le Mercredi 30 avril 2025
le Vendredi 12 octobre 2007 0:00 | mis à jour le 20 mars 2025 10:36 Politique

Un gendarme de Hay River est abattu Un meurtre blesse toute une communauté

Un gendarme de Hay River est abattu Un meurtre blesse toute une communauté
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Le samedi 6 octobre au matin, l’agent Christopher Worden, 30 ans, a été trouvé mort à Hay River. Le gendarme de la gendarmerie royale du Canada (GRC) en fonction dans le Nord depuis 2002 était intervenu seul avant l’aube aux environs de l’hôpital de la ville pour répondre à une plainte résidentielle. Pendant les jours qui ont suivi cette tragédie sans précédent aux TNO, la communauté a vécu au rythme de l’enquête et des questionnements.

Selon les sources de la GRC, c’est à 4 h 58 qu’un appel d’aide en provenance de Hay River a été enregistré à Yellowknife. À 5 h 03, l’agent Worden a été assigné à cette plainte. Le contact radio avec le gendarme a été perdu après qu’il ait avisé de son intention d’entrer à l’adresse concernée. Plus tard, d’autres gendarmes du même détachement se sont rendus sur place pour découvrir, après de longues recherches, le corps inanimé de leur collègue dans un boisé avoisinant. Les opérations d’urgence de la division ont été immédiatement déployées et le périmètre entourant le crime a été sécurisé. Dans la journée, des équipes spécialisées provenant de Yellowknife et de l’Alberta ont été déployées en ville pour faire avancer l’enquête. Dès le lendemain, un suspect a été identifié et un avis de recherche a été lancé le soir même contre un individu de 23 ans, Emrah Bulatci, pour meurtre au premier degré. Déjà, les enquêteurs croyaient que l’individu originaire de l’Alberta, blond aux yeux bleus, avait quitté la ville, laissant derrière lui une communauté désemparée, mais sans menace immédiate pour sa sécurité.

Un témoin interrogé par la police et qui a voulu garder l’anonymat a dévoilé à L’Aquilon que le criminel a été plus d’une semaine à Hay River avant l’incident. Cette personne a aussi attesté que la maison où l’agent est intervenu était un repaire connu de narcotiques. Présente sur les lieux de l’intervention, cette personne assure qu’elle a vu le gardien de la paix courir après un individu juste avant d’entendre des coups de feu.

La famille, les amis et la communauté sous le choc

L’officier Worden était le père d’une fille de quelques mois. Sa veuve, Jodie Worden a déclaré aux médias, que Christopher disait souvent qu’il n’y a rien d’autre qu’il aimerait faire à part d’être dans la GRC. Elle a débuté sa déclaration en remerciant la communauté de Hay River en son nom et celui de sa fille pour le support qu’elles ont reçu et a assuré que cela démontrait comment Christopher avait non seulement touché leur vie à la maison, mais aussi la vie des résidents qu’il protégeait.

Jessica King une résidente de Hay River et fille d’un agent de la GRC maintenant retraité, explique que tout de suite après l’annonce de l’incident, elle a reçu des appels. «Tout d’abord, dit-elle, c’est mon père qui voulait savoir si j’étais correct et comment j’avais réagi face à la nouvelle. Puis ce sont des femmes de gendarme qui me demandaient si cela m’avait remémoré la mort d’autres agents et si j’avais pensé que ça aurait pu m’arriver durant mon enfance. Je sais que plusieurs femmes ont offert un support remarquable à Jodie Worden. Et que pour un incident comme celui-ci, c’est une grande famille qui est en deuil.» Pour Mme King, cette tragédie a complètement bouleversé la petite ville de moins de 4000 habitants. « C’est arrivé pendant la longue fin de semaine, tout était fermé et tout le monde était sous le choc. On dirait que depuis que le travail a recommencé, la tragédie s’est arrêtée là. Mais la blessure est bien présente et ce ne sera pas fini tant et aussi longtemps que le suspect ne soit pas appréhendé », conclut-elle.

Un autre résident de Hay River qui habite non loin de la scène du crime et qui était absent lors de ce congé d’octobre explique la sensation de colère qu’il a ressentie. « Nous avons appris cela en chemin, dit Ronald Karp. J’étais très en colère que cela ait pu arrivé dans notre ville. Il n’y avait aucune raison pour qu’une communauté de cette taille où tout le monde connaît tout le monde soit dépassée avec de tels événements. Ensuite c’est de la peur qui s’est installée, car si cet homme a pu tuer un agent de la paix, il n’a plus aucun respect pour la vie. N’étant pas sur place, nous nous demandions si le fugitif n’était pas caché dans notre maison. Maintenant je regarde les solutions pour ne plus que cela arrive et je ne sais pas qu’elle peut être la réponse. Je suis conseiller à la ville de Hay River, et cela fait plusieurs fois que je défends un projet de caméra de surveillance pour analyser le trafic à l’entrée de la ville. Car malheureusement, ces gens profitent que les gens dorment pour faire leur vie sans inquiétude ». Ronald espère que la communauté pourra faire quelque chose pour débarrasser cette ville de la drogue, mais selon lui ces espoirs sont minimes et prédit un peu par dépit que dans quelques mois, cette maison sera de nouveau en service et que d’autres trafiquants seront en place.

Parmi les initiatives offertes à la communauté pour surmonter les conséquences de la tragédie, la GRC est intervenue lundi dernier, auprès de plusieurs enseignants et directeurs des écoles de Hay River pour clarifier les faits et faire cesser les rumeurs qui n’ont fait que courir pendant la fin de semaine. Les enseignants et les membres du personnel des écoles ont pu recevoir les services d’intervenants pour les aider à aborder le sujet avec les enfants.

Les funérailles de Chistopher Worden auront lieu ce lundi 15 octobre à Ottawa.