Le centre scolaire communautaire, tel qu’envisagé par la Fédération franco-ténoise (FFT) et son réseau associatif, pourrait ne pas avoir la même ampleur dans la phase 2 de l’agrandissement de l’école Allain St-Cyr. Du moins, le ministère de l’Éducation, via son consultant Don Kindt, demande à la communauté francophone de fixer des priorités sur ce qui avait initialement été demandé.
En effet, dans une lettre envoyée aux différents intervenants communautaires impliqués dans le projet, M. Kindt avise qu’il sera important que le réseau associatif franco-ténois arrive à la rencontre consultative du 17 janvier prochain avec des priorités clairement identifiées tout en ajoutant que Patrimoine canadien et le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) ont certaines contraintes en terme de financement.
« Il est possible d’examiner la répartition d’espaces additionnels au volet communautaire outre ce qui est déjà prévu à la phase 2 ou suite à un éventuel agrandissement à la phase 2. Pour que cela se réalise, il faudra établir des priorités claires ou parvenir à un consensus », peut-on lire dans la lettre datée du 12 décembre.
La phase 2 de l’agrandissement de l’école Allain St-Cyr, selon les documents présentés par M. Kindt, prévoit actuellement un gymnase avec toilettes et vestiaires, trois salles de classe et des espaces additionnels pour l’administration et l’aide à l’apprentissage. Le consultant a aussi identifié trois aspects qui répondraient au volet communautaire dans le projet jusqu’à maintenant, soit le gymnase qui servirait aussi de salle communautaire, la salle pour les cours d’économie domestique qui pourrait aussi constituer une cuisine communautaire et une salle de classe qui serait destinée à des cours aux adultes.
Les bureaux, salles de conférences, salles d’archives et des autres espaces pour les opérations de la FFT, l’AFCY, Radio Taïga et L’Aquilon demandés dans le rapport du consultant Marquis Bureau, déposé au GTNO en juillet dernier, sont mentionnés dans le document de Kindt, mais ne semble pas faire partie intégrante de la phase 2 pour l’instant.
Contacté par L’Aquilon, le consultant a justement indiqué que la rencontre de janvier visera à établir les priorités parmi la liste des demandes du secteur communautaire. « [Le GTNO] m’a demandé d’aider à identifier quels espaces additionnels pourraient aller avec la phase 2 sachant qu’il y a des restrictions », a affirmé M. Kindt.
Il reste cependant prudent dans ses propos lorsqu’on lui demande si cette démarche n’est pas un signe que la requête initiale de la FFT et de son réseau ne sera pas retenue. « Ma compréhension de la position du gouvernement est qu’il pourrait ne pas être possible de tout faire ce qui est prévu dans la phase 2. […] Donc, en quelque sorte, je demande aux gens [du secteur communautaire]: Si ça n’arrive pas tout en même temps, quelles sont vos priorités? », a répondu le consultant.
Don Morrison, directeur des opérations et du développement au ministère de l’Éducation, tient sensiblement le même discours en affirmant que cette consultation de M. Kindt se veut un exercice préventif dans le scénario où les fonds provenant du fédéral et du territorial ne seraient pas suffisants pour répondre à tous les besoins en espace du secteur communautaire.
Pas question pour lui de dire que le projet présenté dans le rapport de Marquis Bureau sera exclu de la phase 2. « Ça va dépendre des négociations avec Patrimoine Canadien et combien de financement ils pourront fournir et combien de financement le GTNO pourra fournir. […] Et quand tu regardes les fonds disponibles, tu peux ensuite prendre une décision sur ce qui sera inclus et sur ce qui sera exclu », a-t-il simplement commenté.
Vers une phase 3?
Le président de la Commission scolaire francophone (CSF), André Légaré, appuie la présence d’un volet communautaire dans le projet, mais répète que la priorité de la CSF est de répondre aux besoins criants de l’école.
« Nous, ce qu’on dit, c’est que la priorité est en fonction des jeunes et de l’école. Il est évident que certains espaces de cette école auront des objectifs communautaires également, mais il ne faut pas non plus perturber l’horaire pour avoir, par exemple, un gymnase qui serait une fois et demi plus grand que ce qu’on avait prévu, pour qu’on fasse des réceptions à 150 personnes. Ce n’est pas nécessairement quelque chose sur laquelle on serait confortables », a-t-il déclaré.
Dans cette optique, M. Légaré croit que les chances de réalisation de la phase 2 seront meilleures si les demandes de la part du secteur communautaire demeurent réalistes. « La pensée du gouvernement et la pensée de Don Kindt dans ce dossier […] est que la phase pourrait aller de l’avant assez rapidement en autant qu’on s’en tienne à des chiffres et un plan qui ont déjà été établis », a-t-il dit.
Ce dernier espère que le GTNO donne le feu vert à ce nouvel agrandissement de l’école en mars lors du dépôt du budget sur les infrastructures afin que la phase 2 soit complétée pour 2009 ou le début 2010.
Le président de la CSF a aussi parlé d’un scénario de phase 3 d’agrandissement pour répondre aux besoins communautaires non comblés dans la phase 2. « À prime abord, le message qu’on a reçu du ministère et de Don Kindt semble se diriger [vers] une phase 2 où l’accent serait d’abord et avant tout sur l’élément scolaire et pallierait au problème actuel qui est urgent et qu’il faut régler dans les plus brefs délais. Et il n’est pas dit qu’il n’y aura pas éventuellement une phase 3 qui, elle, s’adresserait davantage aux demandes des communautés et au fameux plan de Marquis Bureau »
Don Kindt a d’ailleurs lui aussi fait allusion à cette possibilité de phase 3 lors de son entrevue avec L’Aquilon.
Le président de la FFT, Fernand Denault, n’est pas du tout intéressé par cette possibilité. « La solution n’est pas dans une phase 3 un peu imaginaire dans un futur qui appartiendra à 3 ou 4 générations », a-t-il avancé.
« Notre position est que tout doit être inclus dans la phase 2, a-t-il poursuivi Le timing est bon. C’est une opportunité en or pour que le gouvernement territorial collabore avec le gouvernement fédéral au bénéfice de services accrus à la communauté francophone ».
M. Denault ajoute que le projet de centre scolaire communautaire, tel que présenté dans le rapport du consultant Bureau, est un bon véhicule pour outiller et livrer des services à la communauté francophone et cadre ainsi parfaitement avec le mandat de Patrimoine canadien.
Il prévient aussi que l’exercice de consultation avec Don Kindt n’a pas encore eu lieu et que, par conséquent, il ne faut pas sauter trop vite aux conclusions. Il ajoute que les consultations entre la FFT et son réseau associatif se poursuivent en vue de la rencontre du 17 janvier.
Concernant la démarche de Don Kindt, qui a demandé au secteur communautaire d’identifier des priorités, le président de la FFT n’a pas voulu en faire un grand cas. « Un consultant est mandaté pour faciliter et aider dans les points techniques. Les consultants ne sont jamais mandatés pour prendre des décisions politiques. C’est un technicien et ça se limite à ça », a-t-il raconté.
