Des leaders autochtones du Nord comme Nellie Cournoyea et Fred Carmichael n’y sont pas allés de main morte lors des audiences publiques de la fin novembre et ont invité les opposants au Projet de gazoduc du MacKenzie en provenance du Sud de retourner dans leurs condos de Vancouver et d’Ottawa s’occuper de leurs affaires.
« Je suis abasourdi, choqué et frustré par le nombre d’intervenants du Sud du Canada qui essaient de dicter ce qui est le mieux pour nos peuples, nos terres et notre futur. Ces intervenants n’habitent pas ici et, pour la plupart, n’y habiteront jamais. Je leur dis: Retournez chez vous et occupez-vous des gâchis environnementaux que vous avez créés dans votre propre cour », a déclaré Fred Carmichael devant le Comité d’examen conjoint. Ce dernier représentait le Gwich’in Tribal Council, un intervenant en faveur du projet.
Nellie Cournoyea, présidente de la Inuvialuit Regional Corporation, a tenu des propos similaires devant les sept membres du Comité. « Nous vous encourageons à considérer les paroles de ceux qui habitent les terres traditionnelles et qui vont vivre avec les conséquences pour les générations à venir plutôt que ceux qui vont retourner dans leurs condos de Vancouver et d’Ottawa », a-t-elle indiqué.
Le représentant du Aboriginal Pipeline Group, qui détiendrait 33 % du gazoduc sous le projet actuel, a pour sa part signalé que la recréation avait assez duré. « Nos actionnaires nous disent qu’assez, c’est assez! Il est maintenant temps de faire le travail. Nous exigeons que le Comité d’examen conjoint produise son rapport de façon expéditive en espérant que ça compense pour le temps perdu et devancer de façon significative la date de la décision finale », a lancé Bob Reid.
Randy Otterbreit, d’Imperial Oil, a ajouté que le projet avait suffisamment été étudié. « Plus de 11 000 pages de transcripts, 115 jours d’audiences dans 26 communautés témoignent de l’opportunité que tous les partis […] ont eu pour exprimer leurs visions sur le projet », a-t-il soutenu.
Mais des groupes écologistes comme Alternative North estiment que bien des questions restent sans réponse. « Nous croyons fermement que le Comité n’a pas eu toute l’information nécessaire pour remplir adéquatement son mandat », a avancé la porte-parole Shelagh Montgomery.
Elle a aussi dénoncé les conclusions des promoteurs du projet. « Nous trouvons déconcertant que, après des mois d’audiences, les promoteurs peuvent encore dire ouvertement et l’esprit tranquille que le Projet ne causera seulement que des impacts négatifs minimes », a-t-elle soulevé.
De son côté, l’ancien premier ministre des TNO, Stephen Kakfwi a dit que des dossiers comme les revendications territoriales du Deh Cho et la Stratégie des aires protégées doivent être réglés avant d’approuver le projet. Il a d’ailleurs invité Nellie Cournoyea et Fred Carmichael à venir avec lui faire du lobbying à Ottawa pour régler ces dossiers.
Au total, 21 intervenants en plus du consortium de pétrolières ont fait des remarques finales lors des audiences de fin novembre à Inuvik. Cette récente session a conclu un exercice qui avait été entamé en février 2006. Le Comité d’examen conjoint devrait émettre ses recommandations à l’Office national de l’énergie vers le début de l’été 2008.
