Les géants du pétrole Imperial Oil et ExxonMobil Canada ont obtenu un permis de prospection de 585 millions $ dans une parcelle de la mer de Beaufort suite à la conclusion, le 17 juillet dernier, de la période des appels d’offres du gouvernement fédéral. Mais selon Gordon Wong, porte-parole d’Imperial Oil, il n’y a aucun lien à faire entre cette annonce et le projet de gazoduc du Mackenzie.
« Ce sont des dossiers séparés et indépendants », a-t-il affirmé, lors d’une entrevue téléphonique. Le porte-parole a aussi refusé de dire si une éventuelle découverte de gaz naturel dans ce nouveau site d’exploration pourrait être acheminée au sud par un futur gazoduc dans la vallée du Mackenzie.
« Ce ne sont que des spéculations, s’est-il contenté de répondre. Nous ne savons même pas si nous allons trouver quelque chose dans ce secteur ». M. Wong ajoute qu’une décision finale quant à la réalisation du gazoduc évalué à 16 milliards $ n’a même pas encore été prise, les dirigeants d’Imperial Oil voulant attendre la fin de tout le processus des audiences publiques en environnement avant de se prononcer.
Pour revenir au permis d’exploration, l’entente prévoit une participation conjointe de 50 % de chaque pétrolière dans cette parcelle de 205 000 hectares, située à 120 kilomètres au nord du Delta du Mackenzie.
Richard Casey, gestionnaire des terres foncières au ministère des Affaires indiennes et du Nord, indique que Imperial Oil et ExxonMobil Canada devront investir au minimum 146 millions $ dans l’exploration du secteur, soit le quart du montant total de l’offre de départ. Ce montant se trouve d’ailleurs déjà dans les coffres du ministère sous forme de dépôt garanti et sera remboursé au fur et à mesure que les deux compagnies pétrolières investiront dans le projet.
M. Casey admet que le gouvernement fédéral pourrait engranger comme revenu une partie du dépôt de 146 millions $ si le groupe pétrolier décidait, pour une raison ou une autre, d’arrêter ses travaux d’exploration.
Si ce scénario se produisait, le gestionnaire confirme que le gouvernement territorial ne pourrait pas bénéficier d’une partie de ce revenu. « Comme ce dossier est de compétence fédérale, ça demeurerait dans les coffres du gouvernement fédéral. Ce n’est pas inclus dans les calculs de transferts faits aux territoires », a-t-il expliqué.
Le ministre Bell très excité
Le ministre de l’Industrie, du Tourisme et de l’Investissement des TNO, Brendan Bell, s’est dit très excité par l’octroi de ce permis de prospection dans la mer de Beaufort, le plus important financièrement jamais accordé dans le Nord du Canada. Selon lui, c’est toute la population des TNO qui est gagnante lorsque des investissements d’une telle ampleur sont annoncés dans la région.
M. Bell ajoute que cet intérêt grandissant des compagnies pétrolières pour l’exploration dans la mer de Beaufort est une preuve du très grand potentiel pétrolier des TNO et démontre l’importance de la réalisation du projet de gazoduc du Mackenzie.
Questionné à savoir si de telles annonces ne profitaient pas plus au fédéral qu’au territorial alors qu’une entente sur la dévolution se fait toujours attendre, le ministre n’a pas voulu mélanger les dossiers. « Nous travaillons fort pour la dévolution et les négociations avec le gouvernement fédéral se poursuivent. Mais d’ici là, il faut se réjouir lorsque des investissements d’une telle importance sont faits dans la région », a-t-il signalé.
Les détails à venir
Le représentant d’Imperial Oil, Gordon Wong, n’a pas été en mesure de donner des détails sur le permis d’exploration nouvellement obtenu comme le moment du début des travaux ou la provenance de la main-d’oeuvre.
« C’est encore trop tôt. Il reste beaucoup de planifications à faire. Il ne faut pas oublier que nous venons tout juste d’apprendre que c’est notre offre qui a été retenue», a-t-il souligné.
Richard Casey explique que le consortium à cinq ans pour entamer des travaux dans la parcelle récemment accordée. « Ils devront faire au moins un forage avant la fin de la première période de cinq ans. Si aucun puit n’a été foré à la fin de la première période, ils devront rendre ces terres à la couronne », a-t-il affirmé.
Deux autres permis de prospection ont été accordés la semaine dernière suite à la fin de la période annuelle d’appel d’offre du ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien. ConocoPhillips a obtenu pour un peu plus de 12 millions $ un droit d’exploitation dans une parcelle d’une centaine d’hectares sur la côte près de Tuktoyaktuk alors que Chevron a acquis pour un million $ une superficie similaire un peu plus à l’ouest dans le même secteur. Les permis de prospection sont systématiquement accordés au groupe le plus offrant.