défi important, ici comme ailleurs au pays ». Ce défi doit être relevé dans le contexte de la réalité actuelle et des ressources existantes, a précisé celle qui a pu observer de première main le problème que pose la langue en santé en travaillant auprès des immigrants de Yellowknife.
C’est également ce qu’a relevé le directeur général de la Société Santé en Français, le Franco-Manitobain Hubert Gauthier. « Il faut trouver des solutions qui trouvent leur place dans le système actuel, estime-t-il. […] Moi je ne prône pas qu’on fasse du cut and paste. Les solutions du Manitoba ne fonctionneront pas nécessairement aux vôtres. Il faut développer vos propres solutions. »
Et des pistes de solutions, on en a proposé à ce forum. Dans l’immédiat, il semble que la « télé-médecine » soit l’avenue la plus efficace pour augmenter rapidement l’offre de services en français. Il s’agit de faire affaire en direct avec des professionnels de la santé du Sud, via des outils modernes de télécommunication. Cette approche, utilisée ailleurs au pays pour favoriser l’accès à des soins de santé en région éloigné, a l’avantage de permettre d’offrir des services sans nécessairement embaucher du nouveau personnel.
« Ce n’est pas une panacée. Ce n’est pas non plus usuel pour les gens de travailler avec les machines. Mais il faut travailler avec les ressources existantes », a noté à ce sujet Thérèse Boutin, une conseillère en communication ayant préparé un rapport sur la santé en français aux TNO.
Jean de Dieu Tuyishime annonce qu’un projet pilote de télé-médecine visant à jumeler la clinique francophone Saint-Thomas d’Edmonton à la clinique communautaire Great Slave est en voie d’être élaboré. Le projet, pour l’instant au stade embryonnaire, a été proposé au forum.
Autre piste de solution retenue : élaborer un répertoire des professionnels de la santé pouvant offrir des services en français. Cette approche avait déjà été tentée mais les initiateurs du projet avaient alors dû renoncer, s’étant butés à une forte résistance de la part des instances gouvernementales. Or, suite au forum, cette idée semble tout à coup plaire à tout le monde.
« Il n’y a pas eu d’engagements formels, mais des portes se sont ouvertes », s’enthousiasme Jean de Dieu Tuyishime qui, après avoir donné tant de soins à l’arbrisseau, s’émeut de voir éclore les premiers bourgeons.
À croire que, depuis tout ce temps, il suffisait de se parler pour se comprendre.