Son combat est loin d’être terminé, mais Sheila Watt-Cloutier garde espoir que les choses finiront par changer un jour.
Invitée d’honneur lors de la journée de clôture de la Conférence nationale des droits de la personne qui se déroulait du 17 au 19 juin à Yellowknife, Sheila Watt-Cloutier a raconté à un auditoire très attentif d’environ 150 délégués ses multiples démarches de conscientisation par rapport aux impacts des changements climatiques sur les communautés nordiques.
Celle qui a été présidente internationale de la Conférence circumpolaire inuit de 2002 à 2006 a indiqué que de nombreux enjeux sont en cause pour les peuples autochtones du Nord comme le droit à la vie, les moyens de subsistance, la préservation de la santé, la culture et le droit à la propriété et l’utilisation des terres traditionnelles.
Mme Watt-Cloutier qui a notamment fait beaucoup d’exposés aux États-Unis a expliqué qu’il y a un très grand travail d’éducation à faire auprès de la population en général qui ignore toutes ces réalités autochtones du Grand nord.
« J’étais à une conférence de presse à Washington et un jeune homme m’a demandé s’il ne serait pas mieux que les Inuits abandonnent tout simplement leur mode de vie inutile qui ne veut plus rien dire de toute façon pour devenir des ingénieurs par exemple », a raconté Mme Watt-Cloutier pour illustrer l’ampleur du travail de sensibilisation qu’il reste à faire.
Malgré cela, la dame originaire de Kuujjuaq, au Nunavik, souligne que les gens qui assistent à ses représentations sont très réceptifs. « Le changement de perception que j’ai vu des citoyens d’Amérique du Nord est immense dans le sens qu’ils sont beaucoup plus déterminés qu’auparavant à trouver des énergies alternatives et essaient de trouver des solutions »
Elle espère maintenant que les autorités gouvernementales en fassent autant, mais elle a confié à L’Aquilon ne pas se faire d’illusion autant du côté américain que canadien. Du moins, il faudra attendre un changement de gouvernement avant d’espérer des résultats, a précisé celle qui a louangé Stéphane Dion pour ses initiatives du temps qu’il était ministre de l’Environnement.
La cause avant les honneurs
Mme Watt-Cloutier a été lauréate de nombreux prix et honneurs nationaux et internationaux au cours des dernières années, le plus récent étant une nomination au prix Nobel de la paix qui sera décerné en octobre prochain. L’ancien candidat à la présidence américaine Al Gore est aussi en nomination.
La candidate ne retire pas de ces actes de reconnaissance une grande satisfaction personnelle, mais plutôt une occasion de faire avancer sa cause. « Lorsque je reçois un honneur, je suis heureuse car ça veut dire que je place le sujet sur la carte. C’est ça qui est le plus important pour moi », a-t-elle révélé.
Répondant à une question de l’auditoire sur l’impact du développement des ressources du Grand nord canadien sur les communautés autochtones établies, la résidente d’Iqaluit, au Nunavut, a tenu des propos nuancés.
« J’ai une perspective d’un développement durable et équilibré, a-t-elle d’abord indiqué. Au lieu de simplement dire si on devrait aller de l’avant avec ci ou ça, de développer les ressources ou pas, je pense qu’il faut un plus grand dialogue. De savoir ce qu’on veut créer et ce qu’on veut laisser pour les générations futures »
Par exemple, Sheila Watt-Cloutier n’a pas voulu se prononcer pour ou contre le projet de gazoduc dans le delta du Mackenzie. « Je n’en sais pas assez sur les détails du projet. Je sais qu’il y a beaucoup d’acteurs impliqués dans la région et j’ose espérer qu’ils vont essayer de trouver le meilleur équilibre possible », a-t-elle dit.
