Once upon a time… Il faut bien être une monitrice de français et écrire dans un journal francophone pour commencer un texte en anglais. Je suis monitrice de français pour la commission scolaire South Slave de Fort Smith et je me produis tous les jours de semaine à l’école primaire Joseph Burr Tyrrell. J’enseigne à des élèves, que j’appelle maintenant mes petits prodiges, de la maternelle à la sixième année en français de base.
Après avoir suivi un cours sur les anglicismes au Québec, je remercie par le fait même monsieur Jean Forest, j’ai découvert que notre langue française était truffée de mot anglais dont nous n’avions point idée que leurs origines puissent en être ainsi. L’anglicisation est de plus en plus présente. C’est à nous natif de langue française de parvenir à garder notre langue française si belle et si harmonieuse.
Mon opinion pourrait être fort disparate sur ce sujet. En tant que monitrice de français dans une école primaire, je me sens de droit de défendre ma langue première et par le fait même apporter cet amour que j’ai pour celle-ci aux yeux de mes jeunes prodiges qui, je le sais maintenant, sont rendus follement amoureux, non pas de moi, de cette langue si belle et si musicale.
Mon but premier en venant à Fort Smith était d’enseigner le français, mais je dois dire que le fait de perfectionner ma langue seconde jouait en faveur d’un endroit à concentration anglophone. Je me sens comme sur une lame à double tranchant. Suis-je une vraie de vraie langagière de langue française ou suis-je en train de devenir anglicisé?
J’ai la chance de croiser à Fort Smith de nombreuses personnes qui me disent qu’ils ont des parents qui parlent français ou voir même qu’ils parlent français eux-mêmes. Alors pourquoi quand je les croise me parlent-ils en anglais? Sont-ils si peu fiers de leurs racines pour ainsi se voir vaincu par ce fléau de la langue anglaise? Serait-ce l’anglicisation ne nos confrères qui donne de plus en plus à la langue française sa piètre connotation?
L’assimilation de mes confrères ne m’empêche pas de continuer mon travail de monitrice de langue française. Quand je me suis inscrite au programme de moniteur de langue je me suis dis pourquoi pas aller dans le Nord, le vrai de vrai Nord, j’ai rien à perdre. Ma première réflexion a été de me demander où je voulais vraiment aller. Je me suis dis que si je n’allais pas dans le Nord pour partager ma passion pour la langue française je n’irais jamais. À peine ma demande complétée, je me lançais déjà à l’aventure, je dois dire que les idées pullulaient dans ma tête. Je m’en allais enseigner le français à des anglophones pendant neuf mois, quelle belle aventure. J’allais voir du pays, acquérir une expérience en béton, m’amuser avec les jeunes, remplir mon compte en banque et en plus perfectionner mon anglais… quoi demander de mieux!
Je dois vous dire qu’il n’y a rien de mieux. Je vis mon expérience à fond et je suis totalement fière de ce petit coin de pays qui maintenant est le mien. Charmante petite communauté chaleureuse qui m’a accueilli dans son école primaire pour que je puisse, par mon savoir, charmer les élèves pour ainsi les envoûter et leur faire apprécier la douce sonorité de la langue française. J’aime voir les étincelles de leurs yeux se refléter dans les miens parce qu’ensemble nous formons une bonne équipe.
Anglicisation ou pas je m’avoue vaincu par la beauté et les gens du Nord francophone autant qu’anglophone. Mon expérience aura des répercussions sur le reste de ma vie et qui sait peut-être mon joli petit minois reviendra se laisser charmer par les habitants du Nord encore une fois. C’est une histoire à suivre…
… ils vécurent heureux et eurent beaucoup d`enfants bilingues.
